Musique

Guts à MEG : Les goûts de Guts

Invité par le festival MEG, le producteur et DJ Guts se produira pour la première fois à Montréal. Il était temps!

Durant ses années comme beatmaker émérite de la formation hip-hop festive Alliance Ethnik, Fabrice Henri – alias Gutsy à l’époque – est déjà venu jouer à deux reprises à Montréal, mais depuis la dissolution du groupe, Guts n’a jamais eu l’occasion de venir présenter ses pépites sonores ici, lui qui a pourtant plusieurs albums à son actif, sans compter ses compilations de raretés Beach Diggin’ et ses nombreuses collaborations auprès d’artistes tels que Common, De La Soul, Rhazel (Roots) et Les Sages Poètes de la Rue. 

Basé depuis dix ans à Ibiza, à l’abri des hordes de touristes, le producteur et DJ français a tracé sa voie tranquillement, un sillon marqué par des grooves downtempo irrésistibles. «Je suis à Ibiza pour la qualité de vie et pas du tout pour la musique ou le milieu artistique. Donc je mixe à peine deux à trois fois par an ici. Quand je me suis installé, je mixais des trucs downtempo avec Nightmares on Wax en début de soirée, pour les couchers de soleil, mais ça m’a terriblement ennuyé», admet Guts, une affirmation somme toute assez paradoxale quand on connait sa propension pour les beats downtempo, particulièrement sur ses trois premiers albums, les excellents Le Bienheureux (2007), Freedom (2009) et Paradise For All (2011). «Je ne suis pas un DJ de lunch ou de sunset. J’aime quand ça pulse, quand ça danse, quand y’a de l’énergie et qu’on fait la fête. La musique qui me nourrit est très éclectique. Ça commence par le hip-hop, qui est ma musique de base, et ça se décline ensuite en musique soul, jazz, funk et disco rapide, en musique africaine limite un peu tribale, en musique cubaine, brésilienne, cap-verdienne… j’adore ça. Je fais en général des sets de trois heures donc c’est complètement évolutif et progressif et je traverse tous ces types de musique. J’aime faire découvrir ces musiques à ceux qui ne connaissent pas ou n’écoutent pas ça. Je m’éclate avec ça et à Ibiza, tu ne peux pas jouer des trucs de ce genre. Par contre j’aime bien composer de la musique avec une vibe downtempo mais quand je suis en DJ set et que j’ai envie de m’éclater, c’est tout le contraire», tient à préciser celui qui ne se déplace jamais avec ses précieux vinyles. «Beaucoup de ceux-ci sont rares et valent très cher. Je les numérise tous, je les édite aussi. Donc je peux modifier une intro, répéter le refrain, couper des trucs qui me plaisent moins. Je dirais que presque tous les morceaux que je fais jouer dans mes sets ont légèrement été restructurés».

Chef de bande-son

Depuis la parution de son quatrième album Hip-Hop After All en 2014, Guts a troqué son rôle de producteur/DJ pour celui de chef d’un orchestre de neuf musiciens. «C’est à la sortie de mon troisième album Paradise For All sur Heavenly Sweetness que l’idée de défendre un disque sur scène a été considérée, mais je n’avais pas envie que ce soit pour ce disque, donc j’ai promis au patron du label que je le ferais pour le prochain. Quand Hip-Hop After All est sorti, j’ai tenu ma promesse et j’ai monté un groupe afin de reproduire ce disque en spectacle. J’ai donc conçu ce disque en ayant le show en tête. Le groupe est un peu à géométrie variable, mais ça fait trois ans qu’on fait des concerts».

Grand collectionneur de disques, digger insatiable, on a demandé à Guts quelles étaient ses dernières trouvailles. «C’est drôle que tu me demandes ça car cet après-midi j’ai découvert un album qui est passé complètement à la trappe mais qui est fabuleux, c’est Pyrography de Osunlade qui est sorti en 2011 et que BBE vient de rééditer en vinyle. Chaque titre est une petite pépite», jubile le DJ. «La semaine dernière, j’ai enfin pu acheter un disque que je cherche depuis des années. C’est un disque de calypso jazz de Trinidad très rare, mais c’est celui qu’il faut avoir: Dat Kinda Ting de Clive Zanda. C’est le genre de truc que j’aimerais rééditer sur mon label, car Heavenly Sweetness souhaite démarrer une branche qui me permettrait de rééditer des albums obscurs pour faire des compilations. Et le plus drôle est que c’est un disque que j’ai fait venir du Canada! Donc inutile de te dire que je vais profiter de mes temps libres à Montréal pour aller visiter les disquaires, c’est une de mes priorités!»

Les merveilles du MEG

Pour sa 19e édition, le Montréal Électronique Groove change ses dates en optant pour le dernier long week-end avant la rentrée. Du 31 août au 3 septembre, le MEG présentera une belle brochette d’artistes de France, du Japon et plusieurs gloires locales dans cinq salles de Montréal. Outre l’incontournable Guts, le DJ, musicien et producteur français Clément Bazin se fera voir et entendre sur toutes les scènes durant le festival -comme la plupart des artistes à l’affiche d’ailleurs. C’est lui qui aura l’honneur de clôturer le festival au Newspeak pour la soirée The French Beat en compagnie de ses compatriotes Douchka, autre joueur émérite du label Nowadays Records (tout comme le montréalais Robert Robert qui sera aussi de la fête), et le jeune prodige hip-hop KillASon. Le japonais REI Brown viendra quand à lui présenter sa savoureuse électro-pop onirique dans plusieurs salles du festival. On ne peut passer sous silence la panoplie de beatmakers, musiciens et DJ locaux qui coloreront les nuits du MEG, qu’on pense aux rappeuses de Bad Nylon et au trio hip-hop Ragers, au producteur CRi, à l’afro-house de Afrikana Soul Sister – nouveau projet de JF Lemieux –, à l’électro-pop éthérée de Ghostly Kisses, à la soirée psychédélique de Jeunesse Cosmique au chouette Atomic Café ou à l’électro sensuelle de RYAN Playground pour n’en nommer que quelques-uns.

Si le célèbre MEG Boat, un des événements le plus populaires du festival, n’est plus au programme, le MEG s’est brillamment rattrapé en présentant la toute première électro parade d’Amérique du Nord. L’événement, qui comptera plusieurs chars/sound system allégoriques, sera piloté entre autres par Paul Kalkbrenner, Agoria, Netsky, Misstress Barbara, Claire et on en passe et des meilleurs. La parade partira de l’avenue Du Parc pour se rendre jusqu’à la Place des festivals où le party se poursuivra. Un after est prévu ensuite au Métropolis. Week-end chargé!

MEG – du 31 août au 3 septembre

megmontreal.com / electroparade.com