«C’est pas facile à chanter du Plamondon!», lance Jean-Phi Goncalves. Cette année, le directeur musical du spectacle a un nouveau défi de taille, celui de donner une nouvelle vie aux chansons du grand parolier québécois avec une dizaine d’interprètes, en l’occurrence: Ariane Moffatt, Betty Bonifassi, Beyries, Gabrielle Shonk, Klô Pelgag, La Bronze, Marie Mai, Marie-Pierre Arthur, Milk & Bone, Safia Nolin et Valérie Carpentier. Ces chanteuses ne seront pas sur scène lors des représentations, mais leurs chansons accompagneront les danseurs et acrobates du Cirque du Soleil pendant un mois à l’Amphithéâtre Cogeco de Trois-Rivières.
Quoique Jean-Phi Goncalves soit encore dans le secret des dieux quant au choix des pièces pour le spectacle Stone (la dénudée Le blues du businessman par Safia Nolin et Oxygène façon électrorock puissant par Betty Bonifassi ont toutefois été dévoilées), il nous confirme que les classiques sont plus difficiles à attaquer. «La pièce chantée par Ariane Moffatt, c’est un grand classique et tout un exercice vocal. C’était un gros défi pour elle et elle l’a relevé haut la main. La plupart des chansons sont quand même difficiles à chanter, elles demandent une certaine maîtrise et ont de grands sauts d’octave.»
Le metteur en scène de Stone, Jean-Guy Legault, a fait le choix des chansons en fonction de l’histoire qu’il voulait raconter. Et cette trame narrative justifie l’utilisation de voix uniquement féminines. «L’histoire est celle d’un maestro qui cherche la voix parfaite depuis 450 ans. La scène est un clin d’œil au parc Belmont, comme un parc d’attractions désaffecté à l’intérieur duquel y a plein d’extravagants. Le maestro va remarquer une muse automate – clin d’œil à La complainte de la serveuse automate – en qui il voit l’entité parfaite pour donner vie et âme à son œuvre. Tout au long du spectacle, il va chercher à lui donner une voix, et chacun des tableaux du spectacle est donc construit avec une voix féminine différente.»
Le choix des chanteuses est ensuite revenu à Jean-Phi, qui a su amener une dose de jeunesse au projet en allant chercher des voix connues mais aussi des chanteuses de la relève comme Gabrielle Shonk et Valérie Carpentier. Le spectacle de cette série Hommage séduira sans doute un public plus large cette année, d’autant plus que l’œuvre de Plamondon transcende plusieurs décennies et donc, plusieurs générations.
Jean-Guy Legault nous explique la démarche artistique derrière Stone: «Puisque c’est le père de l’opéra rock francophone, la meilleure façon de lui rendre hommage, c’est de donner notre vibe à ça: un opéra punk rock baroque. On utilise l’esprit baroque, mais c’est traité de façon contemporaine. Comme si tu prenais des personnages baroques mais que tu les mettais aux Foufounes électriques. Et baroque veut dire extravagant, donc ça fonctionnait avec la dynamique éclatée qu’on voulait donner au spectacle. Pour le pacing, on ne voulait pas utiliser seulement des chansons des comédies musicales, mais d’autres pièces qui ont cette volonté de raconter une histoire. Sur 40, 50 ans de carrière de Plamondon, le défi était de raconter quelque chose à travers des chansons aux univers musicaux complètement différents.»
Le titre du spectacle, vous l’aurez deviné, est une référence à la pièce Le monde est stone. C’est un mot tout indiqué pour un spectacle hommage à Luc Plamondon, explique Jean-Guy Legault. «Stone, c’est ce qui représentait le plus Luc Plamondon. Dans le monde étourdissant dans lequel on vit, on peut dire qu’on est un peu stone, on ne sait pas comment réagir aux actualités. C’est un état d’esprit entre rêve et réalité, si on veut. Et ça, ça marche bien avec le Cirque du Soleil puisque c’est ce qu’on fait. On crée du rêve à partir de la réalité. Stone, ça représente aussi le legs de Luc Plamondon puisque c’est un mot qui est rentré dans le vocabulaire, c’est un terme qu’on utilise.»
Au moment de notre entretien, les artistes du Cirque du Soleil entraient dans une seconde vague d’ateliers. Les acrobaties et les numéros de danse sont créés et répétés alors que Jean-Phi finalise les chansons en studio. Ensuite, c’est le grand saut devant public! «De nos jours, il ne suffit plus de dire: on fait de la danse ou on fait du cirque. Les gens cherchent des événements, avec une particularité, croit Jean-Guy Legault. En mettant de l’avant la performance, la danse doit accoter le cirque et le côté musical aussi. Il faut que tous ces éléments-là soient forts. On est des dresseurs de poil, dans le fond! Et on essaie de dresser le poil de différentes façons possibles.»
Du 19 juillet au 19 août
À l’Amphithéâtre Cogeco de Trois-Rivières