Les Indiens : Les plus lourds de la francophonie
Musique

Les Indiens : Les plus lourds de la francophonie

Spatial et « fucking pesant », le deuxième effort du quatuor stoner rock explore des contrées musicales plus psychédéliques que jamais. Entrevue avec le sorcier intergalactique et leader Guillaume dit Lwazo Sirois. 

Trois ans après Crâne, Les Indiens reviennent à la charge avec Shaman UFO. Un LP hyper loud qui s’ouvre sur la voix prophétique de Bernard de Montréal, un extrait de son improbable conférence sur le Christ cosmique. « C’était un espèce d’ufologue, il est aujourd’hui décédé. Il était dans la même gang que Richard Glenn. C’est des gars qui mélangent la pseudoscience, l’ufologie, le new age, le spiritisme. […] C’était pour donner le ton à l’album qu’on veut cosmique, justement. »

Deux thèmes en apparence irréconciliables se côtoient sur cette nouvelle collection de sept pièces : l’exploration spatiale et la colonisation telle que vécue par les Premières Nations, source intarissable de bonnes idées pour  Guillaume Sirois et sa bande depuis les débuts du groupe. « On s’est intéressés à la colonisation spatiale, à comment ça pourrait se passer, et on a mixé là-dedans l’autre considération qu’on avait : le chamanisme. Un shaman, c’est la personne qui altère ta conscience, qui te transforme d’une certaine façon. » Une proposition artistique pour contrebalancer, c’est ce que Lwazo croit, avec « le monde trop rigide dans lequel on vit présentement. »

Crédit: Jay Kearney
Crédit: Jay Kearney

Pour le premier album, c’est beaucoup Michel Groleau, le bassiste, et moi qui avons précomposé les tunes. […] Cette fois, on a reviré les affaires de bord parce qu’on voulait quelque chose de psychédélique, plus drone, plus pesant. On est partis de jams et tout s’est créé dans le local, les quatre ensembles.

C’est Guillaume Chiasson (Ponctuation) qui signe la réalisation du disque en plus d’avoir procédé à la prise du son et au mixage. Un travail artisanal puisque tout, ou presque, a été enregistré « live » au 1er étage du Pantoum sur des bobines. Une méthode ancienne, mais une contrainte positive, qui pousse les musiciens à se commettre davantage comme le croit le guitariste et chanteur. « On a tapé ça avec sa Tascam huit pistes. Nous, on travaille toujours sur ruban à cause du son un peu Sabbath qu’on veut obtenir. […] On essaie vraiment de se plonger dans des conditions d’enregistrement le plus près possible de ce qu’on aurait pu [vivre dans les années 60-70]. On élimine beaucoup d’affaires. Le drum à Pascal c’est un vieux Ludwig comme Ringo avait, mon ampli date de 71, on a vraiment du vieux gear. »

Alex Beaulieu, le claviériste, se tient aussi pas mal loin des plug-ins et autres synthés contemporains en utilisant un Farfisa VIP 345. Un instrument de confection italienne qui confère une texture résolument rétro futuriste à Shaman UFO.

Frôler la controverse

Forcément, et avec un nom comme ça, Les Indiens s’exposent à des accusations de réappropriation culturelle – désagréables critiques dont ils ont été exemptés jusqu’à présent. « Moi j’ai eu peur de ça. Je partage une maison avec des Innus qui viennent de Natashquan et j’avais quand même un souci à ce niveau-là. Nous autres on fait [notre projet] dans le plus grand respect, mais dans la liberté aussi. On a le droit d’interpréter les choses comme on veut, on est dans un pays libre. En utilisant le mot « indien », on montre qu’on est un peu détachés, qu’on ne prétend pas faire de la musique autochtone ni être des autochtones. »

N’empêche : cette fois ça, le batteur Pascal Asselin pousse l’hommage, l’exercice de style un peu plus loin dans son maniement de baguettes. « Il s’est appuyé sur des techniques existantes, des rythmes traditionnels autochtones. Il utilise aussi beaucoup plus ses toms et ses tambours. » Une nouvelle façon de jouer qu’on pourra apprécier en concert pour ce type, énergique et polyvalent musicien par ailleurs, aussi connu sous le pseudonyme de Millimetrik.

Shaman UFO
(Sexy Sloth)
Disponible le 15 avril

Lancements: le 12 avril à l’Escogriffe (Montréal) et le 13 avril à la Salle Mutli de Méduse dans le cadre des Nuits psychédéliques de Québec