San Fermin / Ellis Ludwig-Leone : Le prodige de Brooklyn
Musique

San Fermin / Ellis Ludwig-Leone : Le prodige de Brooklyn

Il n’a que 26 ans, mais il a déjà composé la musique pour cinq ballets de Troy Schumacher en plus d’avoir récemment complété une résidence au Alabama Symphony. Ellis Ludwig-Leone jongle entre classique et indie rock avec une aisance désarmante. Entrevue avec un artiste génial et ouvert.

Le C.V. du new-yorkais Ellis Ludwig-Leone impressionne, c’est indéniable. Diplômé de Yale en composition classique, le claviériste et créateur des chansons de San Fermin est à la fois techniquement irréprochable et inspiré. « J’ai aussi étudié le piano classique quand j’étais enfant. J’ai définitivement un certain background là-dedans, mais je ne pense pas que j’y suis strictement cantonné. […] La formation classique m’a fait comprendre comment la musique fonctionne au sens large. Comment on fait pour assembler une pièce et comprendre les harmonies. »

Formé de huit instrumentalistes, le groupe San Fermin a deux albums à son actif depuis sa formation à la fin de 2012. Trente-deux chansons denses et élégantes comme on en voit somme toute assez rarement en pop rock. D’ailleurs, l’expression (ou étiquette) « baroque pop » a été utilisée par pas mal de critiques spécialisées pour décrire son travail. Idem pour les contributeurs à sa page Wikipédia. « Les gens peuvent catégoriser ma musique avec les mots qu’ils veulent, mais ça, pour moi, ça sonne un peu exagéré. Je pense que baroque pop sonne un peu trop précieux et ce n’est quand même pas de la musique de chambre! C’est définitivement de la musique rock. Quand les gens me le demandent, je dis seulement que je fais de l’indie rock. »

N’empêche, cette musique-là a quelque chose de sombre et romantique à la fois. Dis-moi Ellis, est-ce que tu as justement le souci de créer quelque chose d’intemporel?  « Je mentirais si je disais que je ne pense pas à ça. La musique que je préfère est vraiment vieille. C’est important pour moi que la musique que j’écris soit encore accessible dans 50 ans. Ce qui m’importe aussi, et plus que tout, c’est d’essayer de créer quelque chose d’honnête pour moi en ce moment. Mon but est de créer de la musique qui va traverser le temps. »

 

Une vieille âme

On a tous l’image d’un genre d’André Mathieu torturé, du compositeur qui se terre dans son studio, qui a peur de monter sur scène ou quelque chose du genre. Or, Ellis Ludwig-Leone n’a rien de l’ermite caricatural.  En fait, il adore la vie de tournée. « Je trouve ça vraiment gratifiant d’aller à la rencontre des gens qui écoutent cette musique. Ça me rappelle que des gens sont touchés par ce que je fais. C’est, en grande partie, la raison qui me pousse à continuer!»

Accompagné de deux chanteurs, d’une violoniste, d’un guitariste, d’un batteur et de deux joueurs de cuivres, le chef de l’orchestre sillonne les routes d’Europe et d’Amérique du Nord tout l’automne. Le défi de recréer le « gros son » de l’album homonyme et Jackrabbit est réel et il choisit de le relever sans ordinateur ni pads. Tout ce qu’on entend en concert, ce sont des instruments organiques. Une rareté de nos jours, il va s’en dire. « J’ai, en quelque sorte, ré-orchestré toutes les chansons Je les aie réarrangées pour huit musiciens. C’est vraiment un show énergique. Parfois, lorsqu’on joue sur une petite scène comme ce sera le cas à Québec, on finit par se donner des coups de coude, mais ça fait un bon spectacle! »

 

MONTRÉAL: 6 décembre à 20h30 (Sala Rossa)

QUÉBEC: 7 décembre à 20h30 (L’Anti)