Nils Frahm : construire le meilleur
Musique

Nils Frahm : construire le meilleur

On attrape Nils Frahm au téléphone alors qu’il conclut la première étape de sa tournée mondiale. Entre l’Europe et l’Amérique, le compositeur allemand avoue qu’il n’aura pas trop le temps de se reposer puisqu’il a bien des choses à rattraper à la maison.

C’est à Berlin, où l’artiste réside, qu’a été enregistré son plus récent album, sorti en janvier dernier. All Melody représentait un grand défi pour l’artiste puisque ses exercices de solo piano et de compositions électroniques ces dernières années l’ont mené vers des scènes prestigieuses et vers un statut de star du néoclassique. Pour ce septième album studio attendu de pied ferme, il s’est bâti le meilleur studio, des instruments sur-mesure avec des amis ingénieurs et a enregistré le tout dans sa ville, dans un bâtiment historique nommé Funkhaus. Ce lieu a eu un impact considérable sur le son de l’album, nous dit-il.

«Pour la première fois, j’avais un endroit qui sonnait vraiment bien sans aucun traitement, une superbe salle d’enregistrement, explique-t-il. J’ai été capable d’enregistrer des instruments comme jamais auparavant. C’était très excitant. Je pense que l’album sonne différemment de mes autres œuvres. Je cherchais ce nouveau son.»

[youtube]kv2nmefHc9Y[/youtube]

Nils Frahm compare l’importance d’un bon studio pour un compositeur à l’environnement d’un chef. «Chaque cuisine est différente. Lorsque vous essayez de cuisiner votre propre pizza dans la cuisine de quelqu’un d’autre, elle sera un peu différente et on n’aura pas le même résultat qu’on si on la créait dans un nouvel endroit. Je cherchais donc une opportunité de faire une meilleure pizza parce que je savais que j’étais dans une bien meilleure cuisine.»

Sur All Melody, Nils Frahm brasse un peu les cartes avec l’utilisation d’instruments à vent et le disque s’ouvre avec un choeur, qui revient ici et là et qui ajoute un côté céleste, mystérieux à l’oeuvre. L’Allemand nous dit être un grand amateur de musique de choeur, issue d’oeuvres traditionnelles bulgares ou russes par exemple, et il avoue avoir lui-même été dans une chorale quand il était jeune. «Je pense que la voix est l’instrument le plus complexe que nous connaissons. Je sais qu’il y a certaines personnes qui se sont plaintes du choeur sur l’album. Pour certaines personnes, c’est trop intense, trop émotif, trop direct, trop humain même. Mais je voulais cette touche humaine sur le disque parce que je savais qu’il y aurait beaucoup de sons synthétiques et si je les mélangeais avec de la texture réelle, ça brouillerait les limites de ce qui est réel et irréel. Je pense que le choeur se marie mieux à mes compositions qu’un ensemble à cordes ou un orchestre, ce que les gens me suggèrent habituellement. Je ne pense pas que c’est ce qui est intéressant pour moi.»

Pour ses concerts à Québec et Montréal, Nils Frahm nous confirme que deux pièces clés de l’album, All Melody ainsi que #2, toutes deux de longs crescendos stupéfiants, seront proposées à nouveau, lui qui les jouait déjà sur scène à la fin de sa dernière grande tournée. Ces pièces seraient-elles le noyau autour duquel a été construit l’album? «Pas vraiment! J’étais plus curieux d’explorer l’inconnu. Ces deux pistes n’étaient pas un problème parce que je savais qu’elles étaient des idées finies et que je devais simplement les produire. Je me suis donc davantage appliqué à développer du matériel que je ne connaissais pas. Mais oui, il semble que maintenant, All Melody et #2 sont au milieu de l’album et ils forment un point d’orge. Je savais depuis le début qu’elles apparaîtraient sur le disque et je savais que cela allait affecter l’ordre des chansons.»

[youtube]NW87dBPjHuU[/youtube]

Au final, lorsqu’il compose, Nils Frahm dit aimer se battre avec des idées pour trouver la bonne voie, la meilleure énergie d’une pièce. «Pour Human Range, par exemple, c’était une tentative de piano ratée. Je me suis dit: «Ah, c’est pas une pièce pour le piano, c’est pour quelque chose d’autre.» J’ai réorganisé la composition sans instruments et j’ai cherché le bon son pour en arriver au choeur et à la trompette. Parfois, c’est le contraire: j’ai un son, mais je n’ai pas les bonnes notes! À la fin, l’important c’est que tout s’accorde ensemble de façon naturelle.»

En concert
le 20 mars au Palais Montcalm (Québec) 
le 22 mars au MTelus (Montréal)

nilsfrahm.com