Tegan and Sara: persévérance pop
Les soeurs Tegan and Sara poursuivent la route pop avec Love You To Death, un huitième album.
Les soeurs Quin s’étaient lancées dans un grand virage pop assez sucré avec Heartthrob en 2013. Le pari ayant porté fruit avec des ventes d’album dans les six chiffres en Amérique du Nord, elles poursuivent l’exercice avec Love You To Death, réalisé comme son prédécesseur par la machine à hit Greg Kurstin (Hello d’Adele, Chandelier de Sia).
«On n’est pas du genre à rester prudentes alors on voulait définitivement pousser la recette gagnante, explique Tegan au bout du fil. Avec Heatthrob, on a adoré l’expérience et où ça nous a amenées. L’album a semblé avoir un impact sur bien des gens mais en même temps, on sentait que le côté «edgy» et les vulnérabilités associées à Tegan and Sara étaient un peu polies. Avec ce nouvel album, on a donc tenté de retrouver tout ça tout en maîtrisant le son pop.»
Propulsé par des synthétiseurs à saveur 80s et 90s, Love You To Death est une oeuvre électropop qui ne contient pratiquement aucune trace de six cordes. Le réflexe de composer à la guitare n’est plus. Même si des fans de longue date ont quitté le bateau après Heartthrob, nostalgiques de leurs débuts alors qu’elles évoluaient dans du folk acoustique, Tegan et Sara ont énormément évolué en 17 ans de carrière. Ayant le talent de composer des chansons accrocheuses aux thèmes universels, Tegan and Sara embrassent aujourd’hui la pop commerciale et le public s’agrandit.
Si sa soeur Sara parlait du désir de jouer un jour dans un Madison Square Garden à guichets fermés dans un long entretien avec BuzzFeed, Tegan nuance les propos de sa soeur. «Quand on parlait de notre ambition et d’atteindre un niveau où on pourrait jouer dans des arénas, c’était plus par rapport à vouloir jouer devant des publics plus grands et avoir un succès commercial pour ainsi diversifier la musique commerciale. L’aréna en soi n’est pas vraiment important, c’est plus par rapport au public. J’ai sous-estimé à quel point c’est important pour la longévité de notre carrière de jouer dans des salles et des publics de différente grosseur. Chaque jour est une aventure. Pour les gros artistes qui font des tournées d’arénas, c’est le jour de la marmotte. Chaque jour est pareil et la salle est pareille. Ça ne veut pas dire qu’ils ne sont pas heureux, mais je me sens chanceuse qu’en 17 ans de carrière, on a fait toutes les sortes de gigs imaginables. Ça nous rend travaillantes et humbles.»
Tegan and Sara embrassent leur longévité, donc. Mais puisque être dans un band avec sa soeur jumelle pendant 17 ans, ça doit pas toujours être un cadeau, Sara Quin s’ouvre à propos de leur relation sur ce nouvel album. Sur White Knuckles, en milieu d’album, elle avoue en être venue aux coups avec Tegan (un épisode survenu il y a quelques années, précise cette dernière) et sur 100X, elle chante «I need out on my own / I don’t want to live this way».
«C’était une période difficile où on travaillait trop, confie Tegan. Quand on se sent comme ça, c’est facile de s’en prendre à la personne la plus proche de soi. On était en tournée et Sara passait à travers une rupture. C’était émotif.»
Mais n’ayez crainte, c’est chose du passé et Tegan explique en riant qu’après tout, la toute première chanson qu’elles ont lancée, Divided en 1999, était à propos de ne plus vouloir être dans un groupe ensemble.
Tegan explique que pour Love You To Death, elle a voulu, de son côté (puisque les soeurs écrivent séparément) éviter de parler de choses trop précises en y allant plutôt avec un regard introspectif sur ses comportements. «Stop Desire parle du fait que je veux toujours les choses que je ne peux pas avoir. That Girl est à propos de ma tolérance à certains comportements. Mes chansons ne sont pas à propos d’une rupture ou d’une personne en particulier, c’est un regard profond sur ma personne et sur la façon dont je me comporte dans les relations personnelles et romantiques. Je sens que j’ai profité de peines d’amour et de relations dans le passé et je me suis sentie coupable à propos de ça.»
Et pour ce qui est de Boyfriend, premier simple qui tourne beaucoup à la radio ces temps-ci et qui parle d’une fille très attachée à une autre alors que celle-ci fréquente aussi un gars. Le choix de ce premier simple à la thématique de triangle amoureux bisexuel a-t-il été crucial?
«En fin de compte, c’est une chanson d’été vraiment entraînante où l’on parle de quelqu’un qui te traite comme si vous étiez dans une relation sérieuse et que tu veux que ça marche. C’est un thème universel. Sara utilise le mot «boyfriend» parce que la fille qu’elle fréquentait à l’époque sortait aussi avec un gars. On est encore en 2016 et je crois que les temps ont changé et on est plus progressifs. Le mainstream peut certainement accepter une chanson comme ça donc je ne suis pas trop inquiète!»
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Love You To Death est disponible ce vendredi 3 juin.
Tegan and Sara seront en concert le 29 octobre au Métropolis et le 30 octobre au Théâtre Capitole.