MXQC: un festival de musique par des fans, pour les fans
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MXQC: un festival de musique par des fans, pour les fans

Le nouveau festival montréalais MXQC fait un pied de nez au monstre qu’est devenu SXSW aux États-Unis en proposant des spectacles d’artistes locaux alors que la ville est désertée par les groupes internationaux.

South by Southwest (SXSW) est l’un des plus importants festivals en Amérique du Nord avec ses trois volets (musique, interactif et film) s’échelonnant sur 10 jours au mois de mars dans la très cool ville d’Austin au Texas. Tous les yeux sont rivés sur ce festival à ce moment de l’année, tous les médias tentent d’y être pour vivre l’effervescence et tous les groupes ou presque veulent y jouer pour tenter d’être repérer et de devenir «the next big thing». Cette année, même Barack Obama sera à SXSW à titre de conférencier (!). Bref, le festival est devenu gigantesque en moins de 30 ans d’existence.

L’année dernière, Vincent Lafrenaye Lamontagne et Yuani Fragata, deux gars qui ont la culture d’ici à coeur – et qui ont à leur CV le promoteur de spectacles Greenland, POP Montreal, Radio-Canada (CBC Radio 3 et Bande à part), la Marche des zombies de Montréal et Mutek – ont constaté que pendant le week-end du volet musique de SXSW, y’a presque rien qui se passe à Montréal. Ils ont donc décidé, sur un coup de tête (et de brosse), de profiter de ce calme plat en ville pour garnir les scènes et lancer un festival, MXQC.

«Quand j’étais chez Greenland, dit Vincent, j’avais remarqué qu’on n’avait rien à faire pendant les semaines de SXSW. Et en plus, je sentais que les gens qui n’étaient pas là-bas étaient déçus. Y’a des élus qui finissaient par aller au Texas – et bravo à ceux qui y vont -, mais ici, c’est une question de ne pas rester chez nous à ne pas voir de shows et se demander ce qui se passe parce que tout le monde est à Austin. Je me disais que c’était un bon moment pour faire des shows de bands locaux puisqu’il n’y avait pas de présence internationale en ville. C’est comme si toute l’industrie arrêtait pendant deux semaines et c’est un peu bizarre que personne en profite pour faire des vitrines plus émergents et locaux.»

Les deux cofondateurs disent vouloir revenir à la base de l’appréciation de la musique avec MXQC, événement de trois soirs qui se veut un festival égalitaire. Les six spectacles proposés (Bateau Noir, Orkestar Kriminal, Un Blonde et Teen Seizure entre autres), sont tous 10$ et les cachets seront divisés également entre les groupes qui y participent. Le festival s’inspire aussi de l’éthique punk DIY même si MXQC va bien au-delà du punk et du rock.

«Dans le fond, c’est une excuse pour faire des shows avec les gens qu’on aime, dit Yuani. Un festival mis sur pied par des fans de musique, pour les fans de musique. Ce qui a été cool, c’est qu’à peu près tout le monde qu’on a approché a totalement embarqué. POP Montreal a dit oui tout de suite pour présenter un spectacle, tout comme L’Oeil du tigre et le label REC. Le Quai des brumes et l’Esco sont les salles qui nous ont fait confiance dès le départ. On est super soutenus par la scène. On donne pratiquement tout l’argent aux artistes. On est des capitalistes de marde dans le fond!»

Yuani et Vincent (belle perruque)
Yuani et Vincent (belle perruque)

En cette année de baptême, Vincent et Yuani disent qu’il ne faut pas prendre le festival trop au sérieux. Ils font ça très humblement. Et si MXQC est en quelque sorte un pied de nez à SXSW, il y a tout de même quelques éléments du méga festival américain qui ont inspiré les cofondateurs pour leur propre petite aventure.

«Ce qui marche là-bas, c’est que c’est tout est autour de la 6e rue. Il y a des spectacles de bord en bord, tu fais du «barhopping» tous les soirs. C’est fou raide, explique Yuani, qui est allé plusieurs fois à SXSW et qui dit avoir une relation amour-haine avec le festival de par la nature démesurée de l’événement. En faisant ça avec les voisins l’Esco et le Quai des brumes sur la rue St-Denis, l’idée c’est de garder ça le plus près possible.» Il poursuit: «SXSW c’est souvent des «showcases» de labels ou de promoteurs. Y’a ça qui est récupéré aussi pour MXQC. On prend cette idée-là et on la met à notre échelle. L’esprit est là.»

Mais à l’encontre de SXSW, MXQC n’a aucune intention d’inviter des journalistes et représentants de compagnies de disques de l’extérieur, bref de devenir lui-même un festival de l’industrie. «On laisse ça aux autres, conclut Vincent. Y’a d’autres festivals qui font ça et ils le font très bien.»

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MXQC, du 17 au 19 mars au Quai des brumes et à l’Esco

mxqc.ca

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