AlunaGeorge : La patronne de la pop
Musique

AlunaGeorge : La patronne de la pop

En plein contrôle de sa direction artistique, qu’elle assure souvent elle-même, la chanteuse britannique Aluna Francis conçoit un R&B électro irrésistible en tandem avec le compositeur et beatmaker George Reid.

La musique d’AlunaGeorge est un cadeau pour les DJ du monde entier. Fraîche et dansante, l’œuvre s’inscrit dans le même renouveau garage que Disclosure – des amis qu’ils ont par ailleurs aidés à mettre sur la carte avec la pièce White Noise en 2013. Copié à outrance depuis la sortie de Body Music la même année, le duo aborde la pop avec une esthétique futuriste et se distingue de ses émules grâce à la voix aussi charnelle qu’enfantine d’Aluna Francis. Un contraste fort, une contradiction en soi, qui lui a valu des «featuring» sur les récents albums de Kaytranada et Flume.

L’invitée vedette des beatmakers les plus en vue du moment n’a, toutefois, jamais aspiré à pareille reconnaissance commerciale. Elle n’a, pour ainsi dire, jamais rêvé d’être une pop star. «Mes groupes préférés sont Radiohead, PJ Harvey, ce genre de trucs. Je ne m’identifie pas aux musiciens actuels parce que je suis une fille noire d’Angleterre. Il n’y a pas de lien entre la pop et les trucs que j’aime.»

AlunaGeorge
AlunaGeorge (Photo: Lloyd Pursall, courtoisie FEQ)

Gamine, elle a plutôt flirté avec la musique classique et… ecclésiastique! «Je chantais à la petite église quand j’avais cinq ou six ans, et aussi toute seule dans ma chambre. J’inventais des chansons, tout ça. Quand j’ai eu huit ou neuf ans, ma mère m’a inscrite à des leçons de guitare avec un vieux monsieur qui m’enseignait la guitare classique. C’était super plate. Quand j’ai eu treize ans, j’ai suivi des cours de piano pendant environ deux ans.»

Acte d’indépendance

À l’instar de sa regrettée compatriote Amy Winehouse, Aluna Francis cultive une certaine aversion envers les modes musicales, même si ce qu’elle crée avec George Reid est totalement en osmose avec notre époque, à l’avant-garde même. «C’est très difficile de rester à la page avec autant de nouvelles musiques. Je pense qu’on est moyennement actuels, pas tant que ça. Ça ne m’intéresse pas vraiment, ce que les autres font, la plupart du temps. Je ne suis pas trop excitée par le travail de mes contemporains. En tout cas, c’est vraiment rare.» Questionnée sur ses influences comme chanteuse, elle répondra du tac au tac: «Radiohead, Etta James, Billie Holiday.»

Aluna n’est pas la marionnette de George. Artiste à part entière, et femme d’opinions, elle a pavé sa propre voie et fait ses dents au sein du groupe My Toys Like avant de rencontrer son complice de l’ombre. «Je suis généralement impliquée dans la production, l’écriture des paroles et les mélodies vocales.» D’ailleurs, elle a aussi son mot à dire au rayon fringues, une part importante du projet, particulièrement dans les vidéoclips. «À ce stade-ci, on a un styliste permanent. […] Je fais aussi beaucoup de direction artistique moi-même.»

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AlunaGeorge est un laboratoire artistique en soi, un terrain de jeu exploratoire pour la musique (bien sûr), mais aussi pour la mode. Un souci du détail extrême mis au service du soul, du groove et de la création pure.

Mercredi 13 juillet à 19h30
Plaines d’Abraham
(Dans le cadre du Festival d’été de Québec)