Entrevue: L’Edgar Allan Pop de Mordicus
Le groupe rock de Chicoutimi Mordicus revient avec un 2e album plus mature où les références à la pop culture sont nombreuses (d’où le fameux jeu de mots en guise de titre). Le groupe est venu nous rencontrer à nos bureaux la semaine dernière pour en parler.
VOIR: Sur la pochette de l’album, c’est la crucifixion de Poe c’est ça?
Max Desrosiers (chanteur): Y’a plusieurs détails. Y’a Warhol, la voiture de James Dean, Chuck Berry, Jim Morrison. Y’a plusieurs trucs qui rappellent la pop culture et c’est ce qui englobe l’album. Pour nous, c’est parti de la photo célèbre d’Edgar Allan Poe, on trouvait qu’il «lookait» pas mal pour l’époque! On a alors fait un jeu de mots avec Edgar Allan Pop. Au départ, l’idée était hyper simpliste, minimaliste et finalement, on est parti carrément de l’autre bord. On a fait appel à Hugo Mudie qu’on connait bien. C’est lui qui a fait la toile sur la pochette de l’album, une toile qui est assez grosse en réalité – 36X36 – et qu’on a au Saguenay. En ce moment, elle fait le tour de nos maisons comme la Coupe Stanley!
L’inspiration générale c’est donc la culture pop et le «pop art»?
Max: On s’est rendu compte que nos tounes – contrairement au premier album qui était résolument rock, 10 tounes «straight to the point» – étaient cette fois-ci un peu plus directes, avec plus de guitares qui sonnaient plus pop. On a eu le flash d’Egar Allan Pop. On n’a pas dérogé, c’est quand même arrivé tôt dans le processus.
Martin Moe (bassiste): Quand on a fait des démarches et des demandes de subventions, Max, l’auteur, commençait à creuser dans l’oeuvre de Poe. Il était un écrivain sombre qui parle de meurtres, mais c’est aussi lumineux.
Max: Y’a toujours un ton sarcastique/humoristique dans ses affaires pour décrire des situations sombres et atroces. J’ai accroché là-dessus et sur l’album, souvent, les textes sont sombres avec une musique joyeuse ou vice-versa.
Il y a plus d’introspection sur ce disque, non?
Max: Oui, beaucoup. À plein de niveaux. Chaque chanson a un thème sur lequel on a développé. L’écriture est plus recherchée au niveau des paroles. Le premier album était du non-sens: très imagé et à prendre au second degré tout le temps. Là, on avait quelque chose à dire. On vieillit aussi, on a gagné de la maturité et ça paraît. On a travaillé fort sur les textes.
Martin: Côté musique aussi. Pour complémenter les textes, on a exploré des sonorités plus blues. On a des bongos et des brass mariachis pour un côté plus sud-américain sur l’album. On a des ballades aussi, chose qu’on n’avait pas faite avant.
Max: On voulait varier et que les gens voient qu’on a plusieurs facettes, qu’on n’est pas juste un band unidimensionnel.
Je me souviens de vous avoir vus à Granby, puis aux Francouvertes il y a quelques années. C’était vos débuts? Comment avez-vous vécu ces années-là?
Max: Je pense qu’on avait quatre tounes à ce moment, on venait juste de se former! C’était vraiment embryonnaire.
Martin: Pour faire un lien avec Granby, Laurent, notre nouveau guitariste, jouait dans Racine Rose, un groupe montréalais. On l’a rencontré cette année-là à Granby et ensuite il est venu s’installer au Saguenay et y est resté. Donc il joue avec Mordicus maintenant!
Max: Pour ce qui est des concours, ça nous a mis sur la mappe assez rapidement, mais tout était à faire. On s’est ramassé en final et c’était pas mal un coup de chance.
Martin: Et Lisa LeBlanc nous a sacré une volée!
Max: On a beaucoup appris du milieu, de la business musicale. Toutes les sociétés avec lesquelles il faut t’inscrire pour gagner un peu d’argent. Ça nous a bien formés. Aujourd’hui, avec ces connaissances-là, on a formé notre propre label au Saguenay. On sait comment ça marche asteure! On est producteur et propriétaire de tout notre matériel.
Vous jouez surtout au Saguenay?
Martin: Oui, parce que c’est à côté de chez nous et qu’on est en demande, mais on est habitués à faire la route.
Max: On sort souvent de chez nous et quand on revient à la maison, les gens savent qu’on fait parler du Saguenay en dehors. Musicalement, on devient un peu les porte-parole du Saguenay parce que souvent, y’a plein de monde du Saguenay qui déménagent à Montréal et qui se partent des bands. Mais nous, on a décidé de rester. On est prêts à vivre avec les avantages et les désavantages. Ça se fait super bien, sérieusement.
Laurent tu t’es joint au band entre les deux albums?
Laurent Laberge (guitariste): Y’a un peu plus d’un an, oui. J’ai rencontré les gars en 2010 à Granby. On a toujours gardé contact. Quand ils venaient à Montréal, on allait les voir et quand on jouait à Chicoutimi, on allait les voir.
Max: C’est rare de voir quelqu’un qui part de Montréal pour venir vivre au Saguenay. Y’avait besoin de ça!
Laurent: J’étais tanné de vivre à Montréal. J’ai décidé d’aller étudier là-bas.
Max: Sans lui à la guitare, Edgar Allan Pop n’aurait pas été aussi bon. Il y a mis sa touche, sa couleur.
Le premier extrait Grandville, c’est votre regard sur Montréal?
Max: Absolument. Y’a deux ans, j’avais besoin de changer d’air donc je me suis loué un appartement dans Parc-Extension. Les premières chansons de l’album ont commencé à être écrites ici. Ça faisait longtemps qu’on avait cette idée ça, d’avoir une répétition dans les paroles: «j’aime, j’aime, j’aime les trucs de Montréal», et hop, on y a intégré quelques images qui nous faisaient penser à Montréal. La toune dure 2 minutes 30 et est super rapide. Quand on vient à Montréal, c’est rare qu’on passe plus que 48 heures. C’est en éclair.
Martin: C’est pas négatif, on est ben excités quand on voit le mât du Stade olympique!
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Edgar Allan Pop disponible maintenant
En spectacle le 16 février au Cercle à Québec