Stefie Shock et ses 12 belles chantent Gainsbourg
Le grand Serge Gainsbourg est disparu il y a 25 ans. Stefie Shock se lance dans un album hommage en duo avec douze femmes, interprètes ou comédiennes.
Derrière chaque grand homme se cache une femme, dit le vieil adage. Stefie Shock est pas mal chanceux puisqu’il en a douze à lui seul pour chanter les mots de Gainsbourg sur son nouvel album de reprises, 12 belles dans la peau. Il signe presque toutes les musiques, mais les belles sont loin d’être dans l’ombre. Le musicien leur donne au contraire toute la place pour s’épanouir.
«Je voulais vraiment que les filles soient en valeur», dit-il, en précisant qu’il a enregistré les voix des femmes en premier pour valoriser l’instinct et l’aisance dans leur interprétation. «Moi, je suis caméléon au niveau vocal alors je me suis dit que j’allais m’ajuster par la suite. Mais c’est vraiment les filles qui étaient le moteur de ce disque-là et qui ont animé les versions. Je ne voulais pas qu’elles soient des faire-valoir ou des choristes. C’est des interprètes à part entière, autant les comédiennes que les chanteuses.»
Pour ne pas les nommer, ce sont Marie-Pierre Arthur, Laurence Nerbonne, Klô Pelgag, Stéphanie Lapointe, Gaële, Fanny Bloom, Marième, Suzie McLelove, Sophie Beaudet, Anne Dorval, Pascale Bussières et Evelyne Brochu qui reprennent tour à tour avec lui les immenses La javanaise et Je suis venu te dire que je m’en vais en plus de 10 autres titres. Stefie Shock explique que quelques-unes des pièces sélectionnées sont des choix des belles et que la plupart viennent d’une période faste de Gainsbourg.
«J’ai réalisé que les tounes que je préfère de Gainsbourg, ça coïncide avec l’époque où Jane Birkin était dans sa vie – la fin des années 1960 jusqu’à la fin des années 1970. Pour moi, l’essence de Gainsbourg et ce que j’admire de lui, c’est dans ces années-là – quoique je n’aime pas du tout l’album Rock Around the Bunker. Dans cette période-là, il a été le plus inspiré et le plus inspirant. C’est comme si Birkin lui avait apporté la grâce en débarquant dans sa vie et était repartie avec quand elle a quitté sa vie.»
Pour reprendre convenablement le travail du monument qu’est Gainsbourg, il faut déconstruire et reconstruire explique le musicien. «Je me suis tenu loin – le plus possible – des arrangements originaux. J’ai de l’expérience dans les covers et j’ai toujours déconstruit les chansons, c’est comme un devoir. Ça vaut pas la peine de faire une reprise de quelqu’un si c’est pour l’imiter. T’es condamné à être moins bon si t’en fais un calquage et puis c’est drôle de traiter la chanson comme si on l’avait composée soi-même. Comment aurai-je composé Comme un boomerang si c’était ma toune? Je l’aurais fait comme elle est sur mon album. Ça sonne pas comme ce que Gainsbourg a voulu faire ou ce que ses arrangeurs ont voulu faire. Elles existent, ces chansons-là, c’est pas comme si on en était privés. Si on en était privés, il faudrait trouver une façon de les reproduire comme elles étaient parce qu’elles sont précieuses, ces versions-là. Mais comme elles existent et sont facilement accessibles, il faut en faire des versions qui vont ailleurs pour que ce soit pertinent.»
Stefie Shock souhaite maintenant que les femmes se joignent à lui sur scène dans un concert à géométrie variable. Les 12 femmes ne pourraient évidemment pas toutes être d’une tournée avec lui, mais «c’est sûr que c’est destiné à la scène, il le faut», insiste le chanteur. «J’ai trop de fun à faire des shows. J’ai besoin d’en faire. Quand je suis loin de la scène trop longtemps, ça marche pas.»
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12 belles dans le peau de Stefie Shock (Simone Records/Coyote Records)
Disponible maintenant