Dweezil Zappa : Au nom du père…
Musique

Dweezil Zappa : Au nom du père…

Ça brasse dans la cabane, mais Dweezil reprend la route pour perpétuer la mémoire de son père, l’immense Frank Zappa.

Commentant dans son autobiographie (The Real Frank Zappa Book) les prénoms originaux qu’il a donné à ses enfants (Moon Unit, Dweezil, Ahmet et Diva), Frank Zappa écrivait «c’est surtout leur nom de famille qui leur causera des ennuis»… Il n’imaginait sans doute pas, cependant, que la bagarre prendrait carrément entre ses enfants. Les détails seraient un peu long à raconter, mais résumons en disant que les deux plus jeunes (Ahmet et Diva), devenus les « boss » du Zappa Family Trust (ZFT), n’ont rien trouvé de mieux à faire que de chercher à interdire à Dweezil, qui promène son groupe Zappa Plays Zappa à travers la planète depuis 2006, l’utilisation du nom Zappa! Sa série de concerts est alors devenue 50 years of Frank, ou, alternativement, puisque c’est quand même aussi son nom, Dweezil Zappa Plays Whatever The F@%k He Wants.

Tout ce débat légal finit par prendre pas mal de son temps, aussi, lorsque je lui parle en ce matin de mars, n’a-t-il par trop envie de s’étendre sur le sujet… «Ça fait plus de deux ans que ça dure, et tout ce que je voudrais dire là-dessus, c’est que tout ce qui est arrivé est bien malheureux, mais on est actuellement en train d’essayer de régler ça afin de pouvoir travailler ensemble dans le futur.» Bon, eh bien parlons plutôt de musique…

Donc, la tournée Choice Cuts – Dweezil Plays Frank se mettait en branle le 30 mars à Scottsdale (Arizona) et elle passera par Montréal le 15 avril. Encore une fois, le guitariste promet de mettre le paquet pour satisfaire aussi bien les vieux fans que les nouveaux venus: «Tu sais, mon défi c’est chaque fois de trouver l’équilibre entre ce que les gens veulent entendre et ce que nous voulons leur faire découvrir. L’une des façons de faire ça, c’est d’offrir des pièces bien connues dans des arrangements rares, ou, bien sûr, des choses que Frank n’a jamais jouées en concert, comme le jingle qu’il a enregistré pour les rasoirs électriques Remington!»

Dweezil s’entoure de sacrés musiciens, et musiciennes, pour interpréter la musique de son paternel, qui est connue pour être passablement compliquée. «Il y a Adam Minkoff, qui s’est joint à nous l’année dernière comme guitariste rythmique et chanteur; il peut faire les parties que chantait Frank, mais il n’est pas mal non plus pour remplacer Johny Guitar Watson! À la voix, il y a aussi Cian Coey, qui a un registre impressionnant et qui peut sonner aussi bien comme Tina Turner [qui chantait les chœurs avec les Ikettes sur le disque Over-Nite Sensation, de 1973] que comme Ricky Lancelotti [qui chante Fifty-Fifty sur le même].»

On retrouvera aussi dans le groupe le batteur Ryan Brown, l’excellent bassiste Kurt Morgan, Chris Norton aux claviers et la vétérane Scheila Gonzalez (sax et claviers), qui est dans le groupe depuis le tout début, en 2006. Et tout le monde chante, bien sûr. «Avec ce groupe, avec ces voix, on peut couvrir n’importe quelle époque du répertoire de Frank, explique Dweezil; on peut même jouer du Doo-wop, comme Anything (de l’album Cruising With Ruben & The Jets, 1968). Je ne touche pas beaucoup au répertoire des années 1980, qui m’attire moins, pour différentes raisons, mais nous jouons tout de même Drowning Witch, de 1981. Parmi les pièces rares, je peux encore parler de Sleep Napkins, un arrangement qui mélange Sleep Dirt et Black Napkins et qui n’a été joué que quelques fois en concert en 1975. Si tu es super familier avec le catalogue de Frank, tu auras de bonnes surprises, et si tu n’en sais rien, tout ça te semblera être de la nouvelle musique, et c’est très bien aussi!»

On pourra aussi entendre la seule pièce cosignée par Dweezil et Frank, Dragon Master, et encore d’autres («On a un programme qui a de la profondeur et on ratisse large, avec près de 40 pièces…»). Bref, un menu bien garni! Et si vous voulez appuyer Dweezil dans sa croisade visant à conserver le droit d’utiliser son propre nom de famille pour se présenter en concert, vous pouvez joindre sa campagne et devenir l’un des Others of Intention à cette adresse: pledgemusic.com/projects/othersofintention.

Au Théâtre Corona, le 15 avril, 20h