Kaytranada au Metropolis : Pétard mouillé
Musique

Kaytranada au Metropolis : Pétard mouillé

Louis Kevin Celestin, faiseur de rythmes de talent, marquera assurément l’été 2016 par son électro pop aux accents R&B et hip hop. Un album fort (99,9%) auquel il ne rend pas justice sur scène. 

Après deux DJ sets franchement pas piqués des vers, et assez de temps pour siroter trois ou quatre bières, Kaytranada se place (enfin) derrière son MacBook et sa console. Devant lui, une foule gagnée d’avance, fans en pâmoison qu’il tient dans sa poche arrière de jeans avant même d’entamer une Track Uno légèrement revisitée par quelques breaks impromptus. Seuls variantes à la version originale.

Je l’admets d’emblée: mes attentes étaient follement élevées pour ce concert qui affichait par ailleurs complet, cette première occasion pour se délecter des nouvelles pièces joyeuses et si cool à la fois du kid-de-St-Hubert-qui-habite-encore-chez-ses-parents. Un phénomène médiatique, l’archétype même du petit génie musical dont les critiques et journalistes comme moi se régalent. La saveur du moment, indéniablement.

En plus, la sortie de 99,9% a été moussée à grands coups de GIFs spectaculaires (signés Ricardo Cavolo), avec un jeu en ligne (!) et ce vidéoclip qui doit faire pâlir Daft Punk d’envie.

Mais les pièces passent, pas forcément dans l’ordre du disque, et on fait vite de réaliser que Celestin n’a pas le charisme d’un grand entertainer. Il se contentera d’enchaîner une chanson après l’autre, entremêlées de retailles de beats et autres chansons incomplètes, sans jamais s’adresser au public. Pas un « Salut Montréal », ni un ‘Thanks for having me ». Rien du tout.

Il ne sera jamais rejoint par Vic Mensa, AlunaGeorge, Phonte ou SYD (on osait en rêver) ni par un vocaliste remplaçant question de jazzer un peu le truc, insuffler à ce concert drabe un peu de vie. Pas de bassiste non plus, ni de batteur ou quelconque autre percussionniste. Le musicien restera seul, sans clavier ou quoi que ce soit d’autre qu’un petit équipement standard de DJ, devant cet écran trop petit éclairé par une faible portion des œuvres que Cavolo a réalisées sur-mesure. Même au niveau des projections, c’était décevant!

N’empêche, on continuera d’écouter cet excellent album en boucle.

// Mise à jour, 21 mai à 9h: Au fait, c’est moi qui signe la critique dithyrambique de l’album paru le 12 mai dernier. Un texte qui mettra peut-être les choses en perspective.