Quai des brumes: une grande famille depuis 30 ans
Musique

Quai des brumes: une grande famille depuis 30 ans

Le 30e anniversaire du Quai des brumes, ça se fête encore! 

«Chaque soir a son histoire. On peut jamais savoir ce qui va se passer. Tout est dans l’imprévisible», lance la gérante du Quai des brumes Elise Bertrand. L’établissement de la rue Saint-Denis, à l’angle de l’Avenue du Mont-Royal est un arrêt clé pour des habitués de tous âges depuis maintenant trois décennies. Fin octobre 2015, les célébrations du 30e anniversaire du Quai des brumes débutent et l’équipe a décidé de fêter sur le long terme. Il y a donc encore des concerts spéciaux ces temps-ci et il y en aura jusqu’à l’automne sans doute. Signe que le Quai est une scène des plus appréciées et un excellent tremplin pour les artistes d’ici: Bernard Adamus, Lisa LeBlanc, Safia Nolin, Patrick Watson et autres artistes y sont loyaux et retournent encore fréquemment sur les planches.

Jules Gauliard Martineau, fils du propriétaire André Martineau et DG depuis quelque temps du Quai des brumes, nous a expliqué la petite histoire de l’établissement. «Mon père a eu d’autres bars avant le Quai, il a été impliqué aux Foufounes électriques par exemple. Il a vu la demande, qu’il n’y avait pas vraiment de bars dans le coin et que la bâtisse ici était en décrépitude. Il a acheté le local au premier étage (aujourd’hui La Rockette) et a amené une foule plus jeune, c’est devenu une discothèque – Stefie Shock était DJ et y’avait des files dans la rue et tout. C’est un des seuls bars où tu pouvais danser et tu pouvais t’éclater dans le coin donc tout le monde venait ici dans les années 1980. Six mois après, il a acheté en bas et il a vu la demande pour les shows donc il a fait une scène. Et il en faisait de plus en plus.»

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Richard Desjardins en spectacle au Quai des brumes en avril 2016, par Flynn Photos.

Aujourd’hui, il y a des spectacles tous les jours et Julien estime que le Quai et la Rockette ont un personnel de 70 personnes – la plupart à temps partiel. Les gens de l’Esco, voisins du Quai des brumes, sont aussi de bons amis. Les trois établissements ont une personnalité et une clientèle propres à chacun, mais tous se mêlent bien ensemble dans ce qu’on appelle aussi le «Triangle des Bermudes».

«Le jour, ça se ressemble un peu plus. On a toujours notre section de vieux habitués qu’on affectionne. On connait leurs enfants… quand ils sont majeurs!», rigole Elise.

«C’est vraiment multigénérationnel comme bar, ajoute Anne Claude Crépin, responsable de la programmation depuis 13 ans. En une semaine et demie, on a fêté un 50e anniversaire, deux 40e et un 30e. Armand Vaillancourt, qui a 85 ans, passe ici régulièrement nous dire bonjour.»

L’immeuble du 4481 Saint-Denis a été construit en 1933 et a toujours été un bar. Jadis, autour des années 1960, c’était la Taverne Lincoln, un établissement pour la communauté gaie, dit-on, et en haut, le Buffet Lincoln, un bar de drague. «J’ai pas de preuve, mais il semble que le premier défilé de la fierté gaie serait parti d’ici dans les années 1960. Souvent, quand tu travailles de jour – j’ai travaillé de jour longtemps en tant que barmaid – tu entends des histoires comme ça. J’ai déjà jasé avec de vieux amoureux qui venaient me raconter que c’est ici qu’ils s’étaient rencontrés dans les années 1960, quand tu ne pouvais pas tellement t’exposer.»

Crédit: Flynn Photos
Crédit: Flynn Photos

Le Quai des brumes a toujours été propice aux rencontres. Au Quai des brumes, tu y retrouves des amis et c’est comme une grande famille. Bon nombre de musiciens y ont d’ailleurs trouvé une seconde maison. Comme on l’a dit plus tôt, le Quai des brumes est un endroit-clé pour la scène musicale. Il faut dire que le deal est bon pour les artistes désirant s’y produire: la salle est prêtée gratuitement, le Quai paye un sonorisateur et les artistes gardent tout l’argent récolté du public.

«C’est gagnant-gagnant, affirme Elise. C’est une bonne vitrine pour eux et pour nous, ils nous amènent du monde et on vend de la bière.»

«C’est un échange de service», ajoute Anne Claude. «Ce que je dis aux bands tout le temps c’est: «Profites-en. Vous avez la scène, faites ce que vous voulez». Je suis pas capable de voir la scène vide. Il faut qu’il y ait du monde. Venez vous exprimer, la soirée vous appartient.»

Les musiciens qui fréquentent le Quai des brumes ne sont pas vus que sur scène. On les voit aussi derrière le bar. Les musiciens sont chez eux, au Quai des brumes.

«C’est le fun de voir cette communauté-là aller. Les musiciens sont souvent dans le projet de l’un ou de l’autre», dit Elise avant que Anne Claude ajoute: «Ça fait 10 ans que je connais Bernard Adamus et tous ses musiciens, je les connais tous aussi parce qu’on les vois ici depuis des années, mais dans des projets différents. Là, ils sont tous ensemble.»

Le Quai des brumes n’est pas qu’un bar de spectacles, les gens se déplacent pour aller y boire une pinte. Comme quoi l’établissement est certainement un point d’ancrage. «Y’a des gens, par exemple, qui font un show à Sorel et qui débarquent ici après. L’autre fois, y’avait un monsieur avec sa mallette et il a dit: «Ah, je reviens du Japon». Tsé, y’est même pas passé chez lui!»

«C’est une grosse famille et y’a une grosse communauté greffée autour de ça. Y’a beaucoup d’amour», conclut Anne Claude.

Voilà pour le mot de la fin. Longue vie au Quai des brumes!

quaidesbrumes.ca