Fjord: Laisse fondre la glace
Musique

Fjord: Laisse fondre la glace

Interprétations sensuelles et lignes de claviers froids font corps pour un choc thermique musical, une bouffée d’air pur.

Depuis leur condo / studio de la rue des Franciscains, petit royaume du meuble scandinave mid-century modern, les garçons de Fjord bricolent des chansons de A à Z, des beats à la production. Ils savent tout faire.

Entièrement indépendant, même si Thomas Casault (chant) et Louis-Étienne Santais (synthés) ont établi des partenariats avec des gérants, des relationnistes et des tourneurs, le duo garde son calme devant les avances des maisons de disques et des compagnies d’édition. Ils prennent leur temps, ils ne feront aucune concession sur leur liberté créative. « Souvent, les deals ne sont pas en faveur des artistes, défend Louis-Étienne, homme d’affaires dans l’âme et diplômé en finance. Avant d’avoir un pouvoir de négociation, tu vas presque toujours te ramasser à signer n’importe quoi. » Ils ne ressentent aucune presse, l’argent rentre, quoi qu’en dise certains de leurs pairs, avec les millions d’écoutes qu’ils ont récoltées via Spotify. « Il y a beaucoup de fausses informations qui circulent, qui est véhiculée même par des médias sérieux [à ce sujet]. Ce n’est pas si pire qu’on le dit, évidemment ça joue sur le volume, mais nous on est facilement capables d’autofinancer Fjord avec [les redevances qu’on reçoit]. »

(Crédit: Samuel St-Onge Dostie)
Photo : Samuel St-Onge Dostie

Louis-Étienne : « Je veux faire un disclaimer. Ça se fait vraiment en deux étapes. On n’écrit pas en passant à la mise en marché. En studio, on est des artistes, c’est notre espace de création. Au sortir, quand on a fini, c’est là qu’on pense à la commercialisation. »

Le reste du temps, et pour payer l’hypothèque, le vocaliste opère un resto de sushis, le sien, à Cap-Rouge quand il n’est pas en train de composer des jingles publicitaires à la maison avec Louis-Étienne. Avec 55 Nord, leur compagnie parallèle fondée il y a environ un an, les deux musiciens sont amenés à travailler pour une variété de clients dont Les Grands Feux Loto-Québec. Un gros défi qu’ils ont relevé à l’aube de la belle saison comme nous le raconte Thomas. « C’était vraiment un mandat spécial. [On devait mettre en musique] les différentes soirées thématiques, il fallait exposer les six styles musicaux en trente secondes avec une ligne directrice cohérente. Jusqu’ici, ça a été à la fois notre contrat le plus difficile et le plus l’fun. »

Boucler la boucle

Textures, leur deuxième EP, compte un total de six morceaux et marque la fin d’un cycle. C’est l’occasion de figer dans le temps, de regrouper quatre singles (dont le très populaire Blue réalisé par Claude Bégin) sortis au compte-goutte dans les 21 derniers mois. Le mini-album se complète avec deux œuvres inédites, notamment I Get It Now, un pur moment de grâce immortalisé à jamais par le micro de Louis dans des conditions toutes sauf idéales. « C’était l’année passée en revenant de M pour Montréal. C’est un one take, on n’a jamais réussis à en refaire une bonne de même, mais la prise de son est vraiment broche à foin parce qu’on était en train de composer. […] On était vraiment en création et vedge. On a fait jouer la tune, on a parti le micro, Tom était à l’autre bout de la pièce, assis en indien, sans écouteur… C’est contre tous les principes de recording, faire ce genre d’affaires-là. »

(Crédit: Samuel St-Onge Dostie)
Photo : Samuel St-Onge Dostie

Thomas : « Moi je joue un peu de guitare, mais sur les takes [NDLR : Blue, Shapes, I Get it Now] c’est Jessy Caron [de Men I Trust qu’on entend]. Non seulement il fait la ligne qu’on lui demande, mais souvent il nous en propose cinq autres. Après, on garde ce qu’on veut. »

L’autre nouveauté, c’est Jealous, une pièce coproduite par le même Gabriel Gagnon qui a largement contribué à fait prendre la sauce sur Little Mourning de Milk & Bone. Avec lui, ils ont flirté avec le hip-hop et les cordes alla Michael Jackson pour initier le refrain. Une chanson plus up tempo que ce à quoi ils nous ont  habitués.

Quoi qu’il en soit, le son de Fjord n’est en rien identitaire ou associable à la ville de Québec: il n’est pas ancré dans un lieu géographique précis. C’est une musique globale qui ne connaît pas les frontières même si elle cartonne dans les pays nordiques : Danemark, Suède, Pays-Bas, Allemagne, Canada. Une sorte de continuité avec le nom qu’ils ont choisi, un hasard qui fait bien les choses.

Textures
Disponible le 16 septembre 2016

En tournée :
16 septembre à Montréal (Casa Del Popolo)*
17 septembre à Rimouski (Le Cactus)
21 septembre à Québec  (Le Cercle)*
22 septembre à Chicoutimi (Le Sous-Bois)*
29 septembre à Sherbrooke (Petite Boîte Noire)*

*Avec Floes en première partie