Musique

FEQ : The Barr Brothers: Épices africaines

Le groupe de Montréal s’est prêté à un exercice de style exotique, rafraîchissant, hautement réussi.

Une malchance de haut vol aurait pu ternir le concert : les Maliens Bassekoou Kouyaté et Amy Sacko, invités de marque, ont été refoulés aux douanes. Résilients, les Montréalais les ont remplacés à la toute dernière minute pour honorer cette promesse d’un dialogue sonore entre l’Amérique du Nord et l’Afrique. C’est ainsi que le balafoniste burkinabè Mamadou Koita et le Sénégalais Sadio Sissoko (kora) entrent en scène, arrivent à la rescousse.

Le spectacle commence doucement avec Loose Your Mind, première chanson à l’image du folk bluesé et lancinant auquel The Barr Brothers nous ont habitués. Une mise en bouche pour le plat de résistance, la seconde inscription au set list et ce qui suivra.

Koita et Sissoko se faufilent dans les arrangements avec aisance, comme si de rien n’était. Engagés à pied levé, c’est du moins ce qu’on conclut à la lecture du petit communiqué émis par la formation, les deux Africains sont venus dérider la proposition musicale rêveuse mais down tempo des frères Barr et de la harpiste Sarah Pagé. Tout à coup, leurs compositions un tantinet soporifiques en temps normal se révèlent sous un jour nouveau, presque dansant. On découvre chez Andrew Barr un goût pour l’afrobeat alla Fela Kuti, un réel talent pour les rythmes jungle à contretemps. De l’alignement original, c’est lui qui brille le plus.

Le trio a accompli quelque chose de follement beau hier. Ils ont tendu une main à leurs fans pour les attirer vers un autre univers, élargir leurs horizons. Ce concert, c’est la preuve que la culture d’autrui enrichit toujours la nôtre.

Le même concert est présenté ce soir au Théâtre Maisonneuve dans le cadre du FIJM

 

Festival OFF

Ma soirée s’est commencée au Fou Bar avec Fria Moeras. C’est sans nervosité apparente et avec beaucoup d’aplomb que la musicienne de 18 ans a interprété ses compositions élaborées (efficaces progressions rythmiques) et ses paroles soigneusement écrites dans la langue de Cormier. Une prestation sans fausse note pour cette chanteuse capable d’atteindre des sommets vocaux, cette guitariste qui fait corps avec son instrument et qui s’était entourée d’un batteur et d’un bassiste à sa mesure. Fria s’impose comme une figure montante d’une scène indépendante locale et peut-être même québécoise au sens provincial du terme. On l’aura à l’œil.

C’est Notre Père alias Julien Déry (Mauves) qui a pris le relai pour présenter le fruit de son petit cahier Hilroy saumon. Un récital entamé par une nouvelle chanson mettant en valeur sa voix haute, consolante et presque liturgique. Le musicien joue la carte du christian folk ironique dans ce projet qui s’articule autour d’une certaine idée de la pastorale. Les textes, souvent introspectifs, sont pavés de blagues pince-sans-rire et de petites pointes lancées à des collègues. Une combinaison parfaite qui rappelle, bien sûr, le travail de Father John Misty.

// À voir ce soir: le triple plateau avec les Dead Obies, Anderson .Paak  et Kendrick Lamar sur les Plaines d’Abraham. Dès 19h.