Tue ce drum Jeremy Gara
Musique

Tue ce drum Jeremy Gara

Le batteur d’Arcade Fire Jeremy Gara vient présenter à MUTEK son premier album solo, une facette musicale électro expérimentale inattendue et surprenante.

On connait Jeremy Gara pour son travail au sein de la populaire formation indie-pop Arcade Fire ainsi que pour ses multiples collaborations auprès de divers groupes tels que Weights & Measures et Kepler, mais bien peu connaissent son affection pour la musique électronique ambiante. Avec l’album Limn, paru tout récemment sur l’étiquette NRCSS Industry, le batteur et multi-instrumentiste d’Ottawa entreprend un virage radical en proposant une musique électronique de facture expérimentale, plongeant l’auditeur dans un paysage sonore dense et abstrait, où les structures rythmiques sont quasiment absentes. «C’est un travail qui est complètement à l’opposé de celui que je fais avec Arcade Fire ou les groupes avec lesquels j’ai collaboré», précise Jeremy Gara. «J’ai grandi en écoutant du métal et de la musique expérimentale et quand je peux, je reviens à ces premières amours. Donc quand je me suis lancé dans cette aventure, j’ai été plus vers la musique que j’écoute et non celle que je joue avec Arcade Fire ou dans différents groupes. Je crois aussi que ça va totalement à l’encontre de ce que je fais d’habitude; il n’y a pas de rythmes, pas de batterie. Il n’y a même pas de structures, c’est plutôt une sorte de musique improvisée que j’ai construite et montée d’une façon que je trouve intéressante, qui me parle.»

Pour la création de Limn, Jeremy Gara ne s’est pas mis de barrières ni de contraintes et s’est plutôt laissé porter par la musique. «Je ne voulais pas m’imposer de normes, je ne voulais pas tomber dans les structures de la musique pop donc je me suis juste laissé aller en improvisant et j’ai gardé ce qui me plaisait. Quand je ressens une émotion, je me dis que ça y est», révèle celui qui admet être inspiré par des artistes tels que le norvégien Helge Sten et son projet Deathprod. C’est d’ailleurs à lui que le populaire batteur a confié le matriçage de son album. «C’est la seule personne en qui je faisais confiance pour intervenir dans ce projet», confie Gara qui concède du même souffle avoir trouvé tout le processus créatif très gratifiant. «C’est la première fois que je prends vraiment du temps pour travailler sur ma musique et non celle des autres et j’ai trouvé cela sain. J’ai travaillé avec un peu de tout; je trimballe toujours quelques instruments et un peu d’équipement lorsque je suis en tournée avec Arcade Fire et quand j’en ai l’occasion, j’enregistre des sons sur le terrain ou alors j’improvise quelques trucs dans ma chambre d’hôtel ou chez moi. Il s’agit en grande partie de matériel que j’ai accumulé au fil des ans, divers sons et musiques. Là, j’ai tout réuni ça et j’ai plongé dedans!»

Lorsque Jeremy Gara montera sur scène dans le cadre de la série Nocturne de MUTEK vendredi prochain au MAC, ce sera seulement la troisième fois qu’il interprètera son album live. «Je l’ai joué au lancement à Montréal et il n’y a pas longtemps à New York. Contrairement au disque, il y peu de place à l’improvisation en version live. Je reste assez fidèle à ce que j’ai enregistré sauf que je suis toujours prêt à saisir le moment», reconnaît le musicien. «Je suis un peu nerveux, mais je dois dire que je suis absolument excité de jouer à MUTEK. Je me suis toujours dit que s’il y a un endroit où je voudrais jouer ma musique, c’est bien à ce festival que j’admire et que je suis depuis longtemps.»

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MUTEK: Que voir?

Entre les événements au Métropolis, ceux au Musée d’Art Contemporain, le volet plus audacieux des A/Visions à la salle Pierre-Mercure, les séries gratuites Expérience au Parterre du Quartier des spectacles ainsi que le Piknic Électronik, le Boiler Room à la SAT et quelques autres activités, voici certaines suggestions pour bien apprécier cette 17e édition du festival de créativité numérique et de musiques électroniques.

– Mercredi 1er juin, le festival démarre avec la Suissesse Aïsha Devi qui propose une musique techno abstraite, épicée d’influences indiennes et népalaises et aux visuels déstabilisants. Il pourrait s’agir là de la révélation de cette édition 2016.

– Le duo musique A/V franco-japonais Nonotak est de retour pour présenter sa nouvelle œuvre. Attendez-vous à du visuel assez exceptionnel le 3 juin à la salle Pierre-Mercure.

– Le groovy et ingénieux londonien Romare, nouveau coup de cœur de Ninja Tune, sera le 3 juin au MAC.

Essaie Pas à MUTEK? Et pourquoi pas? Voyez de quoi le duo montréalais récemment endossé par le réputé label DFA est capable sur scène le 4 juin au MAC.

– La techno-punk corrosive et martelante du Britannique Powell le 4 juin au MAC.

– Le pianiste classique et producteur techno luxembourgeois Francesco Tristano sévit autant sur Deutsche Grammophon que sur Get Physical. Un double emploi qui intrigue et séduit à tous coups. Le 4 juin au Métropolis.

– Toute la soirée de clôture du 5 juin au MAC avec – entre autres – la micro-house mélodique et pétillante duo berlino-montréalais Chic Miniature (Guillaume Coutu-Dumont et Ernesto Ferreyra), le combo jazz électro-organique Flanger qui vient présenter en première nord-américaine son nouvel album et la première du projet électro-jazzy du montréalais d’origine jordanienne Ohm Hourani.

mutek.org/en/montreal/2016