Basia Bulat : rugir dans la douleur
Musique

Basia Bulat : rugir dans la douleur

La lumineuse interprète canadienne Basia Bulat revient avec de l’assurance à revendre malgré un coeur brisé sur son cinquième album Good Advice

«J’ai plein d’amis qui ne savaient même pas que je n’habitais pas ici!», rigole Basia Bulat en entrevue. Originaire de l’Ontario, la chanteuse et musicienne s’est installée officiellement à Montréal il y a plus d’un an. Aujourd’hui, elle lance un cinquième album. Si Basia Bulat est encore assez méconnue hors des sentiers «indie» ou alternatif, Good Advice, sorti chez Secret City Records vendredi dernier, devrait convaincre un bassin plus large de mélomanes de prêter une oreille à son oeuvre. Le disque est un grand pas vers la pop pour une artiste qui misait davantage sur des racines folk à ses débuts. Mais si le sujet de l’album est assez universel (la peine d’amour), elle a toutefois voulu éviter de tomber dans un truc trop généraliste.

«Je crois que c’est un album aux accents pop, mais pas nécessairement avec un «p» majuscule!, précise-t-elle. La pop, ça ratisse très large et y’a plein d’artistes pop comme Prince et David Bowie… Ce qui m’intéresse moins, c’est une tendance dans la pop actuelle: des chansons à propos d’une seule chose. D’un point du vue lyrique, c’est pas très clair. Alors j’espère avoir réussi à faire de la pop à ma manière.»

Ses nouvelles chansons se devaient d’être enveloppées dans la pop, dit avec conviction Basia. Pour la confection des dix titres de Good Advice, elle a tout simplement suivi son instinct, épaulée par son réalisateur et bon ami Jim James (My Morning Jacket). «Quand t’es un enfant et que tu enfiles des vêtements, tu le sais tout de suite si ce n’est pas le bon habillement. C’était comme ça pour les chansons de cet album. Si on avait voulu envelopper les chansons autrement, on les aurait dénaturées.»

Aussi difficile soit-il de panser un coeur brisé, Basia a bien su évacuer sa douleur sur ce nouvel album. On y entend ses frustrations, ses craintes et ses doutes. «Écrire et créer, ça aide toujours à passer à travers les moments difficiles. C’est probablement l’une des raisons pour lesquelles nous le faisons. Pour moi, la seule façon de passer à travers, c’est par la musique. Je ne saurais comment parler de tout ça et de rendre justice à mes sentiments d’une autre manière qu’en musique.»

Très ricaneuse, polie et gentille en personne, Basia Bulat se révèle comme une force de la nature sur Good Advice. Plus que jamais, on sent qu’elle pousse son interprétation vers de nouveaux sommets. Comme quoi dans la douleur, ça fait du bien de rugir et de défricher.

«Jessie Stein du groupe The Luyas avait un bon point. Elle m’a dit que si quelqu’un crie «Je t’aime», ça a un impact complètement différent de quelqu’un qui le chante à la Johnny Cash, par exemple. C’est ça la magie et le pouvoir d’une performance, dans ce que l’on dégage. Ces chansons-là, la seule façon de les chanter était la tête haute, avec plus de force. Même dans les démos avant l’enregistrement, c’était la même chose même s’il n’y avait qu’un instrument qui m’accompagnait!»

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En concert au Club Soda dans le cadre de Montréal en lumière ce jeudi 18 février.

montrealenlumiere.com // basiabulat.com

Good Advice (Secret City Records), disponible maintenant

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