Daniel Bélanger : La paix dans les voiles
Musique

Daniel Bélanger : La paix dans les voiles

Daniel Bélanger est de retour sur disque avec Paloma, plus motivé que jamais à retrouver la scène et son public.

Daniel Bélanger s’est acheté un tout petit voilier cet été. En parallèle à ses moments de plein air «les fesses à l’eau», comme il nous l’explique, le chanteur concoctait seul dans son studio un nouvel album, Paloma, qui a pris forme à la fin de la saison. En résulte un album de «chansons sur la paix intérieure versus la paix extérieure» rempli de réflexions, de crises, mais aussi d’espoir où Daniel Bélanger signe la réalisation et presque tous les instruments.

«Mes connaissances techniques s’améliorent au fil des années et là, je me suis retrouvé avec une préproduction qui, franchement, me plaisait et que je n’avais pas envie de reproduire en studio, explique le chanteur. Comme je suis multi-instrumentiste, j’ai vu que ça se pouvait et quand je suis allé écouter mon entourage [sa blonde, ses filles et ses amis ont la chance d’avoir la première écoute], j’ai vu que ça plaisait. Y a donc seulement quatre chansons que je suis allé réenregistrer avec un batteur et un bassiste. Pour le reste, j’ai assuré.»

Les quelques premiers titres donnent le ton. Sur Tout viendra s’effacer, il voit la vie si sombre, mais «demain se lève un autre jour/Et c’est tant mieux». Sur la pièce suivante, son premier simple lancé le 15 novembre, Il y a tant à faire, l’élan est similaire. Le cri du cœur est collectif à travers des tourments personnels. «Il y a tant à faire/Et ce n’est pas ridicule/C’est comme si c’était facile/S’immiscer dans la lumière/D’une longue nuit de l’hiver», chante-t-il sur le refrain accrocheur, soutenu par un chœur grave. «C’est une des chansons de l’album les plus optimistes et les plus pessimistes en même temps. C’est une espèce de constat qu’il y a encore bien de l’ouvrage, sur soi et collectivement.»

Daniel Bélanger / Crédit photo : Daniel Bélanger
Daniel Bélanger / Crédit photo : Daniel Bélanger

Métamorphose, un éclat électrique qui arrive en milieu de disque, confirme la trajectoire de cet opus: la difficulté d’accéder à une sérénité. «C’est le nœud dans cette espèce de crise et après ça, ça se calme!», précise le principal intéressé, qui expliquera plus tard avoir composé Paloma à la guitare surtout en accord ouvert en Ré. «Ça pousse à composer autrement parce que le doigté est différent, donc ça fait sortir de nos réflexes de composition. Ça m’a beaucoup inspiré.»

Avec une aussi longue et belle carrière que celle de Daniel Bélanger, est-ce que chaque album représente la continuité d’un tout ou voit-il plutôt ce Paloma (qui désigne le mot colombe en espagnol, symbole de la paix) comme un objet plus singulier? «C’est la continuité, tranche-t-il. J’ai cette conscience-là depuis Chic de ville (2013) que tout ce que je fais maintenant s’inscrit dans une discographie plutôt que chaque album est indépendant du précédent. Puisque je commence à avoir une histoire discographique, c’est devenu presque un objet que je peux façonner. Si la discographie est une grosse sculpture, je travaille ma sculpture. Qu’est-ce que j’ai envie de faire sur la sculpture?»

Cette sculpture est encore énormément énergisante pour Daniel Bélanger. Lorsqu’on revient sur l’expérience de son précédent disque, Chic de ville, une œuvre entraînante teintée de rockabilly, il jubile encore. «Ç’a été une aventure extraordinaire. En spectacle aussi, ç’a été fabuleux. On était une petite formation, quatre en tout dont deux musiciens qui ne travaillaient pas professionnellement comme musiciens. Le spectacle a donc aussi été de voir ces deux-là s’ébahir de ce qui arrivait, de voir leur plaisir de jouer partout au Québec et de remplir les salles. C’était pour moi vraiment un ravissement, une cure de spontanéité, et ça m’a fait vraiment beaucoup de bien.»

Et si la dernière tournée a été à ce point magique, est-ce encore aujourd’hui un réel plaisir de penser à repartir en tournée? «Ouiiiii! dit-il sincèrement. Une tournée plus difficile a été L’échec du matériel (2007), pour toutes sortes de raison. Après, j’ai sorti Nous (2009). J’étais encore sur le beat de L’échec et je n’arrivais pas à assumer que je n’allais pas faire de tournée pour Nous, donc j’ai fait ça court: 16 spectacles seulement. Après, avec Chic de ville, on a fait une soixantaine de concerts et ça m’a redonné le goût de repartir longtemps et souvent.»

À voir sur nos scènes prochainement, donc!

Paloma (Audiogram)
Disponible maintenant