Le phénomène Eddy de Pretto débarque aux Francos
Cure, premier album d’Eddy de Pretto sorti le 2 mars, a mis le feu sur l’huile d’un buzz déjà foudroyant chez nos cousins français.
À la manière de Stromae, le jeune chanteur français marie le rap à la chanson française, mais son œuvre est plus crue et incisive, Cure ayant pour thèmes principaux la recherche d’identité et la virilité. Eddy de Pretto se dévoile à nous dans une langue forte. Une œuvre coup-de-poing que le Français viendra défendre sur scène ce mois-ci.
Ce sera votre premier concert à Montréal. Quelles sont vos attentes?
Je suis déjà venu à Montréal, pour les Francos justement, mais comme spectateur. À l’époque, j’avais vraiment aimé. J’étais passé au festival Mural, fasciné par cette rue entière où les gens faisaient des graffitis. Pour le concert, je n’ai pas d’attentes à part celle comme d’habitude de conquérir les gens et que ça fonctionne entre nous. Je ne sais pas du tout la propension de l’affaire au Québec, donc je verrai le jour où j’y serai. J’espère être surpris!
Est-ce que c’est un objectif pour vous de tenter de percer d’autres marchés francophones hors de l’Europe?
Oui, l’idée de s’agrandir est une chose qui m’excite beaucoup. Pour ce qui est de tournées à venir, on verra. Je laisse le temps faire. J’adore la scène, donc plus ça va bien, mieux je me porte, mais on verra comment ça va se dessiner.
Vous avez grandi à Créteil, en banlieue de Paris. Votre album Cure laisse entrevoir une enfance plus difficile que douillette. Est-ce le cas?
Non, ce n’était pas une enfance particulièrement difficile. Je me sentais énormément enfermé à l’idée d’être en banlieue. On me laissait croire par mon éducation que c’était difficile de réussir, que je n’étais pas né au bon endroit. J’ai donc développé un acharnement à vouloir tout dépasser, avoir encore plus envie de réussir et faire de ma vie ce que je voulais. L’album évoque l’adolescence, la recherche d’identité, comment s’épanouir…
Vous interprétez ces chansons souvent seul sur scène, mais désormais, vous êtes accompagné d’un batteur en tournée. Y a un désir de garder ça minimaliste?
Pour le moment, oui, j’aime cette idée d’un spectacle épuré pour revenir à l’essentiel, c’est-à-dire le texte. Je veux qu’il n’y ait pas grand-chose et qu’on puisse entendre la densité qu’il y a dans ces chansons et créer un dialogue assez intimiste avec le public malgré les scènes de plus en plus grandes. C’est ça le défi: être encore plus fort avec peu de choses sur scène. On ne monte pas sur scène de la même manière avec un orchestre symphonique comme on monte seul avec son téléphone cellulaire. Dans l’approche et la volonté de conquérir les gens, ce ne sont pas les mêmes intentions.
Dans votre interprétation se dégage une grande force, voire une violence. Pour la scène, le souffle doit être important. Devez-vous faire un entraînement?
Totalement. Je chauffe ma voix tous les jours. J’ai acquis une technique pendant mes années de formation et ça me permet sur scène de ne plus y penser aujourd’hui, d’être plus dans l’interprétation. Et c’est ça pour moi l’essentiel. C’est comme de l’acrobatie, un exercice quotidien qui, un jour, est intégré complètement à soi.
Votre succès semble avoir été instantané alors qu’en réalité, vous avez travaillé longtemps avant de connaître la gloire.
La reconnaissance publique et médiatique est arrivée extrêmement vite en effet, mais je suis sur ce projet depuis pas mal de temps. Dans les dernières années, j’ai fait des scènes de 40 places dans des caves parisiennes. Les objectifs augmentaient et j’avais cette volonté de faire grandir ce projet artistique. Après, oui, le succès est arrivé de manière fulgurante, mais je crois que c’est une question d’époque, la manière qu’on a de consommer les choses aujourd’hui. On écoute les artistes à la va-vite et on ne sait pas jusqu’à quand ça durera.
Aujourd’hui, êtes-vous là où vous souhaitiez être, avez-vous de nouveaux objectifs?
Oui, je suis content d’en être arrivé là. Après, maintenant, il faut tout reconfirmer, rejouer les cartes, et ce sera un travail intense. Rien n’est terminé. Je veux faire un deuxième album. J’ai des thèmes qui sortent de ma tête de plus en plus et il faudra passer à l’élaboration pour creuser les choses, mais en tout cas, c’est en cours!
En concert le 10 juin
au MTelus
dans le cadre des Francos de Montréal
Cure
(Universal)
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