Lisbon Lux Records : l'étiquette de la cohérence
Musique

Lisbon Lux Records : l’étiquette de la cohérence

Il y a déjà trois ans que le label Lisbon Lux Records a ouvert boutique, et la petite étiquette montréalaise est loin d’avoir dit son dernier mot. Entrevue avec Julien Manaud et Steeven Chouinard.

Tout a commencé par une association fortuite. Steeven Chouinard, membre de Le Couleur, découvre en 2011 le Myspace (!) de Julien Manaud et tombe sous le charme. Le groupe décide donc d’employer ce dernier pour faire un remix d’une de leurs chansons. Ils deviennent instantanément amis, et Julien se met donc à la réalisation de leur prochain EP pour rapidement devenir gérant du groupe. Lorsqu’il s’est mis à magasiner les labels, il s’est rapidement rendu compte que ce serait infiniment plus gratifiant pour eux de faire le travail d’une étiquette de disques eux-mêmes.

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C’est ainsi que la diversification de l’écurie LLR a débuté, alors que l’équipe n’avait rien d’un groupe d’administrateurs, selon Julien :

On s’est vraiment improvisé l’aspect entreprise en fait, et on apprend encore vachement après trois ans à structurer une boîte, les impôts, tout ça. On s’est lancé à coeur perdu, en gardant un seul objectif en tête : faire connaître nos artistes.

Les nouveaux groupes ont profité des expériences réalisées avec Le Couleur. Selon Steeven, « les deux projets ont vraiment grandi ensemble. Le groupe et le label se sont renforcés l’un l’autre, sans qu’il n’y ait aucune vampirisation. » C’est donc une véritable symbiose qui a amené les deux jeunes entrepreneurs à hisser leur projet à un niveau supérieur. Néanmoins, ce n’est pas que des essais et erreurs qui ont collaboré au succès et à la solidité de LLR. Il y a, derrière cet avancement, un esprit d’entourage. « C’est rare que je signe un groupe random. c’est toujours des gens que je côtoie, que je croise sur différents projets, que j’ai envie d’écouter. Je veux garder une certaine proximité avec l’artiste, puisque je suis moi-même musicien. Beat Market, j’ai accompagné l’album jusqu’au bout, j’ai assisté au mix final de Paupière et Bronswick. C’est un peu comme ça qu’on se rapproche de nos idoles de labels », explique Julien.

Une simple écoute des différents artistes de l’étiquette permet de se rendre compte de ce souci de cohérence. On est dans l’instrumentation électronique, dans le dansant, loin du typique groupe rock guitare/basse/batterie. Il y a un petit côté french touch qui se retrouve un peu partout, en plus ou moins dilué. Lorsqu’on le questionne sur cette homogénéité des produits que le label livre, Julien sait en plein où LLR se situe :

On se retrouve à quelque part entre Gainsbourg et Daft Punk. On fait du francophone, dans la chanson, mais avec un son un peu particulier. Le Couleur, Bronswick et Paupière, c’est nos projets francos, et d’un autre côté on a Beat Market, Das Mörtal et Fonkynson qui sont notre côté un peu plus french touch, avec des beats complètement dance qui font bouger le monde.

C’est cet esprit qui guide LLR, et le label atteint un but qui est né d’un manque. Il y a énormément d’artistes électro au Québec, mais très peu de structures si l’on compare aux scènes folk ou rock. Il y avait de la place pour une étiquette se spécialisant dans les styles bourrés de synthétiseurs, et les deux acolytes l’ont vite compris. « On est pas encore assez gros pour boucher le trou au complet, dit Steeven, mais on fait notre part et on met tout ce qu’on a sur la table pour que le milieu soit de plus en plus vivant»

Mais assez parlé du passé. Qu’est-ce qui s’en vient pour LLR? Leur poulain Fonkynson sort un premier album complet vers la fin mai, et ils annoncent d’ores et déjà la signature de leur premier artiste à l’international, Kid Francescoli. Une nouvelle version du dernier opus de Beat Market, Sun Machine, est également en préparation. Celle-ci comprendra à peu près le même matériel musical, mais rehaussé de nombreuses collaborations vocales; ce disque renouvelé servira de porte d’entrée pour Beat Market sur le marché européen. Le Couleur lancera finalement son premier album complet, autour d’octobre. Paupière se lance dans la production d’un album, qui devrait sortir en 2017, Das Mörtal travaille aussi sur un opus et un autre mystérieux artiste francophone dont ils n’ont pas voulu révéler le nom est également signé depuis peu.

L’équipe de ce label coulé dans la cohérence et la musique groovy a donc tout ce qu’il faut comme pain sur la planche pour être occupé et voir une croissance encore plus grande dans les prochains mois, et c’est ce qu’on leur souhaite de tout coeur.