Fioritudes en tournée : Faire vivre les chansons de Serge Fiori
Fioritudes, spectacle-hommage autour de l’œuvre de Serge Fiori, prend les routes du Québec cet hiver.
Serge Fiori a la trouille et Alexandre Désilets est excité ben raide. Ç’a du sens, donc, que ce soit ce dernier qui chante le matériel de l’ancien leader d’Harmonium sur scène. Serge Fiori ne fait plus de scène depuis longtemps, mais en juin 2014, trois mois après la sortie d’un premier album en 28 ans, les FrancoFolies de Montréal présentaient Fioritudes, un hommage au chanteur en deux parties avec plusieurs interprètes et musiciens: des chansons de son matériel précédent ainsi que l’intégrale du nouveau disque. Serge Fiori était présent à la soirée et a été grandement ému. Un an et demi plus tard, et à quelques semaines du début de la tournée québécoise de Fioritudes, il nous avoue que ça lui a pris quelques jours afin d’apaiser les émotions fortes qu’il a vécues alors que ses nouvelles chansons prenaient vie.
«Les jours suivants, j’étais très silencieux et dépressif, dit Serge Fiori en entrevue. J’étais perdu ben raide. J’étais dans ma bulle. Y a pas d’explications. Y a juste moi qui le vis parce que c’est moi l’auteur de tout ce matériel-là. Ça m’a pris un grand bout pour absorber tout ça, plus que les autres hommages que j’ai eus avant. Ça change tout que le nouvel album soit là.»
Le spectacle-hommage part en tournée cet hiver. Une dizaine de dates sont prévues pour le moment. Alexandre Désilets, l’un des interprètes du spectacle avec entre autres Antoine Gratton, Marie-Pierre Arthur et Catherine Major, nous parle de cette occasion immense: «Quand vais-je pouvoir faire ça à nouveau? Diane Dufresne, par exemple, écrit un album au complet et elle choisit des gens pour chanter à sa place. Imagine! C’est tout un cadeau, tu peux pas dire non. J’étais excité à l’idée d’aller interpréter des chansons qui n’avaient pas vécu. C’est à nous de les faire vivre sur scène. C’est un super terrain de jeu.»
Pour Alexandre, qui dit admirer le talent de Serge pour la mélodie, il n’y avait aucun doute que les chansons de l’album Serge Fiori allaient bien se transmettre sur scène. Il l’a compris dès que la troupe est entrée en répétition et que la chimie a opéré. Le 13 juin 2014, Alexandre n’a pas été le seul à triper sur la scène de la Place des Arts. Ç’a été une réelle communion entre les interprètes et les musiciens. L’idée d’une tournée a tout de suite germé. Le lendemain du spectacle, Alexandre appelait Marc Pérusse, réalisateur de l’album et directeur artistique du spectacle, pour lui demander s’il y aurait une tournée. Et il a vite compris que les autres artistes avaient le goût d’y replonger aussi.
Il faut noter qu’Alexandre Désilets parle d’expérience. Il a déjà vécu ce genre de trip-là. La tournée Danse Lhasa Danse, gros spectacle de 21 artistes en hommage à la regrettée Lhasa de Sela, a duré un an et l’a mené jusqu’à Vancouver. «Ce qui est bien de ces shows-là, c’est qu’à chaque fois, tu veux te dépasser, explique-t-il. C’est pas un one-shot deal, tu sais que tu peux t’améliorer. On veut perfectionner l’émotion, ce qui fait que plus le spectacle avance, plus c’est bon et le fun.»
Quoique Fioritudes sera en formule réduite en tournée, le spectacle permettra avant tout aux Québécois de vivre ce gros trip et de retrouver l’essence de leur idole. Serge Fiori se remémore les années où, partout au Québec – alors dans une révolution sociale et une autre politique –, on faisait de ses chansons des hymnes. «Tu sais ce qui se passe, tu le sens et tu veux y aller et tu veux rassembler. […] L’affaire qui est la plus weird, c’est que j’ai fini le premier disque à l’envers avec un hymne triste: «où est allé tout ce monde qui avait quelque chose à raconter?»… C’est anti-hymne, mais c’en est devenu un. La première fois que je l’ai faite en show, je m’en souviendrai toujours. Je pars le refrain et immédiatement, les gens se sont mis à chanter, debout. Il se passait vraiment quelque chose. Ça fait partie des surprises de la création.»
Et pour la suite, les deux interprètes travaillent sur de gros projets. Sinon, Serge, qui rigolera à plusieurs occasions à propos de rumeurs d’un possible retour sur scène, passe beaucoup de son temps à écouter des disques.
«Le soir, ma blonde et moi avons abandonné la télé. J’ai un système surround autour de deux chaises. On a une table au centre. J’ai mon Southern Comfort et on se met de la musique de 20h à 23h! C’est ça que j’aime. J’ai besoin de ça. C’est un bonheur d’écouter des albums.»
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Fioritudes: Le 15 janvier 2016 à 20h au Théâtre Outremont. Détails de la tournée québécoise sur spectramusique.ca