Beat Sexü / Open House : Contre-emplois et gros fun sale
Qu’ont en commun Guillaume Chiasson de Ponctuation, Pascale Picard et Gab Paquet? Ils prêtent tous leurs voix au premier LP du quatuor pantoumien Beat Sexü.
L’exercice, rassembleur au possible, n’a rien de banal. Pour Open House, les musiciens et membres «officiels» de Beat Sexü ont tendu leur micro à des chanteurs de la Vieille Capitale aux styles souvent diamétralement opposés. Plus fou encore: le concept de l’album consiste aussi à reprendre, ou plutôt à réarranger, les plus grands succès des groupes locaux à la sauce disco funk.
Concrètement, par exemple, ça donne un Je t’aime tellement de Jérôme Charette-Pépin savamment remanié. Le batteur et réalisateur Jean-Etienne Collin-Marcoux tente de décrire le résultat. «Notre arrangement fait un peu Death from Above, c’est assez agressif. C’est un genre de dance rock un peu plus lent dans lequel Pascale Picard et Dominic Pelletier de Caravane chantent en duo. […] Initialement, c’est une toune qui est ternaire, qui se divise en trois. C’est aussi une ballade guitare/voix seulement. Quand on l’a reprise en version disco, on a dû la subdiviser en quatre et tout scraper l’instrumentation de A à Z. On est vraiment repartis de zéro, on a juste gardé les paroles et la mélodie de la voix.» Étrangement, ça marche et la nouvelle harmonisation suggère quelque chose de triste, tragique, même, qui contraste avec la version originale.
Si la majorité des textes ont été interprétés par leurs auteurs, les partitions de guitare ont quant à elles été réécrites par Jean-Michel Letendre-Veilleux et confiées à des musiciens de différents horizons. Des lignes simples et découpées qui laissaient une place à la fantaisie. Son collègue et coloc Jean-Etienne nous explique: «C’est pas mal le seul instrument qui nous permettait d’avoir des invités. Pour que l’album soit quand même cohérent dans les délais de production qu’on avait, on s’est dit qu’on allait garder la section rythmique originale de Beat Sexü, avec Martin Teasdale et moi, et à quelques invités près à la basse. La section rythmique drum/basse, c’est le ciment pour un groupe comme nous!»
Terroir Basse-Vilain
Avec ses innombrables collaborateurs, d’Odile DuPont à Pierre-Hervé Goulet, presque personne n’a été épargné. Même la scène hardcore, souvent à part mais florissante, trouve sa place avec une nouvelle version d’Hygiénique Eugénie composée par Brun Citron. «Pour celle-là, c’est cool parce qu’on est allés chercher Alexandre Landry qui est dans Albatros et qui a une maison de disques qui s’appelle Le Mort Records», détaille Jean-Michel, que tout le monde en ville appelle Jim. «Je pense que c’est la toune la plus pop qu’il a jamais « tapée » de sa vie!»
Soucieux de créer un produit 100% local, les Sexü vont même jusqu’à confier la sérigraphie de la pochette (dessinée par l’affichiste Thomas B. Martin) à la petite entreprise artisanale Le Coin. Même les CD vont être gravés dans le parc industriel Jean-Talon! Du chauvinisme radical au service des créateurs d’ici.
Open House
(Pantoum Records)
Sortie le 26 novembre
Lancements : 26 novembre au Cercle (Québec), 27 novembre au Divan Orange (Montréal)