La pop au féminin
Elles sont brillantes, créatives, follement belles, chantent divinement et sortiront toutes un album ou des singles dans les prochains mois. Cette année, Liana, Gabrielle, Valérie, Margaux et Marie-Renée prennent la scène de Québec d’assaut.
«Le rock avait pris beaucoup de place!» Valérie Clio le dénonce sans gêne et Marie-Renée Grondin, leader du groupe Émeraude, abonde dans le même sens en passant en revue ses années au sein de feu The Gilligans. C’était vers 2008. «Ç’a peut-être été un boys club à une certaine époque parce que la mode du punk rock se prêtait mieux à des groupes masculins.» Or en moins de 10 ans, le paysage sonore s’est métamorphosé, remodelé par des mélodistes radiophoniques comme Karim Ouellet et Claude Bégin, des groupes beatlesques comme The Seasons et Mauves, de nouveaux projets électro comme Fjord et Men I Trust.
Pour les filles qui donnent dans la pop, le millésime 2016 sera un grand cru. Celui des récoltes pour les années de bars qui ont formé toute une génération d’auteures-compositrices à qui on a collé l’étiquette d’interprète trop vite. Liana Bureau, participante à La Voix en 2015, en est un exemple, même si elle a toujours écrit. «Je marchais pour aller à l’école et je m’inventais des mélodies. J’étais en secondaire 1 quand j’ai composé ma première toune, mon premier hook mettons.» Sollicitée par les supper clubs de Québec à longueur d’année, la prometteuse chanteuse de 23 ans voit toutefois pas mal plus loin que les succès de Beyoncé et Janelle Monáe qu’elle reprend avec un aplomb presque extraterrestre. C’est avec ses textes rédigés en français, et les maquettes de ses pièces arrangées par Olivier Quirion de Midnight Romeo, que l’artiste approche actuellement les maisons de disques. Une mystérieuse collection de chansons originales que la principale intéressée décrit comme teintées par le soul de sa voix formée au jazz, des éléments R&B, pop et même rap. «Je pense qu’il y a quelque chose d’intéressant à faire avec le flow hip-hop, même si je suis chanteuse à la base et que je me ferais manger la laine sur le dos dans un cypher!»
Dans la voie parallèle, on retrouve Gabrielle Shonk. Une autre jeune vétérane qui vit de musique, de bière fraîche et des cachets qui viennent avec à la fin de la soirée. Le genre d’école où on apprend à la dure, pas toujours dans des conditions de travail idéales. Le port d’une carapace est donc de mise. «Je me souviens d’une fois quand je commençais à faire des gigs de restos-bars, je chantais du jazz et un gars est monté sur le stage pour danser et se frotter sur moi pendant que je chantais. Y a aussi une fille qui a déjà essayé de me frencher dans des circonstances semblables. Bref, on accumule toutes sortes d’anecdotes comme ça au fil des années!» Habituée aux situations pour le moins rocambolesques et aux clients en état d’ébriété, la vocaliste faisait face à un drôle de problème en participant à La Voix en 2014. «J’étais habituée à chanter en arrière-plan pendant que les gens jasent ou mangent. Dans un contexte où les gens m’écoutaient, j’étais complètement déstabilisée! Ça peut paraître niaiseux, mais je ne savais pas comment agir, comment me tenir, quoi dire… […] Ça m’a donné un bon élan pour travailler sur mes projets personnels par la suite.»
Son premier album, probablement homonyme, devrait d’ailleurs voir la lumière au printemps. «Y a une vibe un peu années 1970, je crois. En matière de style, je décrirais ça comme folk pop avec des influences soul, jazzy et indie. […] Ça coule, c’est senti, c’est raw, c’est triste, c’est joyeux, c’est introspectif. Ça vient d’une place qui est vraie, avec des vrais instruments, joués par des vraies personnes, tout le monde en même temps.»
Doubles vies
À l’opposé, il a des créatrices qui poursuivent une carrière dans un tout autre créneau, des workaholics fougueuses qui performent en mode neuf à cinq. Marie-Renée Grondin d’Émeraude, par exemple, est productrice de contenu numérique pour Le Journal de Québec. Tout un contraste avec la poésie qu’elle porte en elle, ses textes de dentelle et le groove impétueux du premier EP qu’elle vient de lancer. «J’essaie que mon travail n’interfère pas sur ma musique, et vice versa. Je n’ai jamais écrit de chanson par rapport à l’actualité, mais je pense que ça pourrait être quand même inspirant de parler de la durée de vie d’une nouvelle, qui est de plus en plus éphémère.»
Valérie Clio, elle, puise déjà des idées au bureau. Recherchiste pour un cabinet d’avocats, l’auteure-compositrice-interprète et ressortissante de La Voix a mis ses connaissances judiciaires à profit sur une plage de son premier disque sorti au printemps 2015. «Quand j’ai fait du droit de la famille, j’ai écrit la toune J’veux pas que tu m’aimes. J’ai le goût de vulgariser les ruptures. Souvent, des clients qui viennent divorcer paient ensuite leur facture ensemble un an ou six mois plus tard. Ça ne se passe pas tout le temps comme ça, mais ça arrive parce qu’ils sont revenus ensemble. Les comportements humains sont particuliers!»
De toutes les voix féminines qui se démarquent actuellement sur la scène locale, Margaux Sauvé de Ghostly Kisses est très certainement celle avec le parcours le moins traditionnel. Extrêmement douée, la vocaliste ignorait encore toute l’étendue de son talent l’an dernier. «J’ai une formation en violon, je n’avais pas le choix de faire du solfège, je savais que je chantais juste, mais je pensais qu’il fallait avoir une voix forte et puissante comme Céline Dion, quasiment, pour être chanteuse. Puis, j’ai réalisé que j’aimais composer des choses et les chanter par moi-même. J’ai pris confiance, tout simplement!» Avec sa voix gorgée d’air et la pop cinématique à ascendance classique du duo dont elle tire les rênes, cette débutante charme déjà des millions d’auditeurs sur Spotify. Un succès presque sans précédent qui pave la voie à d’autres créatrices d’ici à l’international.
Est-ce nécessaire d’écrire qu’elles sont ‘follement belles’ dans la liste de qualités en leurs faveurs? Comme si la bonne génétique avait un rôle à jouer dans le succès ou pas d’une chanteuse pop…
Considérant que la beauté n’est pas qu’un attribut physique, je pense que c’est très judicieux de dire qu' »elles sont follement belles » ;) Ces filles émanent!