Jason Bajada : Ouvrir la porte de l'anxiété
Musique

Jason Bajada : Ouvrir la porte de l’anxiété

Le chanteur québécois Jason Bajada est de retour avec un nouvel album en français, Volcano, sur lequel il déballe un gros morceau: l’anxiété. 

«L’amour m’explose à la gueule et après je suis fucké et j’écris des tounes.» Jason Bajada nous explique ainsi son processus d’écriture. Et en 2015, il avait beaucoup de matériel pour bâtir un nouvel album. S’il décrit son excellent troisième album Loveshit comme étant «un document d’une relation», Volcano (à prononcer en français) est un second document sur une autre relation, celle-ci teintée d’anxiété, condition qu’il ne comprenait pas avant qu’elle fasse partie de sa vie.

«Un de mes meilleurs amis s’est enlevé la vie à cause d’anxiété en avril et je ne me doutais de rien, admet le chanteur montréalais. J’ai été dans une relation amoureuse qui était énormément teintée d’anxiété, à m’en rendre complètement fou. J’ai découvert cet univers-là, qui a amplifié fois dix le sentiment amoureux.»

Si Jason Bajada nous a habitués à un savoureux pop-rock à propos d’amour et de douleur, ici, ça explose. Sur la pièce Des grenades dans les yeux (le titre est assez évocateur, d’ailleurs), la musique débute dans le calme pour finir en éruption. «C’est probablement la chanson la plus représentative d’une relation teintée d’anxiété», dit Jason, qui ajoutera plus tard que ses compositions sont inspirées des albums qu’il écoute dans l’année comme le magnifique Are We There de Sharon Van Etten, par exemple.

Le premier simple de Volcano, son deuxième album en français après La résultat de mes bêtises en 2013, aussi est assez explosif. Jason est le premier surpris que Pékin (les amitiés), une chanson de plus de six minutes, ait été sélectionnée unanimement par ses collègues chez Audiogram pour lancer Volcano. «C’est la dernière toune à laquelle j’aurais pensé pour un single et elle se retrouve aussi à percer les radios commerciales. J’ai jamais eu une chanson qui jouait à CKOI et là tout le monde m’envoie des messages en me disant qu’ils l’entendent partout. Alright

Pour la genèse de la chanson, Jason explique que ça vient tout simplement de trois accords qu’il faisait en test de son pendant des années. Lors de sa retraite d’écriture de deux mois dans un chalet, «il fallait que je fasse une toune avec ça», dit-il. «On dirait que c’était le truc le plus instinctif qui sortait de moi. C’est super simple, mais c’est devenu une toune de Bruce Springsteen de six minutes avec un solo de guitare interminable!»

Une autre chanson qui retient l’attention lorsque l’on pense à sa thématique d’anxiété, c’est Jean-François, sans doute la plus dénudée de l’album. Sur fond de piano mélancolique, il y chante, comparant son ami à un volcan: «Personne ne savait quand tu ne serais plus dormant / T’allais un jour brûler tous les villages de ton sang / Personne ne voyait sur ton visage qu’ça n’allait pas».

«Je l’ai écrite le jour où Robin Williams s’est enlevé la vie, précise le chanteur. On avait un couplet sur lui mais on l’a coupé pour se concentrer sur Jean-François. C’est un ami qui est un peu disparu, que j’ai perdu avec le temps, mais c’est la première personne qui m’a parlé d’anxiété. À l’époque, je ne comprenais pas le sentiment, je sentais qu’il était en douleur mais pourtant c’est la personne la plus outgoing… C’est comme Robin Williams. Personne ne se doutait de rien.»

Et si Jason a été fort inspiré par des chavirements émotionnels pour Volcano, le travail en studio avec son réalisateur Sam Joly et ses musiciens a été tout aussi créatif, lui permettant de défricher de nouveaux sentiers musicaux. «Reste ici et Busky sont des chansons assez groovy. C’est les musiciens qui ont amené ça. Avant que les chansons soient mixées, c’est celles-là qui sonnaient le mieux. Je me sentais le plus à l’aise dans cet espace-là. Ça m’a ouvert une porte, j’avais jamais fait dans ce genre-là.»

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Volcano (Audiogram), disponible le 12 février.

jasonbajada.net