Teke Teke au Taverne Tour : Teke toi?
Le groupe Teke Teke s’est donné pour mission de rendre hommage au fameux guitariste nippon Takeshi Terauchi et de s’inspirer de son œuvre pour quelques compositions de son cru.
C’est au cours d’une tournée avec Boogat en 2016 que le guitariste Serge Nakauchi Pelletier est tombé sous le charme de la musique de Takeshi «Terry» Terauchi, après s’être procuré un de ses albums lors d’un arrêt à la boutique de disques Amoeba de Los Angeles.
Guitariste né au Japon en 1939 et actif depuis le début des années 1960, Takeshi Terauchi a enregistré une vingtaine de disques depuis 1964. Véritable légende au pays du soleil levant, le prolifique musicien, associé aux mouvements group sound et eleki («électrique» en japonais), a été grandement influencé par la musique rock instrumentale de l’époque, Ventures et Shadows en particulier. Si l’élément surf est omniprésent dans la musique de Terauchi, le rock psychédélique et la musique traditionnelle japonaise y ont aussi leur place. «C’est une musique instrumentale axée sur la guitare. Takeshi pouvait parfois avoir quatre ou cinq guitares dans le même groupe. Quand j’ai acheté le disque, nous l’avons ensuite tous écouté dans la van de tournée. Il y avait avec moi Ian (C. Lettre, batterie) et Étienne (Lebel, trompette). On a tous capoté là-dessus», se souvient l’ex-guitariste de Pawa Up First. «C’est à partir de là qu’on a eu envie de créer un projet en hommage à Takeshi Terauchi. À notre retour à Montréal, je me suis mis à recruter d’autres musiciens. Je suis d’abord aller rencontrer Yuki (Isami), que je connaissais depuis longtemps et qui joue différentes sortes de flûtes (shinobue, entre autres), le shamisen (instrument de musique traditionnelle japonais similaire au luth) et le taisho koto, qui est une sorte de mini koto électrique mélangé à une dactylo, disons. Puis j’ai recruté Mishka (Stein) à la basse que je connaissais aussi en ayant joué plusieurs fois avec lui». Hidetaka Yoneyama (guitare rythmique) et la chanteuse Maya Kuroki se sont ensuite greffés à la formation. «Tout cela s’est fait très naturellement et aujourd’hui je te dirais qu’on est comme une petite famille».
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Invité au sympathique petit festival Taverne Tour, Teke Teke n’en sera qu’à son troisième concert depuis sa formation il y a à peine plus d’un an. «Pour notre premier concert en mai 2017, le projet était uniquement un hommage à Takeshi, mais avec le temps, nous avons commencé à composer», précise Nakauchi Pelletier. «Si on voulait que ce projet ne soit pas éphémère, il fallait sortir un peu du côté hommage et créer quelque chose de similaire mais qui nous ressemble, parce qu’il y a réellement une chimie entre nous tous. On ne veut pas être catalogué comme un band rétro, alors on cherche à rendre tout ça plus actuel d’une certaine façon. Je te dirais qu’il y a quelque chose de plus sombre, plus sinistre, un peu à l’image des films d’horreur japonais des années 1960, 1970 et 1980 avec une touche noise. Puis, avec l’ajout de Maya, on est aussi allé piger dans le répertoire de certaines chanteuses pop japonaises que ma mère écoutait et qui m’ont marquées durant mon enfance», détaille le guitariste, qui ajoute que la formation se prépare à enregistrer un EP vers la fin de l’hiver sur lequel on retrouvera les propres compositions de Teke Teke ainsi que deux ou trois titres tirés du large répertoire de Terauchi. «On voyait ce projet au départ comme un groupe de scène, mais on s’amuse trop pour s’en tenir à ça. Ce serait bête de ne pas capter toute cette synergie et cette belle complicité!»
Mariant des influences (respectives) qui vont du post-punk au noise en passant par le folk, le classique, les musiques latines, balkaniques et bien sûr nippones (quatre des sept membres sont d’origine japonaise), Teke Teke est un hommage à Takeshi Terauchi dans le fond plus que dans la forme, une entité qui ratisse aussi large que le grand guitariste nippon et qui propulse son œuvre à grands coups de riffs acérés dans le 21e siècle, offrant une pérennité que sans doute le principal intéressé n’aurait jamais osé espérer.
Taverne Tour
Pour sa troisième édition, le petit événement montréalais Taverne Tour voit encore plus grand, mais tient à demeurer dans des endroits justes assez intimes, d’abord pour ne pas trop s’éloigner de sa principale vocation qui est d’amener le public dans des bars et autres tavernes de quartiers pour voir des artistes qui généralement ne sont pas programmés dans ce genre d’endroits et parce qu’un bon concert, c’est toujours mieux dans une petite salle, à proximité des artistes. Le festival fait cependant exception à la règle en débutant le party à La Tulipe pour le lancement du nouvel album de Galaxie le mercredi 31 janvier. Mais à partir de jeudi jusqu’au samedi 3 février, ça se complique. Avec une quarantaine d’artistes à l’affiche, il va falloir choisir ou inventer le don d’ubiquité.
Dans le lot, hormis les concerts déjà complets, soulignons le projet psychédélique Spaceface du guitariste-claviériste des Flaming Lips Jake Ingalls au Ministère et la new-wave déjantée de Gino Laser au Quai des brumes le 1er février. Le lendemain, le concert des bruitistes new-yorkais A Place To Bury Strangers (photo ci-haut) à l’Esco est tout simplement incontournable sauf qu’il y a aussi Teke Teke au Pub West Shefford, le projet du papa de Fred Fortin Rock Over XII à la Taverne Saint-Sacrement, We Are Wolves et C/ntry au Ministère et le grunge de Fuudge Chez Baptiste, entre autres… Samedi, même dilemme avec Duchess Says au Ministère, Xarah Dion au Ô Patro Vys, Bloodshot Bill et ses Hick-Ups au Pub West Shefford, Lyse & The Hot Kitchen au Bungalow, le stoner de Gros Soleil au Terminal et la pop psyché de Constellation Nightclub au MR-250…