Klô Pelgag et l'Orchestre du Temple thoracique: sans faute
Musique

Klô Pelgag et l’Orchestre du Temple thoracique: sans faute

Pour sa performance aux FrancoFolies, l’inimitable Klô Pelgag a fait tout un pari: s’entourer de 35 musiciens le temps d’un concert unique. En deux mots, c’est un pari réussi.

C’est près de 1 400 personnes qui se sont déplacées, samedi soir, pour cette prestation hors-normes. On a eu droit à l’intégralité de L’Étoile thoracique, le tout ré-arrangé par Mathieu Pelgag (le frère de la principale intéressée) et dirigé par l’assistant-chef de l’OSQ Nicolas Ellis pour en extraire une version orchestrale. Ce traitement, massif, a rendu un hommage extrêmement vibrant à l’univers de Klô Pelgag, dans laquelle harmonies inventives et mélodies excentriques naviguent main dans la main. Dès l’ouverture, moment de musique d’une grande sensibilité, le public a compris qu’il avait affaire à un concert s’approchant plus d’une œuvre classique que d’un traditionnel show pop rehaussé de la présence de musiciens d’orchestres. Le silence se faisait respectueusement entre les chansons et l’audience a fait preuve d’une écoute attentive.

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Victor Diaz Lamich / Francofolies 2017

Fantastiques, les arrangements du frère de l’autre n’ont pas que simplement étendues les parties pré-existantes aux instruments supplémentaires. On parle ici d’un travail exemplaire qui a parvenu à sublimer le matériel original pour en tirer des versions puissantes aux inflexions tantôt touchantes, tantôt énergiques. Sous la direction d’Ellis, la musique a joui d’une sensibilité horizontale exemplaire, les tempos suivant les vagues de vitesse de la chanteuse à merveille, le tout gagnant une fluidité captivante, comme les branches d’un arbre par une journée aux vents tournants. Une mention particulière doit ici être faite aux musiciens de l’Orchestre du Temple thoracique, qui ont fait preuve tout au long de la performance d’une écoute sans faille, la chimie les unissant se faisant sentir jusque dans le public, visiblement subjugué.

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Victor Diaz Lamich / Francofolies 2017

Ornée d’une simple cage thoracique remplie d’un gigantesque cœur lumineux et fulminant, la mise en scène simple a laissé toute la place à la musique tout en étant cohérente avec celle-ci. D’habiles jeux de lumière donnant des impressions de claroscuro aux silhouettes nombreuses ont rendu l’imagerie toute autant absorbante que la musique elle-même. De petits ajouts subtils, mais qui ont néanmoins bonifié cette offre déjà attrayante. Klô, toute de rouge vêtue, valsait du piano à la guitare avec habileté et légèreté, le sourire fendu aux lèvres lorsqu’elle pouvait se permettre de n’écouter que l’orchestre sans jouer, visiblement émue par l’immensité de cette production.

Victor Diaz Lamich / Francofolies 2017
Victor Diaz Lamich / Francofolies 2017

De son côté, l’artiste a également livré une performance de qualité supérieure, agrippant le cœur de l’audience de sa voix douce et haut-perchée et menant son public du bord des larmes à l’hilarité. À l’aise tout autant derrière le micro que ses instruments, elle a du début à la fin semblé en parfait contrôle de son matériel. Habitant la scène à merveille, elle a su planer au-dessus du son massif de l’orchestre sans anicroche et marquer les mémoires de l’assistance avec ses danses spontanées et ses anecdotes éclectiques.

Victor Diaz Lamich / Francofolies 2017
Victor Diaz Lamich / Francofolies 2017

Pour résumer, ce concert grandiose a définitivement été un sommet artistique pour la jeune Klô Pelgag, qui y a démontré toutes les qualités d’une musicienne aguerrie qui sait non seulement d’où elle vient mais également où elle s’en va. La présence magnifique et inoubliable de l’Orchestre du Temple thoracique à ses côtés a parvenu à distiller l’essence de son univers musical et à lui donner un souffle différent, sublime. La seule chose que l’on peut souhaiter, désormais, c’est que cette expérience unique ne le demeurera pas.