Marie-Gold : Bonnes ondes seulement
Musique

Marie-Gold : Bonnes ondes seulement

Elle revendique son droit à vivre hors du moule. Avec son premier EP solo, la rappeuse québécoise s’impose comme une voix forte pour celles qui se refusent aux diktats de l’abstinence et de la maternité. C’est le témoignage d’une femme libérée, d’une citadine ancrée dans le présent.

Enveloppés dans un échantillonage du pianiste Bill Evans, un écrin jazzé bonifié par la trompette de son ami Francis Leduc-Bélanger, les mots de la première plage de Marie-Gold (née Chloé Pilon-Vaillancourt) donnent le ton et annoncent ses couleurs. Résiliente, fonceuse, la cheffe de feu Bad Nylon a fait table rase pour rebâtir sur des bases plus solides. Vous l’aurez compris : certains passage de Recommencer font directement référence à la séparation de son groupe qui semblait pourtant avoir le vent en poupe.

Des angoisses de dépenses
On est sensées think big, more quick que jeans trouées
Fille make it jusqu’à la vitre teintée
On va tous faillir y passer
Mieux que de faillir à se dépasser

« Je pense qu’il faut aller de l’avant. Quand t’es dans un projet comme ça, si t’as de l’ambition, faut investir du temps et de l’argent. J’ai toujours think big avec Bad Nylon. » Elle se confie sans filtre, mais on ne la sent pas amère non plus. Plutôt que de l’affaiblir, la rupture aura été émancipatrice. « Ça faisait quatre ans que je m’investissais, que je leadais un projet dans lequel les gens n’étaient pas complètement investis. Je sentais que je mettais énormément d’énergie, mais qu’il y avait toujours la possibilité que ça plafonne… Je suis vraiment en paix avec ça, en fait. Je me sens libérée. »

Marie-Gold (Crédit: Étienne Dufresnes)
Marie-Gold (Crédit: Étienne Dufresnes)

« je pense qu’il faut aller de l’avant. Quand t’es dans un projet comme ça, si t’as de l’ambition, faut investir du temps et de l’argent. Moi, j’ai toujours think big avec Bad Nylon. »

– Marie-Gold

 

L’auteure-beatmakeuse-interprète récolte les fruits de l’indépendance avec ces six pistes qu’elle réalise d’ailleurs elle-même. Elle y explore des thèmes plus personnels, « plus matures » renchérit-elle, tout en restant en phase avec la thématique de « post-hypersexualisation » souvent évoquée en entrevue par la première cohorte de son ancien collectif. Une formule utilisée à la blague, mais qui en disait quand même beaucoup sur leurs intentions profondes. Même seule, Marie-Gold balaie le slutshaming du revers de la main et prône une sexualité décomplexée, dénuée de toute morale judéo-chrétienne. « Je l’ai pas fait parce ce que, mettons, je trouvais que ça manquait [dans le rap québ]. Je l’ai pas fait avec une intention derrière la tête mais, forcément, ça reflète ma réalité. »

Mauvais Timing et La Vierge en sont de beaux exemples, des textes sensibles qui ne versent jamais dans le mélodrame. La parolière y détaille des histoires de cœur  qui l’ont blessée, mais dont elle est s’est extirpée en gardant la tête haute. La dignité est au cœur de sa démarche, de ce qu’elle dégage. Ces deux chansons sont comme des cris de ralliements. « Tout ce processus [d’écriture] là était vraiment personnel pas nécessairement axé sur ‘’ah ouais! Je vais soulever une armée de femmes!’’. Mais je pense que c’est que c’est clairement intéressant qu’il y ait une fille qui se présente de manière complètement complexe, qui aborde des sujets comme ça de manière originale et réfléchie. Assurément, je pense que ça peut être intéressant dans le paysage. »

Elle parle également de ses démons sur À l’avenir, l’ultime morceau qui se solde par une énumération de ses résolutions. « Quand t’écris sur tes problèmes, après il faut que tu move on. Il faut que tu apprennes ça. » Marie-Gold est du genre positive, optimiste. Ce mini-album s’amorce avec une page qui se tourne, un regard (furtif) dans le rétroviseur pour finalement se tourner vers un futur chatoyant. Le meilleur est toujours à venir.

 

Goal : Une mélodie (Indépendant)
Disponible le 11 mai

 
Lancement au Mezcal Collective le 23 mai (Montréal)