Jeff Buckley : le Dream Brother, parti trop tôt
29 mai 1997 : la planète musique est en deuil. Trois ans après le triomphe critique de son premier album Grace, le chanteur et guitariste américain Jeff Buckley se noie dans la Wolf River lors d’une promenade aux abords du Mississippi . Il n’était âgé que de 30 ans. Ce décès, tragique et inattendu, survient alors que l’auteur-compositeur-interprète à la voix unique est au sommet de sa carrière…
À l’époque, Buckley venait de se retirer, en solitaire, après deux ans de tournée éreintante, pour composer de nouvelles chansons. Il devait se rendre à Memphis pour retrouver ses fidèles musiciens et débuter l’enregistrement d’un second long jeu qui ne verra jamais officiellement le jour. Triste ironie du sort : il aura fallu qu’il décède pour que son unique album Grace ne soit considéré à sa juste valeur par le grand public. Aujourd’hui, l’oeuvre est toujours aussi gracieuse et n’a pas pris une seule ride. Plusieurs pièces de l’album, dont la mythique reprise de Hallelujah de Leonard Cohen, restent des incontournables.
Les hommages affluent et les ventes explosent, mais au final le musicien, qui avait trimé fort toute sa vie pour en arriver là, n’aura jamais pu vraiment savourer son succès.
Les débuts
Né Jeffrey Scott Buckley en Californie et fils de Tim Buckley, un chanteur adulé lui aussi décédé trop tôt, le jeune Jeff grandit dans un environnement musicalement riche. Son père biologique sera toujours absent de sa vie, mais aura néanmoins une influence artistique notable sur lui. Son beau-père et sa mère lui font découvrir la musique sous tous ses aspects.
Passionné par le rock progressif, Jeff Buckley fonde plusieurs groupes éphémères au cours de son secondaire où il reprendra plusieurs chansons classiques de rock à la guitare, passant d’Hendrix, à Rush ou à The Police. Son statut de roi des reprises allait bientôt se manifester…
Le roi des reprises
C’est dans un petit bar irlandais appelé le Sin-é que Buckley commence à se produire seul sur scène. Il deviendra rapidement une vedette locale dans le Lower East Side de New York.
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Prisé par plusieurs imprésarios et directeurs artistiques, Buckley prend néanmoins son temps avant de signer un contrat. Il ne veut pas chanter que des reprises, il veut aussi composer ses propres chansons. C’est finalement sous ses conditions qu’il signe un contrat avec Sony Music.
L’auteur-compositeur
Sous la houlette du producteur Andy Wallace (l’homme derrière Nevermind de Nirvana), Buckley prendra part à de nombreuses séances d’enregistrement avec des musiciens qui en sont, pour la plupart, à leurs premières armes dans un studio (outre son ami Gary Lucas du groupe Captain Beefheart). Seules trois reprises feront la version finale de l’album . Au-delà d’Hallelujah et de sa voix angélique, Buckley s’illustre comme auteur de chanson. La pièce-titre en est un exemple éloquent.
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Après de nombreux délais et de différents artistiques, l’album Grace voit finalement le jour et reçoit un accueil critique favorable, particulièrement en Europe, où Buckley a toujours connu plus de succès que dans son pays d’origine. Les ventes de l’album seront toutefois modestes, et les chansons tourneront peu à la radio. Aujourd’hui, Grace s’est écoulé à plus de deux millions d’exemplaires.
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Artiste libre, complet, passionné et sans compromis, Jeff Buckley aura marqué le paysage culturel américain par ses talents de chanteur, d’arrangeur et de guitariste. Il savait s’approprier les pièces qu’il interprétait et leur donner une couleur particulière. Avec les nombreuses compilations posthumes de ses reprises, il est bien loin d’être oublié…
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