Savages: Il faut aller plus loin
Musique

Savages: Il faut aller plus loin

Le quatuor britannique Savages sortait en janvier un deuxième album fort percutant, Adore. Elles reviennent nous brasser la cage le 2 avril à Montréal. À voir sur scène absolument! 

C’était la révélation en 2013: Savages, quatuor noise-rock féminin de Londres sortait Silence Yourself, un premier album vif, intense, nommé au prestigieux Mercury Prize récompensant annuellement le meilleur album britannique. Les quatre femmes ont ensuite pris la route pour présenter sur scène ce premier album et ç’a été le coup de poing total: une performance viscérale hors du commun.

Le deuxième album du groupe, Adore, est sorti en janvier. Nous en avons profité pour faire le point avec la chanteuse et parolière Jehnny Beth, attrapée au téléphone alors que Savages s’apprêtait à faire résonner les murs du Berghain à Berlin.

«En concert, c’est évident que si on ne pense pas pousser plus loin, on s’ennuie de juste aller jouer nos morceaux, dit-elle. C’est pas toujours possible, mais on tente d’aller plus loin, d’amener autre chose et d’évoluer. Quand c’est possible, il le faut. C’est les concerts qui nous marquent le plus en général.»

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photo par TIM

Jehnny Beth, qui est Française d’origine – née Camille Berthomier – et qui s’est installée à Londres pour la musique avec le réalisateur de Savages Johnny Hostile alors qu’elle avait 20 ans environ, a une voix toute douce lorsqu’elle nous parle. En concert, pourtant, c’est la fureur, l’énergie punk qui se déclare chez elle. Savages vise à être percutant, à laisser le spectateur abasourdi. Lorsque vous montez sur scène, devez-vous vous mettre quasiment dans un second état? «Oui, comment dire… on essaie de se concentrer, de se donner une intention, de configurer la salle, regarder un peu le public avant pour savoir comment ça va se passer. On s’échauffe beaucoup, la voix, le corps. C’est physique maintenant puisqu’on fait environ une heure et demie de show. Il faut être ensemble physiquement quoi!»

Et si on la voit se déchaîner sur scène, la chanteuse dit que ce qu’elle préfère de son métier avant tout, ce sont ses moments en solitaire. «L’écriture, c’est ce que j’aime le plus. Quand on est seul et que les chansons prennent vie, prennent forme. C’est un moment très inspirant. On est comme élevé au-dessus de tout. Ça me rend très heureuse d’être dans la création.»

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photo par TIM

Le défi du deuxième album a été relevé avec brio par Savages. Adore est peut-être un peu moins «dans ta face» que Silence Yourself, mais l’énergie qui s’en dégage est tout aussi intense. «C’était une continuité, on ne voulait pas changer le son de Savages, on voulait rester dans la même veine, explique Jehnny. Après, il fallait qu’on trouve certaines idées qu’on avait sur le premier et qu’on avait envie d’amener plus loin. C’est ce qu’on a cherché à faire en studio avec Johnny Hostile.»

«C’est un album plus complexe que le premier et plus nuancé aussi, poursuit-elle. Il va encore plus dans les contrastes, que ce soit dans les noirceurs ou dans l’espérance. Ça va un peu partout, dans le plus intime ou dans l’universel. Y’a une palette assez large, plus large que le premier je crois. Silence Yourself avait une intention de colère, d’exclamation, d’affirmation de soi, il avait envie d’avoir une voix, de se faire entendre, etc.»

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En concert au Théâtre Corona le 2 avril.

savagesband.com