Red Bull Music Academy : Stimulation créative
Musique

Red Bull Music Academy : Stimulation créative

Iggy Pop sera à Montréal ce mois-ci. L’énergique sexagénaire ne vient pas en ville pour faire un concert, mais bien une conférence. Pour qui? Pourquoi? Pour la Red Bull Music Academy.

L’événement principal dure plus d’un mois et est composée de concerts inédits, d’expositions ainsi que d’ateliers et de conférences autour de la création musicale. À l’année longue, la RBMA propose aussi plein d’événements secondaires à travers le monde ainsi qu’une radio qui diffuse des entrevues et des festivals musicaux, par exemple.

En quelque sorte, l’événement est en deux temps: ça se passe de soir, les concerts ouverts au public – cette année, on présente la première collaboration de Tanya Tagaq et A Tribe Called Red sur scène, par exemple – et de jour – des ateliers et conférences, aux quartiers généraux du Centre Phi.

Puisque la RBMA se veut tout d’abord être un lieu d’apprentissage – d’où Academy –, les conférences et ateliers sont réservés aux participants de l’événement (à quelques exceptions près, dont, heureusement pour vous, la conférence d’Iggy Pop!). Ceux-ci sont des dizaines de jeunes artistes provenant d’un peu partout dans le monde et qui œuvrent pour la plupart en musique électronique. Pendant deux semaines, une première cohorte de participants prend part à l’événement, puis la deuxième cohorte y participe les semaines suivantes. Les participants passent leurs journées en «classe»: ils écoutent des conférences et ont des ateliers. La liste de conférenciers est assez exceptionnelle à la RBMA. Dans le passé, on y a vu Brian Eno, Nile Rodgers, Kim Gordon, Erykah Badu et James Murphy, par exemple. Puisque ces conférences durent plus d’une heure, les conversations sont loin d’être qu’en surface.

Bref, les étudiants de la RBMA sont appelés à écouter les conseils des grands et à les mettre en pratique lorsqu’ils se sentent inspirés. Pour ce faire, ils ont accès à des studios à la fine pointe de la technologie – présentement en construction au Centre Phi. C’est cette idée d’offrir à la relève les outils et les idées nécessaires pour stimuler la création qui a été l’élément déclencheur de l’institution qu’est devenue la RBMA.

Si l’on revient à la fin des années 90, Torsten Schmidt était alors éditeur d’une publication à Berlin. À l’époque, il y avait un mouvement où les jeunes prenaient d’assaut les rues pour faire la fête ou encore faire des compétitions de breakdance, par exemple. Intrigués par ce mouvement de rue, des dirigeants de Red Bull ont voulu mettre sur pied un événement qui mettrait en valeur ces jeunes créatifs (leur public cible) et ont approché Torsten Schmidt pour ce faire. L’événement original serait présenté par Red Bull, mais mis sur pied et dirigé par des acteurs de la scène berlinoise pour la scène berlinoise. Réalisant le manque flagrant de «vraie» éducation pour les jeunes musiciens en électro à cette époque, Torsten Schmidt a proposé le concept original qu’est devenu la RBMA.

«Internet était assez lent à l’époque et il n’y avait pas vraiment de littérature adéquate, nous a-t-il expliqué alors qu’il était de passage en ville en février dernier. Si tu voulais apprendre la culture pop dans une université allemande, tu en apprenais davantage à propos des citations de Deleuze qu’à propos de la vraie culture du moment. Il y avait un manque: les écoles d’ingénieurs sonores étaient très mauvaises et les écoles de DJ étaient encore pires. Nous nous sommes dit: ‘‘Ok, il y a clairement un vide à combler, pourquoi ne pas donner la chance aux jeunes de vraiment prendre le temps de discuter de musique, de méthodes et d’approche créative avec des artistes?’’»

Les premières années de la RBMA ont été déterminantes. À la toute première édition à Berlin en 1998, les participants étaient tous locaux, mais dès l’édition suivante, les étudiants provenaient de huit pays différents. Torsten Schmidt et son cofondateur Mani Ameri ont alors remarqué que les gens de pays étrangers se mêlaient bien aux autres. En 2000, la RBMA s’installait à Dublin et a ainsi débuté le cycle nomade de la RBMA où les participants s’imbibent de différentes cultures.

Pour les participants, les conférences de la RBMA (en général deux par jour d’une durée de 90 minutes) permettent de vivre des moments inoubliables. Les artistes invités à faire les conférences sont parfois des légendes vivantes comme Giorgio Moroder ou des musiciens chevronnés comme la percussionniste Sheila E. (musicienne de Prince et de Lionel Richie, entre autres). À Paris, lors de l’édition 2015, cette dernière et Torsten Schmidt (à l’animation) ont su retracer ses influences grâce à l’écoute attentive d’extraits musicaux créoles et latins. La musicienne a alors compris avec nous comment elle est arrivée du point A au point B: les liens entre son héritage latin et ses fous solos de batterie.

«Il y a de bonnes chances que, en tant que jeune musicien, tu n’oublies pas ce genre de moment et que tu te comprennes l’importance d’inclure dans ta musique tout ce qu’il y a dans ta vie, parce que ça te suivra dans ta carrière.»

Les participants de la RBMA 2016 s’imbiberont de Montréal et des artistes invités dès le 24 septembre.

La RBMA s’installe au Centre Phi du 24 septembre au 28 octobre 2016.
Des concerts et événements sont prévus un peu partout en ville.
redbullmusicacademy.com