Samito : Métissage naturel
Musique

Samito : Métissage naturel

Samito s’inscrit dans une vague récente de musiciens fusionnant des sonorités électroniques et traditionnelles. Il finalise actuellement son premier album homonyme pour le sortir à la fin mai, alors qu’il devait initialement paraître en 2015. Aux côtés d’artistes tels que Pierre Kwenders et King Abid, il fait partie d’un métissage musical assumé mais en aucun cas forcé.

C’est au Studio La Traque, en plein enregistrement, que je rencontre le sympathique Mozambicain d’origine. Alors qu’il roule sa bosse dans le paysage musical québécois depuis maintenant 11 ans (notamment avec Radio Radio et Nom de Plume), Samito sera son premier album solo. Puisant tout autant dans la musique plus traditionnellement africaine que dans un électro moderne, Samito se veut un digne représentant d’une nouvelle école de pensée que l’on pourrait presque qualifier de post-world. Les savants mélanges musicaux ont le vent dans les voiles ces temps-ci, si l’on se fie aux succès récents d’autres artistes œuvrant dans la même veine.

Pour lui, la fusion entre world et musique électronique n’était pas un but en soi, mais bien une évolution naturelle: «Historiquement, on a souvent séparé la musique ethnique et le reste, mais je pense qu’on est rendus à un endroit où tout ça est tellement accessible, il n’y a plus de barrières précises.» Les notions qu’il soulève sont rudement intéressantes; l’époque actuelle est fortement marquée par un accès universel à des ressources et à de l’information venant de partout. C’est donc inévitable que des styles que l’on concevait anciennement comme hétérogènes finissent par se combiner pour créer de nouvelles classifications.

Alliage cohérent

C’est une chose de mélanger des genres musicaux, mais c’en est une autre d’y arriver avec brio et de percer l’industrie musicale saturée de la scène québécoise. Selon Samito, ce n’est pas par pur hasard que sa musique et celle de Kwenders charment: «Déménager à Montréal m’a amené à l’endroit où je devais être, selon moi. C’est une ville où le multiculturalisme est partout, et ma musique répond d’une façon à ce que je vois et ce qui m’entoure, je crois. Même ailleurs au Québec, l’accueil est chaleureux, et ça se sent dans la réception de notre musique, à mon avis.» Mais le passé musical de notre province n’est pas non plus étranger à l’acceptation à bras ouverts de cette world revisitée.

Bien que les traditionnels chansonniers s’accompagnant à la guitare acoustique et les quatuors rock standards aient marqué le public québécois, Samito cite plutôt l’influence qu’ont eue des groupes comme Les Colocs ou Dobacaracol sur ce dernier. «C’est sûr que leurs mélanges étaient plus près d’un mix ethnique très traditionnel comme on le concevait dans les années 1990 et au début des années 2000, mais on ne peut pas ignorer que ces groupes-là ont eu assez de succès pour ouvrir des portes. Nous, on arrive au bon moment, l’Afrique commence à être vue comme plus cool, on parle de tissus africains, de l’art de ce continent… On est chanceux d’être ici à ce moment précis.»

Photo : Antoine Bordeleau
Photo : Antoine Bordeleau

Lorsque questionné sur le retard inusité qui fait que l’on attend encore son opus initial, Samito l’explique en ces termes: «Le processus du premier album a été assez long. J’ai commencé à travailler dessus il y a cinq ans avec un autre réalisateur, et ça a été très formateur. Mais rendu à la fin, j’étais carrément dans une autre zone. L’album était fini, et on le lancera peut-être d’une autre façon, mais on a décidé de changer de direction l’an passé juste avant la date prévue initialement. Je venais de retrouver Benoît Bouchard, qui réalise maintenant… On a travaillé sur quelques chansons et c’était vraiment plus la direction que je visais. Au même moment, Costume Records a montré son intérêt pour moi, alors c’était comme le parfait timing pour repartir sur des bases neuves.»

Au bon endroit au bon moment, cet album initiateur pour Samito fera certainement des vagues. Espérons que cette tendance de mixologie musicale ne s’essoufflera pas et que l’on aura droit à de nombreux métissages inusités dans le futur.

//

L’album Samito sort le 27 mai 2016. Le lancement de l’album se tiendra le 25 mai au Bar le Ritz PDB en formule 6 à 8.

samito.tv

Mise à jour: en lancement à Québec le 26 novembre au Cercle