FEQ, Jour 1: l’étoile du match à Francesco Yates
Nos laissez-passer sont déjà rentabilisés avec le tiers du triple-plateau, cette performance inoubliable et électrisante du Torontois Francesco Yates.
Ce nom-là, vous allez le réentendre à outrance, juxtaposé à ceux de Michael Jackson et Justin Timberlake. Peut-être même de Bruno Mars. Dans deux ans, ou peut-être même six mois, on se surprendra d’avoir vu jouer ce gars-là en première partie de Karim Ouellet, devant une foule clairsemée au Parc de la Francophonie.
Aux Olympiques du chant, Francesco Yates donnerait la médaille d’or au Canada. Haut la main. Avec son registre vocal extrêmement large, l’auteur-compositeur-interprète passe des (très) aigus aux graves avec une aisance qui déconcerte. Une voix de quasi castrat qui se mue parfois en notes extrêmement basses dans l’espace d’une seul vers, sans même qu’il ait à reprendre son souffle. Rare sont les vocalistes, même professionnels, qui jouent dans la même ligue que lui. C’est du gros calibre.
Petit prince du R&B sur disque, sur un premier EP déjà charmant paru l’automne dernier, Yates se révèle sous un jour pas mal plus rock en concert, notamment dans le réarrangement de sa pièce Change the Channel coécrite avec Pharrell Williams. Le bridge, à lui seul, nous a révélé un guitariste surprenamment solide, techniquement impeccable et capable de folles fantaisies qui galvanisent les foules.
De la soul au rock en passant par le funk et les balades en mode solo piano (y’a-t-il quelque chose qu’il ne sait pas bien faire?), Francesco Yates impressionne par son intensité, la qualité pop de ses chansons, ses pas de danse, ses chorégraphies. Quand le perfectionnisme se met au service du don de quelqu’un comme lui, ça crée forcément des moments magiques.
La constance du jardinier
Comme d’habitude, la bien-aimée vedette locale a joué devant un public conquis d’avance, des admirateurs loyaux qui raffolent de sa pop métissée follement originale, ses textes de velours. Ce mélange si distinctif de chanson, reggae (la nouvelle version de La moindre des choses était délicieuse!) et de hip hop qui ne pourrait qu’être rendu possible par un grand esprit créatif.
Cette fois, en plus, le Labeaumien était entouré de cuivres (le trompettiste Thomas Hébert de Misteur Valaire, un saxophoniste répondant au nom de Bob), des percussions de son énergique collègue de label King Abid, du batteur Olivier Beaulieu (I.No), de la basse de Guillaume Tondreau, de deux choristes, de violons (attendrissante Marie-Jo) et… d’un Claude Bégin en bédaine dans une balle de hamster géante translucide. La totale, quoi.
Un spectacle des plus joyeux qui s’est terminé par une version euphorique de Karim et le Loup avec des ballons de plages géants, un King Abid en feu, la chorale de L’École de l’Escale et du Plateau de Charlesbourg. On se serait cru à Disneyworld!
Sous-estimée Laurence
Toute en voix et en shorts, la chanteuse et productrice Laurence Nerbonne s’est démenée devant un public injustement glacial. Fidèle à elle-même, à la performance qu’elle nous avait donnée aux Francos à la fin juin, l’inébranlable musicienne a livré son rafraîchissant XO avec la même précision que sur l’album. Un exercice d’humilité pour cette artiste aux textes tout sauf gnan gnan, armée de beats prenants et de mélodies accrocheuses.
// À voir ce soir: Pierre Kwenders à Place d’Youville dès 22h