Ane Brun: un froid brûlant qui nous enveloppe
En clôture du festival Printemps Nordique le 28 avril dernier, la musicienne norvégienne Ane Brun a donné à la Maison symphonique un concert envoûtant, voyageant entre son répertoire indie-folk, des reprises et quelques perles nouvelles.
Humilité et générosité sont les mots qui surgissent s’il fallait résumer cette heure et demie dans la beauté calme de la Maison symphonique où Ane Brun a été loin d’être calme. Délicieux contraste pour le public assis, de la voir apparaître, fougueuse dans sa veste rouge, flamboyante pour l’œil. Et de donner le ton d’un spectacle qui naviguera entre intensité et douceur.
C’est donc sur une nouvelle chanson que l’auteure-compositrice-interprète a plongé dans cette soirée. Une chanson aux accents plus rock que ce dont on est habitués avec l’artiste, mais teintée de sa touche mystérieuse. Ce côté exploratoire s’est poursuivi sur plusieurs autres propositions qui révèlent un matériel sensuel touchant au soul et au jazz. Ce qui n’est pas étonnant ayant eu pour mère une pianiste et chanteuse qui l’a initiée à ce style. Exit la mélancolie, l’artiste était là pour s’amuser. Ce concert laisse présager de nouveaux territoires à portée de main.
Son dernier album, Leave Me Breathless, entièrement constitué de reprises, remonte à 2017. Et Ane Brun adore les reprises, une particularité qui met en avant ses talents d’interprète. Peu d’artistes se laissent aller à cette tendance, comme si la consécration venait seulement de la paternité de ses chansons. Ane Brun célèbre donc ce titre de chanteuse de sa voix claire venue des fjords qui vient nous toucher au plus profond lorsqu’elle reprend Neighborhood #1 (Tunnels) d’Arcade Fire, Hero de Mariah Carey et Halo de Beyoncé. Elle fait plus que les reprendre, elle se les approprie pour des créations savamment orchestrées. Une manière de redécouvrir ces chansons comme elle le dit si bien.
Ane Brun possède une présence magnétique sans être une bête de scène. On l’écouterait pendant des heures nous parler de ces femmes dont le combat l’inspire, du temps qui passe et comment l’on se réveille un matin presque 20 ans plus tard dans une ville adoptive, des influences de la Norvège et de l’océan. L’écouter, c’est se laisser emporter dans la brume et les embruns.
On ressent de cette femme une force tranquille, constante et fragile en même temps. En plein décalage horaire, elle nous fait rire avec ses erreurs qu’elle se pardonnera plus tard, plaisante-t-elle. Et nous aussi. Elle aussi capable de faire danser la Maison symphonique en nous faisant oublier la frustration du début d’être assis. Entre classiques et nouveautés, Ane Brun a su conquérir son public, constitué de beaucoup de connaisseurs, à voir l’enthousiasme. Elle a su également toucher comme les vrais artistes savent le faire.
Ane Brun, à la voix et guitare, était accompagnée de Martin Hederos (claviers), Dan Berglund (basse), Josefin Runsteen (percussions et violon), Johan Lindstrom (guitare), Ola Hultgren (batterie), Andreas Werliin (batterie).
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