Jesuslesfilles : Ben commode
Avec son troisième album, Daniel, Jesuslesfilles revient en force après un hiatus de quatre ans. Plus stable que jamais, la formation conserve une énergie créative fébrile, quoique moins destructrice qu’auparavant. Entretien amical avec le quintette de garage rock abrasif.
Depuis sa naissance en 2008, la formation a vécu quelques changements de personnel avant d’en arriver à sa forme actuelle, celle qui signe un Daniel aux accents plus simples, axé sur les mélodies et assurément plus souple que ses prédécesseurs sur le plan des textures. À mesure que de nouveaux membres sont venus remplacer les anciens, la direction s’est dessinée d’elle-même. «On était à une autre place à nos débuts, explique Martin (guitares, voix), mais la dynamique en ce moment est aussi forte qu’au départ. Ça s’est toujours fait naturellement quand on a changé de line-up, pis ceux qui sont venus s’ajouter au projet, c’était toujours des nouveaux amis. Mettons, on avait besoin d’un guitariste. Phil, c’était un nouvel ami, fait que je lui ai demandé si ça lui tentait. Y a dit oui. Pis ça s’est fait pareil pour Guillaume (basse) pis Yuki (voix). On est juste allés chercher le talent chez nos nouveaux amis, Benoit (batterie) pis moi.» C’est donc dans un tissu de cohérence qu’est tissé Jesuslesfilles, et c’est dans ce matériau brut même que le groupe va puiser son inspiration.
Mais, question légitime, c’est qui ce Daniel? «Ben, au début, poursuit Martin, y avait une toune sur l’album qui avait un nom, je me souviens pus c’est quoi, mais ça marchait pas. Faque je me suis dit “Je vais l’appeler Daniel ”, pis Benoit a dit “OK”. Ça arrive assez rarement que c’est simple de même, fait qu’on a décidé que ça allait être le nom de l’album.» En fait, c’est un peu plus poussé que la simple anecdote. Effectivement, ce prénom en apparence anodin est intimement lié à Jesuslesfilles. Au tout début du projet, c’est après avoir écouté un documentaire sur Daniel Johnston que Martin s’est senti extrêmement inspiré par son processus de création très naïf. «C’est quelque chose qui est toujours resté dans la façon dont j’écris des paroles», mentionne-t-il. L’autre Daniel? Nul autre que Daniel Balavoine, ce chanteur français marquant des années 1980, dont l’empreinte s’est ressentie jusque dans les années 2000 dans l’Hexagone. «On s’était fait une playlist pour écouter en montant à Toronto, explique Benoit. Évidemment, on avait mis Tous les cris les SOS de Marie-Denise Pelletier, mais on a appris plus tard que c’était pas sa toune, que c’était un cover de Daniel Balavoine. C’est un peu de même qu’est née notre fascination pour lui.» Finalement, selon Martin, si l’album en soi est un Daniel, «c’te Daniel-là, y est ben commode».
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«Avant, les soirées finissaient pas, pis c’tait un peu le moteur du groupe, selon Benoit. Astheure, on a un peu vieilli, fait qu’on finit par aller se coucher. C’est comme une autre façon d’avoir de l’énergie, on est plus en forme le matin.» Martin conclut: «T’sais, si t’es accro à quelque chose pis que ça te détruit, même si c’est ton moteur, un moment donné, faut que t’arrêtes. Pis un coup qu’t’as arrêté, faut que tu continues à faire de la musique pareil. C’est un peu ça qui s’est passé avec cet album-là. On a encore la même énergie, elle s’est juste déplacée ailleurs.»
Daniel sera disponible dès demain sur toutes les plateformes numériques. Retrouvez toutes les dates de la tournée sur le site Web de Jesuslesfilles.