Les Trois Accords : Se surprendre dans la joie
Musique

Les Trois Accords : Se surprendre dans la joie

Le premier extrait de Joie d’être gai, cinquième album des Trois Accords, a des élans dignes de Rivers Cuomo et de sa bande, Weezer. En entrevue quelques heures avant leur lancement mardi, le chanteur et guitariste du groupe Simon Proulx et le guitariste Alexandre Parr ont confirmé leurs influences rock-grunge des années 1990 pour ce nouvel opus où les guitares résonnent en tabarnouche.

«C’était un fantasme de Simon de faire un album grunge avec les sons des années 1990, dit Alexandre. On a travaillé entre autres avec une «Big Muff», un type de pédale utilisée par Kurt Cobain et Billy Corgan, pour avoir la distorsion typique de ces années-là. Moi, c’est mes années préférées puisque c’est à ce moment-là que j’ai commencé à jouer de la guitare. J’étais super heureux qu’on se lance là-dedans, mais finalement c’était vraiment plus difficile parce qu’on a du faire beaucoup de tests. (…) Pour les deux premiers albums, on essayait de faire des trucs qu’on peut refaire totalement en spectacle à quatre, mais sur celui-ci, on s’était dit de ne pas s’attarder à ça et de le faire le plus majestueux et «big» possible! On revenait avec des solos et tout et j’aimais ben ça parce qu’on a coupé ça dans les années 2000 et j’étais triste! Là, on a mis plein de solos et ils sont vraiment épiques!»

Simon confirme que c’est un projet qu’il avait en tête depuis un petit bout avec le réalisateur des deux derniers albums, Gus Van Go (Werner F est aussi coréalisateur sur ce dernier).

«Même avant de faire J’aime ta grand-mère (2012), on jasait de ça et il disait: «Ce serait cool de faire ça avec plein de disto!» On venait de faire Dans mon corps (2009) et je me disais qu’on n’avait pas les tounes qui se prêtaient à ça. Ça m’est resté en tête et sur cet album-ci on avait le matériel pour le faire donc on a décidé d’y aller à fond, avec les dynamiques que ça demande – des couplets doux et des refrains vraiment gros avec disto – et c’était vraiment tripant de le faire. C’est vraiment très satisfaisant. On pensait que c’était un «move» pas très pop de faire ça pis on s’est rendu compte que d’avoir des guitares avec de la distorsion c’est quasiment plus pop que ce qu’on faisait parce que c’est très présent dans la musique populaire. Ça nous a surpris. C’est finalement assez accessible tout ça.»

La préproduction de l’album a pris plus de temps que prévu et leur horaire assez chargé – avec la tournée de J’aime ta grand-mère qui s’est étirée, un projet solo (Simon Proulx a sorti le disque Simon I) et un autre commun (ils organisent le Festival de la poutine dans leur Drummondville natal) – a fait en sorte que les gars ont du faire des allers-retours à Brooklyn, au studio de Gus, pour enregistrer Joie d’être gai.

Depuis leurs débuts au tournant des années 2000, Les Trois Accords tentent de trouver le juste milieu entre le beau, l’absurde et le poétique. Deux thèmes sont attachés à Joie d’être gai: l’amour homosexuel – ce n’est pas pour rien que le lancement était au National et que la salle était ornée d’un symbole du Village gai, les boules roses – ainsi que les soins corporels, avec des titres de chansons comme J’épile ton nom, Top bronzés, L’esthéticienne et C’est pas facial.

Simon: «On voulait aussi aborder ce sujet-là qui est plus important et plus sérieux qui est l’esthétisme.»

Alexandre: «Les soins corporels, c’est quelque chose qui a toujours été présent pour nous. Moi, je me fais épiler l’intérieur du nez, que l’on peut appeler la deuxième moustache. C’est quelque chose qui est très difficile à vivre donc j’étais content quand Simon m’a parlé de ses nouvelles chansons et que ça parlait un peu de ma vie.»

Bon. Vous aurez tout lu ici!

Plus sérieusement, les gars nous disent qu’après cinq albums, le défi est désormais de surprendre leur public… et de se surprendre eux-mêmes.

Simon: «Ç’a été plus de travail, l’idée de se renouveler, d’aller plus loin et de continuer à faire des trucs que nous-mêmes trouvons étonnants. Quand j’arrive aux gars avec les tounes, c’est important qu’ils trouvent ça cool.»

Alexandre: «On est des fans de nous-mêmes! Des fois, on a tellement tout vu ensemble qu’il faut que ce soit bon en maudit pour qu’on retombe en amour avec ce qu’on fait.»

Et s’il y a une constante à souligner concernant la carrière des Trois Accords, c’est qu’ils ont toujours su nous divertir. Et cette musique accrocheuse et amusante, en cette semaine sombre, ça fait du bien en maudit.

«La fonction première du band, c’est de faire des bonnes chansons et de surprendre, dit Simon. Si ça a comme conséquence de faire sourire ou de faire rire et de se sentir bien, tant mieux, mais on n’écrit pas des albums en se disant qu’on va faire en sorte que les gens se sentent bien. Mais si ça a cet effet-là, c’est vraiment cool. Je parlais à Xavier Caféine et il me disait: «Man, j’écoute vos trucs et ça me fait rire, ça me fait du bien pis c’est ça que vous amenez au monde!» Ça m’avait fait du bien parce que je me disais: «Tant mieux, c’est peut-être une conséquence de nos fonctions!»

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Joie d’être gai (La Tribu), sortie le 20 novembre

Grande tournée au Québec en 2016. Détails: lestroisaccords.com