Dave Chose : simplement magique
«C’est un peu paradoxal de parler d’un projet solo, parce que j’ai jamais eu autant de gens autour de moi!», lance Dave Chose. Le chanteur et musicien de 26 ans sort ce mois-ci son premier album chez Bonsound, concocté avec Benoit Bouchard, Nicolas Beaudoin et Jonathan Bigras, une œuvre franche et magique qui magnifie le banal.
Suffit d’écouter son excellent premier extrait, Chez Françoise, pour vivre un grand moment d’émotion à travers un simple passage au dépanneur. «Y se passe pas grand-chose au niveau poétique. On se dit: “Ben, OK, y raconte un peu sa journée…”, mais après, tu peux rendre ça super touchant et c’est ce que je trouve intéressant en musique», dit-il, lorsqu’on le questionne sur ses textes. Sur son album homonyme, on l’entend parler du bonheur de pouvoir se rouler des clopes, de carburer à la bière 0,5%, et d’une pizza congelée comme bouée de sauvetage.
«Tu peux prendre deux mots presque inintéressants, mais avec un arrangement psychédélique ou grandiose, c’est comme si ça devenait un truc super important. Syd Barrett faisait beaucoup ça. Apples and Oranges, c’est le plus beau refrain qui a jamais été écrit! C’est drôle et touchant. Ça dit rien, mais en même temps ça dit tout!»
Les quatre amis travaillent avec et pour les tripes, évoluant dans un univers éclectique de rock psychédélique avec des touches de folk et de grunge, mais étant aussi capables de livrer des ballades convaincantes. Dave Bilodeau – de son vrai nom – a été un grand fan de Nirvana. Il arbore d’ailleurs un tatouage du groupe de Kurt Cobain sur un bras. «Ça fait une dizaine d’années que j’ai ça. J’écoutais du prog et du métal quand j’étais ado. Nirvana m’a sorti de ça, c’était le premier gros band que j’ai écouté et qui m’a fait réaliser: “Crisse, je pense que je serais capable de faire ça”. C’est vraiment pas compliqué, Nirvana, et ça se passe au boutte, dans l’énergie et l’intégrité artistique, dans l’intensité et dans la volonté. J’ai réalisé qu’il fallait pas nécessairement que ce soit compliqué pour que ce soit bon. Ça peut être deux accords, comme Something in the Way, une des plus belles chansons du monde.»
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Une autre grande influence musicale de Dave Chose, c’est Frank et le Cosmos, un groupe de chez lui qui a permis à l’artiste d’assumer sa langue. «Ce qui me touchait beaucoup quand je l’ai découvert, c’était la manière de chanter et d’utiliser des mots que ma mère utilise dans la vie. C’est l’idée de chanter comme tu parles. Ça me fait beaucoup tripper de faire vivre la langue jeannoise à travers la musique. Quand j’ai envoyé mes paroles à mon étiquette de disques, on m’a demandé s’il manquait une lettre dans un texte. Le mot, c’était “teur”, qui veut dire quelque chose de croche. Si, par cette simple interaction, y a trois personnes de plus qui savent ce que ça veut dire, ça me fait plaisir de partager le langage absolument pas universel de ma mère, de mon père, de mes matantes.»
Avant ce projet solo, Dave était du trio folk-punk Faudrait faire la vaisselle. Son nom d’artiste est né à cette époque, alors que ses acolytes et lui s’étaient trouvé des surnoms. «C’était un gag à la base. Ce qui me fait tripper, c’est que je trouve que ça fait quelconque. Aussi, je trouve ça important de me rappeler de ne pas trop me prendre au sérieux.»
Faudrait faire la vaisselle a duré environ trois ans et le groupe a fait pas mal de concerts au Québec à l’été 2016. L’aventure aura permis au chanteur de casser «une peur de la scène pas possible» qui l’avait poussé à arrêter de performer au cégep avec ses groupes de l’époque. «Puis, avec Faudrait faire, c’était ben lousse, donc ça m’a rendu plus à l’aise.»
«Ce groupe a été la meilleure école parce que c’était la pire, poursuit-il. On s’est ramassés à faire des shows dans la bouette, pas d’électricité… c’était très hippie-anarcho-punk. À un moment, j’ai un peu débuzzé et je me suis mis à faire des compositions qui ne cadraient plus tant avec ce genre de folk-banjo-violoncelle.» Voici donc Dave Chose en solo.
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S’il y a une certaine nonchalance qui se dégage de son interprétation très naturelle et de ses textes, Dave Chose démontre aussi une émouvante franchise sur son album homonyme. «J’ai que’que chose dans ma tête/Ben logé, ben pogné», gueule-t-il sur Que’que chose avant de reprendre son souffle: «Gueuler dans mon oreiller, paniqué, vouloir que la pression baisse à l’intérieur/Crispé, un peu détraqué, fatigué, vouloir que ce mal se taise, pu savoir l’heure».
Une thématique importante sur l’album, celle d’une personne qui a besoin d’aide, allait se fortifier par un hasard pas possible. «L’album s’ouvre sur une pièce d’orgue. Je suis allé voir le nom de l’église où on a enregistré ça: Notre-Dame-du-Perpétuel-Secours. J’étais soudainement sur un high! Je trouvais que ça faisait tellement du sens avec tout le reste de l’album parce qu’une bonne majorité des tounes, c’est quelqu’un qui a perpétuellement besoin d’être secouru.»
Alléluia!
Dave Chose
(Bonsound)
sortie le 27 avril
Lancement le 26 avril au Ministère
En spectacle à Québec le 22 septembre (L’Anti)