Alex Nevsky : Le pays des merveilles
Musique

Alex Nevsky : Le pays des merveilles

Ce nom de scène évoque une certaine grandiloquence vétuste, c’est un patronyme pourrait laisser croire à un compositeur russe resté fort discret. Alex Nevsky a emprunté ce nom à militaire héroïque du pays des tsars et donne, tout de même, dans la pop fleurie. Rien pour annoncer une rencontre avec l’Orchestre symphonique de Québec… et pourtant! 

C’est le genre d’offre qu’on n’espère même pas, un « grand honneur » pour reprendre les mots de l’humble chanteur encore un tantinet estomaqué. « C’est le genre de truc qui ne risque jamais de se représenter. Je suis vraiment excité et, en même temps, c’est effrayant. Je l’ai fait une fois, c’était avec l’OSM, je remplaçais Yann Perreau aux Francofolies devant comme 25 000 personnes avec La symphonie rapaillée et j’avais même pas fait de répète, mais j’ai pogné de quoi. C’était fabuleux, t’sais, et vraiment soulevant. […] C’était quand même assez vertigineux, sauf que je pensais pas pouvoir revivre ça un jour. »

Cette fois, une pratique intensive sera de mise. Alex Nevsky rejoindra la brigade dirigée par David Martin un jour seulement avant de monter sur scène. Pas le temps de niaiser. « Eux, c’est des pros donc on peut pas se chercher dans nos structures et tout ça. C’est une autre game, c’est deux mondes qui se rencontrent : le slack des musiciens pop qui peuvent répéter ben trop longtemps, prendre des pauses sans fin et juste jaser. Là, on arrive avec des musiciens hyper talentueux et syndiqués qui roulent, qui sont hyper efficaces. »

Il faut dire que les partitions sont prêtes depuis un moment.  Antoine Gratton, qu’on avait découvert sous un jour fort disneyesque en 2012 à la parution du Royaume d’Amylie, s’est séparé la tâche avec Jean-Nicolas Trottier – qui avait rendu pareil service à Louis-Jean Cormier en 2014. Cette fois, l’homme au faciès étoilé explore de nouvelles contrées. « Les arrangements d’Alex sont un peu plus dark parce que le matériel l’est aussi, explique Gratton. Je pense qu’il aurait moins trippé si j’avais été dans le Blanche Neige et tout ça. Il y a un petit peu de ça parce que j’aime ça, je trippe sur ce genre d’orchestrations là, mais c’est pas cartoon à ce point-là. »

Le programme de ce concert improbable sillonne les huit années d’une carrière en deux temps, des strophes poétiques du début aux refrains accrocheurs et riches en onomatopées d’aujourd’hui. Gratton, lui, choisit de célébrer ces deux périodes. Il s’offre notamment une relecture de Tristessa « avec l’orchestre full pin », une relique de la première offrande de Nevsky, un excellent morceau un peu oublié. « C’est moi qui l’a choisie. […] Je lui ai demandé : ‘’trouves-tu ça trop obscur ou whatever? Mais moi, j’entends vraiment affaires cool là-dedans, on pourrait s’amuser en christ.’’ C’est un poème, finalement, sur une musique.  C’est du spoken word et, en arrière de ça, tu peux vraiment faire une toile de fond qui tue. »

Courtoisie Antoine Gratton
Jeanne Gauliard (Courtoisie: Orchestre symphonique de Québec)

On leur a fait croire, brûlot pop qui lui a ouvert les portes des ondes hertziennes, fera l’objet « d’un long build up », d’une introduction composée en amont pour générer une attente, une tension chez les fans. « C’est ça qui est le fun avec les tunes à Alex, concède Antoine. Y’en a quand même une gang qui sont accessibles et connues. Moi, j’ai vraiment axé tout mon travail sur ces mélodies. Après ça, je les ai habillées différemment, finalement. »

Toucher le ciel

Juge à La Voix junior comme régulière, habitué des palmarès radiophoniques, Alex Nevsky a vraiment su se tailler une place de choix dans le cœur du plus grand nombre.  Cette invitation de l’OSQ marque, en quelque sorte, l’apogée d’une étoile. L’auteur-compositeur se pince encore et souffre, un peu, c’est ce qu’on décèle, du syndrome de l’imposteur. « Quand t’as fait une chanson avec quatre accords et un petit ‘’la la la’’, ce qui est très réel dans mon cas, [ça donne la chair de poule] de savoir que ça peut finalement se déployer avec 60 musiciens et huit ou dix lignes qui s’entremêlent. C’est énorme, ce cadeau-là. »

Reconnaissant, soucieux d’offrir un échange équitable, il s’affaire ces jours-ci à sélectionner quelques pièces classiques pour les intégrer au spectacle. Ainsi, le développement de public se fera dans les deux sens. Les membres de l’orchestre s’immisceront dans son univers pastel de dentelle et, en retour, Alex Nevsky s’engage à les séduire, leur tendre la main. « C’est sûr qu’il y en a qui vont tripper à jouer de la pop, mais ça reste très facile pour eux. Je veux dire, pour les musiciens d’un orchestre symphonique c’est un autre truc… Moi j’ai envie de leur faire plaisir en leur permettant de jouer quelque chose dans lequel ils peuvent exprimer leur talent complètement et que je puisse juste témoigner de ça autant que mon public. »

Les 13 et 14 mars au Grand Théâtre de Québec

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