Musique

Medora : Tout pour mieux sentir le beau

Avec Ï, son tout premier disque à paraître le 25 août, Medora tire le meilleur des explorations sonores entamées sur les EP Ressac et Les arômes.

Chez soi dans le vieux Medora
Chez soi à Wounded Knee
Chez soi à Ogallala
Chez moi ne serai jamais…

Cette chanson, interprétée par le personnage de Sal Paradise dans Sur la route de Jack Kerouac, allait devenir, plus de 50 ans plus tard, le début d’une belle aventure: celle de quatre jeunes amis de Québec, celle de Medora.

En mettant son doigt au hasard sur ce passage du roman durant un cours au cégep Limoilou, le guitariste et parolier Charles Côté venait de trouver le premier nom de la formation.

Au départ, Old Medora compose en anglais, mais la bande, formée de Vincent Dufour (voix, guitare), de Charles Côté (guitare, textes), de Guillaume Gariépy (basse) et d’Aubert Gendron Marsolais (batterie), va rapidement vouloir écrire en français et deviendra Medora tout court.

Une démarche renouvelée

Les 10 pièces de Ï ont été créées en réclusion: «À nos débuts, on composait en groupe, dans l’instantanéité, nous indique Vincent Dufour. On écrivait sur le coup, en jammant. Pour Ï, on a voulu procéder autrement, on s’est retirés à mon chalet et on a sorti le meilleur de ce qu’on avait accumulé comme mélodies et comme accords, on est partis de cette base-là pour construire les chansons. On ne voulait pas nécessairement faire différent à tout prix, on a simplement évolué naturellement en se donnant une plus grande ouverture.»

Passionnés de musique et de littérature, les gars de Medora se sont inspirés de diverses œuvres pour créer l’univers de Ï, passant du film La grande bellezza au roman Cent ans de solitude.

Chapeauté par le réalisateur Alexandre Martel (Anatole, Mauves), Medora propose des pièces chargées d’émotions et inspirées par des thématiques comme la beauté, la solitude et la désorientation.

Medora nous raconte des histoires singulières, donnant un tout cohérent à l’album: «On voulait faire une œuvre continue, qui se suit, explique Charles Côté. On a tous adoré To Pimp A Butterfly de Kendrick Lamar, notamment à cause du poème qui y revient et qui progresse au fil des pièces, ça vient unir l’album. Sans reprendre ce concept tel quel, j’ai voulu avoir des personnages récurrents et une histoire qui revient en sous-texte.»

Cette histoire, c’est celle de Mïra et du narrateur qui l’a aimée. Ce dernier perd la mémoire, mais des bribes de souvenirs lui reviennent sporadiquement: des instants passés à deux sur la terrasse du Concorde ou à parcourir des kilomètres dans le Maine en Grand Vitara… Ensemble, ces deux personnages occupent les points du tréma.

Une maturité artistique

Avec le temps, Charles Côté a voulu transposer sa poésie en imagerie concrète: «Je crois que mes textes d’avant négligeaient le contenu pour favoriser le contenant. Je pense que j’ai renversé cette tendance.» Dufour abonde dans le même sens: «Il y a plus de ressenti sur l’album, c’est plus personnel. C’est moins intellectuel, ça va moins dans tous les sens et c’est moins ambigu.»

Le résultat est un album indie rock étudié et poétique qui ne se gêne pas dans les explorations – en font foi le crescendo de la chanson Les tracas dans les cellules de la tête et les moments plus «rentre-dedans» de Tsunami, une pièce accrocheuse, idéale pour des concerts.

Medora sera d’ailleurs en spectacle un peu partout au Québec pour proposer des versions plus rock de ses pièces. Et le groupe est bien loin de s’arrêter là. Ses quatre membres ont la tête bourdonnante de projets, comme l’indique Dufour: «J’ai l’impression que Ï correspond à la fin d’un certain cycle. La prochaine étape sera de sortir davantage de notre zone de confort. On a plusieurs mélodies en tête, et une mélodie peut se transposer sur n’importe quel instrument, donc ça peut prendre plusieurs dimensions.»

En attendant le prochain chapitre de son aventure, Medora poursuit sa route au sein de sa propre mosaïque créative.

Ï
(Indépendant)

Sortie le 25 août

25 août – Pub La Chope – La Malbaie
26 août – Auberge de jeunesse – Tadoussac
31 août – Le Cercle – Québec
1er septembre – Zone Musique (place d’Armes) – Montréal
1er septembre – Zénob – Trois-Rivières
2 septembre – Quai des brumes – Montréal
22 septembre – Le Bar à Pitons – Chicoutimi
6 octobre – Le Petit Chicago – Gatineau
4 novembre – Coup de cœur francophone – Montréal
12 novembre – Le Zaricot – Saint-Hyacinthe