Chris Isaak : Bien vieillir
Musique

Chris Isaak : Bien vieillir

Le chanteur américain Chris Isaak est de retour avec un treizième album studio, First Comes the Night.

«Y a personne qui sait ça, mais j’ai de la famille canadienne. Mon arrière-grand-père était, je crois, de la Saskatchewan. Quand j’étais enfant, mes grands-parents sont allés visiter la famille et m’ont rapporté un petit canif avec le mot « Canada » inscrit dessus. J’ai fait: « Woaaah! ». Le Canada, si exotique!»

Ces temps-ci, Chris Isaak passe ses journées à Sydney, bien occupé à chauffer son siège de coach à l’émission télévisée X Factor Australia en plus de faire la promotion de son treizième album, First Comes the Night. Pendant notre conversation d’une quinzaine de minutes, le crooner américain répétera que l’expérience de création de ce disque a été avant tout amusante. «Bien des gens m’ont raconté leurs expériences épouvantables d’enregistrement d’album, mais moi j’ai toujours eu du fun», dit-il.

Mais ça n’a pas été que plaisanteries. Son treizième album, enregistré à Nashville, comporte des chansons d’amour – comme il le fait si bien depuis la sublime chanson qui l’a révélé, Wicked Game –, mais l’une d’entre elles, à propos du deuil, est fort importante aux yeux de M. Isaak. «Some Days Are Harder Than the Rest est sans doute ma préférée sur le disque à plusieurs égards. Je tentais d’écrire à propos de la mort de mon père et à ma mère qui devait refaire sa vie après lui. Je me suis mis à penser aux gens qui perdent leur amant. J’ai tenté de mettre en mots l’idée suivante: j’aimerais être la personne qui est partie et c’est toi qui dois faire face à ma mort parce que c’est trop difficile pour moi.» «It should be you that sings this song / You were always were the stronger one», y chante-t-il, de la voix grave qu’on lui connaît. Chris Isaak poursuit: «Ça m’arrive d’avoir des idées comme celle-ci et je sais très bien que le résultat ne sera pas nécessairement une chanson populaire. Mais il faut tout de même s’investir dans l’écriture.»

Sur Perfect Lover, on entend dans son interprétation une influence récurrente dans la carrière de Chris Isaak, Roy Orbison. Le chanteur y a aussi ajouté une touche de ABBA, croyez-le ou non. «J’ai découvert dans un livre sur le groupe que l’une des chanteuses était une grande fan de Connie Francis et je l’ai remarqué quand j’ai écouté la chanson I Do I Do I Do. Quand j’y pensais, j’entendais les arrangements gros et riches. J’aime que ABBA ait une bonne mélodie avec un super gros arrangement pop. J’ai donc fait une chanson « orbisonesque » avec des arrangements un peu plus gros, comme le ferait ABBA.»

À Roy Orbison s’ajoutent bien sûr les grands chanteurs Dean Martin, Bing Crosby et Elvis Presley à titre d’influences pour Chris Isaak. Il a d’ailleurs repris quelques pièces de ce dernier sur son disque précédent, Beyond the Sun. Sur son nouvel album, on entend le fantôme d’Elvis sur Don’t Break My Heart alors que celui de Jerry Lee Lewis apparaît dans le piano ahurissant de Running Down the Road.

«Tu peux l’entendre dans ma voix que ce sont eux que j’écoutais dans ma jeunesse, ces chanteurs qui vont vers des notes plus basses, explique Chris Isaak. Si tu écoutes la radio pop moderne, il y a fort peu de gens qui veulent aller vers le baryton dans leur voix. Je travaille sur un show télé où il y a 40 ou 50 participants et y en a pas un qui va vers ça. Je me dis: « Ils ne peuvent pas ou quoi? Alors pourquoi ils ne le font pas? ». J’imagine qu’il me laisse ça à moi!»

Finalement, qu’en est-il aujourd’hui de sa magnifiquement sensuelle Wicked Game? Elle a, ma foi, si bien vieilli. «Je ne l’ai jamais retravaillée. Je l’aime et je crois que les gens l’aiment comme elle est. Le son n’est pas daté parce qu’on n’utilisait pas de synthétiseurs ou de drum électronique ou quoi. Tu ne l’écoutes pas en te disant: « Oh mon dieu, ça sonne tellement 1976! ». Ce qui est bien, c’est que j’aime les enregistrements classiques, alors mon son a toujours été celui du band rock: chanteur, harmonie, quelques guitares électriques et un piano ou un orgue. C’est drôle parce que l’un des jeunes dans mon équipe à X Factor a chanté Wicked Game et ç’a eu un gros succès en Australie! J’étais bien content pour lui.»

First Comes the Night (Vanguard Records), disponible dès maintenant