Annette Peacock à POP Montréal: De la visite rare
Musique

Annette Peacock à POP Montréal: De la visite rare

La voix d’Annette Peacock résonne dans mon téléphone et je suis heureux! Heureux que POP Montréal ait eu l’excellente idée de l’inviter à venir nous la faire entendre en concert, cette voix si distinctive, et heureux que la compositrice se rappelle ainsi à notre souvenir, elle qui a tendance à se tenir trop souvent hors de la portée des projecteurs.

J’ai découvert Annette Peacock en 1978, sur le disque de Bill Bruford Feels Good To Me, mais elle s’était déjà fait connaître des amateurs de jazz d’avant-garde au début des années 1960 auprès d’Albert Ayler. Elle est aussi une pionnière de l’utilisation du synthétiseur Moog (elle a réédité en 2014 sous le titre I Belong to a World That’s Destroying Itself son premier disque, Revenge, enregistré avec Paul Bley et sorti en 1971). «J’aime beaucoup l’idée de devoir construire le son à partir d’une simple vibration électrique, travailler son timbre, etc. C’est bien différent d’un piano qu’il suffit de toucher pour faire un son!»

Elle est créditée comme étant la première à avoir utilisé un synthétiseur pour modifier sa voix (qui est déjà exceptionnelle!). On peut entendre le résultat de ses expérimentations sur son deuxième disque: I’m the One (1972). Cet enregistrement fit une grande impression sur David Bowie, qui chercha à embaucher la pianiste/chanteuse pour son disque Aladdin Sane (1973). «Je ne voulais plus être un sideman», dit-elle, ajoutant en riant: «Mick Ronson (guitariste de Bowie) m’avait dit «laisse tomber, il va te voler tous tes trucs!»».

Plutôt que de joindre la bande à Bowie, Annette Peacock a joint la Juilliard School of Music pour des études en composition. «Je composais depuis l’âge de 4 ans, mais j’étais autodidacte… Ma mère était une musicienne d’orchestre et j’ai entendu de la musique toute ma vie, mais elle a décidé que c’était impossible de m’enseigner alors je me suis débrouillée toute seule, ce qui est fantastique!» Je ne peux réprimer une référence à son hit My Mother Never Taught Me How To Cook, ce à quoi elle répond: «Non… elle ne m’a jamais rien appris, elle me laissait tranquille!».

Annette Peacock a été passablement active durant les années 1980, mais après un huitième disque solo (Abstract-Contact) en 1988, elle a pris une pause de… 12 ans! «Mon mariage n’allait plus, et puis il y avait des étiquettes intéressées par ma musique, mais il aurait fallu tourner, et j’étais trop débalancée, émotionnellement, pour embarquer là-dedans. Je suis revenue aux États-Unis et je me suis dit que j’allais simplement composer pour le plaisir… C’est quand on sort un disque que les ennuis commencent! Et puis j’ai vraiment l’impression de toujours arriver trop tôt. Mes disques marchent 15 ou 20 ans après leur sortie! Alors aussi bien prendre une pause.»

C’est l’étiquette ECM qui nous l’a ramenée en 2000 avec le disque An Acrobat’s Heart, en l’attirant avec une commande pour quatuor à cordes. En 2006, le duo électro Coldcut l’a invitée sur son disque Sound Mirror pour la pièce Just For The Kick; «Je ne les connaissais pas, mais c’est ma fille qui m’a dit: «Oh! Oui, il faut que travailles avec ces gars-là!»».

On ne l’a pas vue à Montréal depuis le début des années 1970, alors qu’elle était venue avec Paul Bley. «Je m’en souviens bien parce qu’il faisait un froid très sec, et la ville était si belle! Alors quand on m’a invitée, j’étais très heureuse de pouvoir y revenir.» Elle se produira en solo et parcourra tout son catalogue, dont, très probablement, des pièces d’un album à venir plus tard cette année. À ne pas manquer!

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POP Montréal, du 21 au 25 septembre 2016

Annette Peacock en concert le 25 septembre à 20h à la Fédération Ukrainienne