Avec pas d'casque : En paix avec pas d'casque
Musique

Avec pas d’casque : En paix avec pas d’casque

De retour sur disque avec Effets spéciaux, le groupe folk montréalais Avec pas d’casque tente une approche vers la lumière.

«On a vraiment un public réceptif et attentif. Y a eu un moment récemment où on jouait sur scène et j’étais intimidé. Agréablement intimidé, là!», lance Joël Vaudreuil, batteur de la formation Avec pas d’casque. L’effet apaisant du folk du quatuor montréalais se vit mieux en formule intimiste, dans de petites salles où il y a davantage une communion entre le groupe et le public. Ou bien «dans la nature jusqu’au cou», à l’Anse à la barque à Tadoussac ou au Quai de Baie-Saint-Paul, par exemple. Idéalement, il faut que la scène et l’espace rendent bien la magie sereine que dégage la musique d’Avec pas d’casque. «Ça ne nous servirait à rien de devenir un groupe qui joue dans des immenses salles où on est loin du public», ajoute Joël, également illustrateur et cinéaste, qui a appris à jouer de la batterie au sein de ce groupe formé au début des années 2000.

Le premier album d’Avec pas d’casque chez son label Grosse boîte, Trois chaudières de sang, était lo-fi pas à peu près. Stéphane Lafleur, chanteur, guitariste et parolier du groupe, s’étouffe dans son café quand on mentionne qu’on a réécouté cet album récemment. «On l’avait fait dans mon salon avec deux micros très cheap, dit-il. C’était ça, les moyens à ce moment-là, et c’était ça l’esthétique qui venait avec l’inexpérience. Avec le temps, on fait semblant qu’on sait ce qu’on fait. On le sait un peu plus à chaque fois. Mais y a aussi une part d’improvisation et d’essais-erreurs.»

Au fil des années, d’album en album, le public québécois s’est accroché de plus en plus à la poésie éloquente de Stéphane Lafleur et à la finesse des musiques qui l’entoure. Astronomie, sorti en mars 2012, a eu un succès d’estime important (remportant entre autres le Félix du Prix de la critique cette année-là), sa durée de vie a été plus longue que ses prédécesseurs et son impact a été faste. Le public s’est senti interpellé par les textes d’Astronomie qui, quoique écrits bien avant le Printemps érable, ont eu une forte résonance dans ce contexte social particulier. Cet album aura donc permis à Avec pas d’casque de monter quelques marches.

«On a toujours fonctionné par bouche-à-oreille et, inévitablement, depuis le début, je vois une croissance organique qui n’est pas rapide, mais qui est plus naturelle et gérable», dit Stéphane, avant que Joël ajoute: «C’est pas comme si on était allés jouer en région dans une salle où y avait cinq personnes et la fois suivante c’était 5000. En général, y a six personnes de plus à chaque fois!»

On arrive donc à ce quatrième effort, Effets spéciaux, mis en place une fois de plus avec les musiciens Nicolas Moussette (lap-steel, basse) et Mathieu Charbonneau (claviers, baryton). Ce dernier, qui a joint les rangs d’APDC il y a quelques années, prend plus de place cette fois-ci. «Il est arrivé par la porte d’en arrière à la fin de la tournée de Dans la nature jusqu’au cou (album sorti en 2008). Sur Astronomie, il est là beaucoup, mais de façon discrète. Là, on voulait que le clavier soit assumé, que ce soit pas juste des synthétiseurs en arrière qui accompagnent, mais plutôt des vraies partitions.»

Si l’on retrouve sur Effets spéciaux ce rythme lent qui caractérise si bien le groupe, il y a aussi sur l’album quelques éclats plus «exotiques» – si l’on peut dire – alors que débarquent, par exemple, des bols tibétains sur l’un des titres. «On a exploré pour le fun, dit Joël. Nicolas a amené les bols tibétains. On a essayé et c’était parfait pour la chanson.» Puis, à un autre moment, ce sont les congas qui résonnent sur Derviches tourneurs, le premier extrait du disque lancé en mai, et sur un autre titre.

En Europe, derviche tourneur désigne un membre de l’ordre musulman Mevlevi qui danse la samā‘, performance lors de laquelle il tourne en rond à la manière d’une toupie. «J’en ai vu en Turquie, précise Stéphane. Quand tu vois ce genre de spectacle, t’es étourdi pour eux. Ils tournent et tournent sur place pendant une heure. Et c’est un peu comme ça que je me sentais au moment d’écrire la chanson! Ça représente le moment quand la tête arrête de tourner.»

S’il dit ne pas avoir eu d’agenda ou d’objectif précis pour la confection de ce nouvel album, Stéphane Lafleur dévoile qu’il y a une constante dans son désir d’évoquer le paisible, la lenteur, la paix d’esprit. «Ce qui planait au-dessus des chansons, c’est plus une thématique autour de ‘‘trouver une tranquillité’’. Les mots lumière et lentement reviennent pas mal.»

«C’est mieux que mort et sang!», lance Joël, faisant référence au fameux Trois chaudières de sang.

Allez en paix avec pas d’casque.

Effets spéciaux (Grosse boîte)
Disponible le 2 septembre