Jain: Femme-orchestre
Musique

Jain: Femme-orchestre

Elle chante à la gloire de Miriam Makeba, la chanteuse, la militante sud-africaine, et pige allégrement dans l’iconographie hindoue. Jain force la rencontre des cultures avec une musique électro pop teintée par l’afrobeat.

Jain (prononcer : Jane) est née à Toulouse, en France, mais c’est au Congo qu’elle entend l’appel. Celui de la musique, de la création pure. Elle avait 16 printemps lorsqu’elle a jeté les bases de son album Zanaka qui a, dans la dernière année, conquis les ondes hertziennes de l’Hexagone mais qui a trop peu tourné ce côté-ci de l’Atlantique.

Une œuvre personnelle, rafraîchissante que cette grande perfectionniste a peaufinée pendant sept longues années. « J’ai commencé à écrire très jeune, donc j’étais encore au lycée et je voulais vraiment avoir le bac [NDLR : l’équivalent du secondaire 5 dans le système scolaire québécois]. En plus, je n’étais pas sûre de vouloir faire de la musique à temps plein… J’ai fait une prépa en arts appliqués à Paris et, quand j’ai terminé, j’ai décidé de commencer à m’y mettre plus sérieusement. C’est à cause de mes études que ç’a été si long, en fait. »

(Courtoisie: Sony Music Canada)
(Courtoisie: Sony Music Canada)

Seule sur scène avec sa guitare et ses machines, des échantillonneurs ou des pads dans le jargon, Jeanne – c’est son prénom dans le civil – se fait vulgarisatrice et invite le public à prêter leurs voix pas toujours justes pour des enregistrements improvisés qu’elles transforment en boucles. Ses concerts sont une expérience de partage en soi. Ses interactions sont marantes, chaleureuses.

Nomade sédentaire

Avec ses samplings puisés aux quatre coins du globe, dans ces pays où elle a souvent habité, Jain crée une courtepointe musicale colorée mais étonnamment cohérente malgré tout. Un tour de force. « J’ai ramené de la rumba, c’est un rythme congolais, c’est un ensemble de percussions. J’en ai mis sur quelques chansons et après, j’essaie vraiment de prendre plein d’influences différentes qu’elles soient européennes, qu’elles viennent de Dubaï, d’Abou Dabi ou du Congo pour mixer tout ça et créer quelque chose de world électro. » Une musique fusion, en somme. L’exotisme, ce goût de l’ailleurs, est partie prenante de son style, sa signature comme compositrice.

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Forcément, les tournées l’ont nourrie, inspirée. « J’aime voyager parce que ça me permet d’évoluer, de découvrir de nouveaux rythmes. C’est très enrichissant. […] Je suis allée en Turquie [pour donner des spectacles] et j’ai découvert la musique traditionnelle locale. Je ne connaissais pas du tout la musique turque et j’ai vraiment adoré. Ils ont plein de percussions que je n’avais jamais vues avant. »

Qui sait? Qui peut le prédire? Peut-être que l’esthétique, la garde-robe ou la gestuelle des derviches tourneurs auront, à l’instar de Leloup, une incidence sur sa production personnelle. Avec elle, tous les coups, toutes les réappropriations culturelles sont permises, pardonnées… et on en redemande!

Vendredi 14 octobre à 20h30 au National