Top disques : Les disques qui ont retenu notre attention en 2015
Franco
En 2015, le roi Jean Leloup nous a offert À Paradis City, un disque sincère, désarmant, mais aussi accrocheur. Marie-Pierre Arthur est revenue avec un troisième disque puissant, Si l’aurore. Francis Faubert s’est montré beaucoup plus crinqué sur Maniwaki et son disque est très réussi. Philémon Cimon a pour sa part sorti Les femmes comme des montagnes, un troisième album totalement exquis. Alors que Jérôme Minière a livré Une île, un huitième disque toujours aussi inventif, Les Sœurs Boulay ont réussi l’exercice du deuxième album en chavirant à nouveau notre cœur avec 4488 de l’Amour.
Plus récemment, la chanteuse Maude Audet a livré un album fort bien ficelé, Nous sommes le feu. Du côté des premiers albums complets qui nous ont accrochés: celui, homonyme et fort convaincant, du chanteur et guitariste Félix Dyotte; le délicat Limoilou de Safia Nolin – une révélation cette année; Post Dynastie, l’album pop-rock psyché d’Il danse avec les genoux (devenu I.G.A.L.G.); ainsi que le premier EP de Saratoga unissant dans le folk les voix et les cordes de Chantal Archambault et Michel-Olivier Gasse. Finalement, un énorme coup de cœur cette année chez la rédaction de Voir: le voyage électro Comme si nous étions déjà libres d’Organ Mood.
Anglo
Côté anglo, le duo électro Milk & Bone a livré un premier album, Little Mourning, assurément à la hauteur du buzz qui le précédait. Patrick Watson a pour sa part exploré son amour pour la science-fiction sur Love Songs for Robots, un disque qui se dévoile petit à petit à chaque écoute. Le trio local Braids a sorti Deep in the Iris, riche en émotions, alors que The High Dials a livré In the A.M. Wilds, qui démontre une belle maturité pop.
Du côté un peu plus émergent, Technical Kidman nous a épatés avec ses textures sonores sur Something Stranger Coming on the Horizon et le groupe pop-rock No Joy a déballé toute sa palette sur More Faithful. Mentionnons aussi quatre excellents disques des groupes canadiens Viet Cong (homonyme), Siskiyou (Nervous), The Weather Station (Loyalty) et Ought (Sun Coming Down).
International
À titre personnel, j’ai adoré le retour si «rentre-dedans» des déesses punk-rockeuses de Sleater-Kinney (No Cities To Love); Father John Misty, toujours aussi brillant et cynique sur I Love You, Honeybear; Sufjan Stevens, touchant au plus haut point sur Carrie & Lowell; l’élan émotif et la plume sans détours de Björk sur Vulnicura ainsi que le charme indéniable de Sometimes I Sit and Think, and Sometimes I Just Sit de l’Australienne Courtney Barnett.
Ma collègue à Québec Catherine Genest a beaucoup aimé – avec raison – le premier disque (enfin!) du compositeur de The xx, Jamie xx, In Colour et le plus récent album de la reine de la pop sirupeuse, Lana Del Rey, Honeymoon. À noter aussi, deux parutions importantes de l’automne: la pop-rock psyché de Deehunter (Fading Frontier) et b’lieve I’m goin down…, album où Kurt Vile a renouvelé sa nonchalance et offre une œuvre plus intimiste.
Trois découvertes à recommander: Torres et la force de la nature qu’elle incarne sur Sprinter, Natalie Prass et sa pop lumineuse sur son album homonyme ainsi que The Districts et son indie-rock fort inspiré sur A Flourish and A Spoil.
Classique/actuelle
Du côté de la musique classique, notre collaborateur Réjean Beaucage a beaucoup aimé le disque Cyclus du compositeur montréalais Samy Moussa, sur lequel il dirige l’Orchestre symphonique de la radio de Vienne sur quatre pièces, ainsi que la magnifique bande sonore du ballet Going Home Star, signée Christos Hatzis. Du côté de la musique actuelle, puisque l’année Jean Derome est en cours (décrétée par le pionnier lui-même!), on vous conseille fortement l’écoute de ses Musiques de chambres, 1992-2012. Autres coups de cœur: The Celestial Squid, sur lequel le duo de guitaristes virtuoses Henry Kaiser & Ray Russell se sont amusés ferme dans l’improvisation ainsi que l’inventive réinterprétation de John Cage, Two3, par les musiciens Stefan Hussong et Wu Wei.
Rap/Hip-hop
En 2015, Kendrick Lamar est revenu en force avec la bombe To Pimp a Butterfly. L’étoile montante de l’année est le jeune Vince Staples avec son excellent Summertime ’06. Puis, le grand moment hip-hop de l’année, selon notre collaborateur Olivier Boisvert-Magnen: le retour de Dr. Dre avec Compton. Si plusieurs gros noms ont vachement assuré sur disque cette année – pensons à Earl Sweatshirt (I Don’t Like Shit, I Don’t Go Outside), A$Ap Rocky (AT.LONG.LAST.A$AP) et Drake (If You’re Reading This It’s Too Late) –, il y a aussi eu de nombreux bons coups locaux (ou près de chez nous). Olivier a beaucoup aimé Brazivilain Volume II de Toast Dawg; Sour Soul, album collaboratif du trio torontois BadBadNotGood et Ghostface Killah; Prospare, album de hip-hop expérimental de l’ex-Radio Radio Arthur Comeau et l’album homonyme néo-soul d’Illa J (rappeur de Détroit, maintenant établi à Montréal, frère du défunt producteur J Dilla).
Métal
Il y a eu beaucoup de très bons disques locaux recensés par notre collaboratrice Christine Fortier, tels que celui d’Anonymus (toujours aussi passionné sur Envers et contre tous), de Reanimator (divertissant et surprenant sur Horns Up) ainsi que du super groupe Obsolete Mankind, qui a livré un mur de son avec False Awakening en avril. Côté international, notons tout d’abord l’excellent Apex Predator – Easy Meat, 15e album des increvables Napalm Death. Iron Maiden a livré en 2015 un 16e album «massif et dense», The Book of Souls, tandis que le 11e de Slayer, Repentless, était tout aussi réussi et pertinent. Deux autres bons coups: Once More ‘Round The Sun (Mastodon) et The Anthropocene Extinction (Cattle Decapitation).
World et jazz
Le plus récent disque de Bïa, Navegar, a fait craquer notre collaborateur Ralph Boncy cette année en raison de sa palette d’émotions et sa beauté. Un autre coup de cœur cette année est la fusion très réussie entre la musique de la Malienne Fatoumata Diawara et celle du Cubain Roberto Fonseca (At Home). Le disque Saar de H’Sao est aussi une grande réussite, revenant à l’essentiel avec des pièces surtout a capella.
Côté jazz, la pianiste Chantale Gagné a livré le très bon The Left Side of the Moon en début d’année; le Emie R Roussel Trio a sorti le dynamique Quantum et le batteur montréalais Jim Doxas a enfin offert son premier album solo (Blind Leap). D’autres disques marquants cette année: Da Li, où le saxophoniste Yannick Rieu a mélangé des musiques traditionnelles du Yunnan à ses compositions plus urbaines; Currency of Men, où la chanteuse Melody Gardot s’est aventurée dans «un décor dramatique et rétro de film noir»… et c’est irrésistible. Finalement, mentionnons le délicieux deuxième album de la jeune chanteuse jazz Cécile McLorin Salvant, For One to Love.
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