CFCF et Jean-Michel Blais à la RBMA: l’électronique et le piano classique s’unissent

S’il semble que leurs mondes musicaux s’opposent, les deux artistes ont trouvé un terrain de jeu commun, motivant, fertile, dans l’étude du minimalisme. «Nos références, nos méthodes de travail et nos compositions sont évidemment très différentes, mais on essaie de voir où notre musique se rencontre», explique Michael Silver (CFCF).

Le concert unique, imaginé par Cameron Reed, directeur marketing du label de Jean-Michel Blais (Arts & Crafts), rassemblera des pièces de Michael, de Jean-Michel, de compositeurs influents, et elles seront toutes réimaginées pour l’occasion.

«Notre spectacle est une étude du minimalisme et du post-minimalisme, comment ces musiques se développent et nous inspirent, précise Jean-Michel. Nous avons pris un morceau de John Cage, par exemple, et on a ajouté des notes et soudainement y’a un sentiment totalement épique qui est apparu. Cage nous détesterait sans doute!», blague-t-il.

«Dans la répétition qu’on retrouve dans le minimalisme moderne – comme chez Philip Glass et d’autres compositeurs -, il y a une grande base de la musique dance, croit Michael. C’est donc logique qu’on explore ce genre de musique, qu’on la reconstruise et qu’on la rende plus dance.»

Les deux compositeurs tentent donc de trouver des terrains communs entre leurs deux mondes et leurs influences, de «rendre les frontières floues entre les élitistes instruits – Reich, Cage – et la scène dance électronique de Berlin, la pop, etc.», précise Jean-Michel Blais.

Habitués de travailler en solo, Jean-Michel Blais et Michael Silver disent que la chimie passe vraiment bien entre eux et que la confiance est là. «C’est un bon jumelage! J’adore les moments où on trouve des solutions à nos problèmes ensemble et qu’on n’abandonne pas», dit Jean-Michel avant que son collègue ajoute: «Heureusement, on est deux personnes assez relax. On partage aussi un intérêt pour l’authenticité et un grand amour pour la musique.»

Quand on leur demande ce qu’ils ont appris du travail de l’un et de l’autre, ils évoquent que Jean-Michel est plus perfectionniste, habitué à travailler dans un cadre plus précis, rigoureux, alors que CFCF remplit un tableau vide d’idées pour ensuite retravailler celles qui ont du potentiel.

«J’aurais du mal à faire ce qu’il fait parce que je travaille bien avec des limites, dit Jean-Michel. Avec le logiciel qu’il utilise, Ableton, il y a ce sentiment qu’il peut faire tout ce qu’il veut. Alors c’est une idée après l’autre. À la fin de nos répétitions ensemble, le matériel est parfois pas écoutable, mais on prend le soin de peaufiner à un autre moment.»

Cet exercice de travail en duo permet aux musiciens d’aller ailleurs, au-delà de leurs réflexes habituels. La veille de notre entretien, Jean-Michel Blais explique qu’il était au concert de Tanya Tagaq et qu’il a adoré le fait qu’elle prenne tout le temps nécessaire pour faire exploser ses idées. Dans un même ordre d’idées, il a constaté qu’il devait se défaire d’une vieille habitude du Conservatoire lors de la préparation de ce concert avec CFCF. «En musique classique, on est formés à être rigoureux. Quand tu fais une répétition à la Maison symphonique par exemple, le temps est compté parce que chaque minute coûte cher si on doit payer tout un orchestre. Il faut donc avoir énormément de discipline. Pour ce projet avec Michael, c’est parfois difficile pour moi parce que ça arrive qu’il passe du temps à chercher le bon son ou à réparer quelque chose. Dix minutes passent et je me dis: «Qu’est-ce que je devrais faire? Je perds mon temps!»»

Mais tout ce temps est certainement bien investi pour ce concert qui s’annonce riche en paysages sonores.

CFCF et Jean-Michel Blais dévoileront le fruit de leur travail à la Cinquième Salle de la Place des arts ce mercredi 5 octobre à 20h. Informations ici: mtl.redbullmusicacademy.com