Dear Criminals en liberté
Musique

Dear Criminals en liberté

Alors que se trace à l’horizon un énième projet où sa musique croisera les 6e et 7e arts, le trio Dear Criminals propose un autre concert hors des sentiers battus. 

«On aurait pu se planter, mais aujourd’hui, on peut dire officiellement qu’on ne va pas se planter», dit Charles Lavoie. Le chanteur et guitariste de la formation électro minimaliste Dear Criminals confirme que la vente de billets va bon train pour son concert à venir à l’Église Saint-Jean-Baptiste. Le trio sera alors entouré d’une chorale de 150 jeunes de l’école Joseph-François-Perrault, là où Frannie Holder (chanteuse et multi-instrumentiste) et Vincent Legault (guitares et claviers) ont fait leurs études secondaires.

Le risque financier d’un tel concert est assez imposant considérant que le groupe s’autoproduit, mais Dear Criminals est persuadé qu’un réinvestissement dans son art ainsi que l’offre d’un concert hors de l’ordinaire lui assurent une visibilité et un intérêt du public. Toutefois, dans le passé, c’était à plus petite échelle. «On avait fait une soirée huîtres et champagne à volonté à un moment donné!, lance Frannie. Ce genre de concert nous coûte quelque chose, mais c’est vraiment une autre expérience pour les gens dans la salle. Au début, on faisait des trucs comme ça et maintenant, les risques sont devenus plus grands.»

Le groupe sentait qu’il y avait assez d’intérêt envers lui – un concert présenté à guichets fermés en mars et plein de projets pour la scène, le cinéma et la télé – pour s’offrir un tel concert à l’Église Saint-Jean-Baptiste. «C’est une question de momentum et d’avoir cette lucidité de dire: «là, c’est le bon moment», dit Charles.

Alors que celui-ci et Frannie étaient en tournée en Italie il y a quelques mois, Vincent a commencé à composer des arrangements pour chorale. «Je faisais ça parce que j’avais rien à faire!, dit-il à la blague. Finalement, quand ils sont revenus, j’avais 10 tounes.» La chorale sera présente pendant environ la moitié du concert et, quoique imposante, «l’idée n’est pas d’en faire la chorale de l’Armée rouge, poursuit-il. On veut ça subtil, que ça se mêle vraiment avec le spectacle.»

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Ce concert à l’église n’est pas si fou que ça puisque c’est un lieu hors de l’ordinaire, mais avec l’acoustique parfaite pour l’intimité des musiques de Dear Criminals et les voix harmonieuses de Charles et Frannie. Le groupe souhaite d’ailleurs un jour faire une tournée de chapelles. C’est cette ambiance chaleureuse, celle bulle bien spéciale que créé Dear Criminals en concert qui plaît chez le public et, de plus en plus, chez les créateurs québécois. Depuis quelque temps, le groupe est appelé à composer pour le théâtre (Les lettres d’amour de David Bobée), la danse (Things Are Leaving Quielty, In Silence de Frédéric Tavernini), le cinéma (Nelly d’Anne Émond) et maintenant la télévision (Fatale-Station de Rafaël Ouellet) et apparaît même souvent sur scène, aux côtés d’interprètes comme Macha Limonchik par exemple.

«On se lance dans le vide depuis un an. C’est le fun et ça se passe bien, dit Vincent. Parfois, on se réveille et on se dit: quessé qu’on fait là?! À un moment donné, il fallait finir la musique d’un film en ayant des répétitions de théâtre et il fallait faire un pitch pour un show télé…» «Tout en revisitant Le sacre du printemps pour un show de danse contemporaine!», ajoute Frannie.

Travailler avec les autres, disent-ils, est hyper enrichissant. Les trois musiciens s’alimentent mutuellement et unissent leur vision à celle d’autres créateurs, nous explique Charles. «On est souvent isolés dans notre petit monde de la musique et on ne se rend pas compte de tous ces artistes qui travaillent autour de nous. Y a tellement de dimensions au milieu artistique et tellement de gens qui collaborent.»

Dans tous les cas, les créateurs (qu’ils soient cinéastes, chorégraphes, metteurs en scène) engagent le trio avant tout parce qu’ils aiment l’ambiance de Dear Criminals. Mais reste que contrairement aux chansons qu’ils mettent sur disque, la musique créée dans ces cadres est une commande et les musiciens n’ont pas nécessairement carte blanche. «Il faut essayer de vraiment rentrer dans la tête du créateur et parfois, c’est pas exactement ce qu’on aurait fait», dit Frannie, avant que Vincent ajoute: «Mais puisqu’ils nous engagent pour notre son, on sait que c’est ce qu’ils veulent, donc on ne part pas de zéro.»

Ces collaborations poussent donc Dear Criminals à aller chercher d’autres références et à expérimenter dans des terrains moins connus. «Ça nous a amenés ailleurs, dit Frannie. Dans les nouvelles chansons qu’on écrit en ce moment, on se permet un peu plus de sortir de la formule chanson parce qu’on a exploré tellement d’autres choses et on a été forcés à faire des exercices de style.»

Le groupe, qui a sorti trois mini albums entre 2013 et 2015, évolue donc au gré de ses collaborations. «Quand tu touches juste les surfaces de tes propres ambitions, souvent, tu ne vas pas aussi loin que si quelqu’un te demande d’aller à tel ou tel endroit, dit Frannie. Et on est dans le meilleur des deux mondes, parce qu’on ne travaille pas juste pour les autres. Pendant ces projets, on écrit pour nous.»

Après le show à l’église et la composition pour la série télé, Dear Criminals préparera un projet avec l’Opéra de Paris prévu pour janvier 2018, ce qui devrait amener le groupe encore plus loin dans la création.

En concert à l’Église Saint-Jean-Baptiste avec le Chœur JFP
Le 16 septembre à 20h

dearcriminals.com