Festival en chanson de Petite-Vallée : Go, on y va!
Musique

Festival en chanson de Petite-Vallée : Go, on y va!

Après avoir perdu son centre névralgique, le Théâtre de la Vieille Forge, dans un violent incendie en août dernier, le Festival en chanson de Petite-Vallée regarde droit devant pour sa 36e édition.

«Ç’a été une année de toutes les émotions, de tous les rebondissements», commente Alan Côté, directeur général et artistique de Village en chanson de Petite-Vallée, en Gaspésie. «En 2017, on a connu l’une des bonnes sinon la meilleure année de toute l’organisation sur le plan de l’achalandage et du soutien. Avant l’incendie, donc, on a eu une super édition. Et puis, il y a eu cette vague de solidarité exceptionnelle qui nous a submergés d’amour et qui nous a donné du gaz pour être résilients, pour nous permettre de continuer notre mission et éventuellement de reconstruire notre théâtre.»

Lors d’une année divisée entre la préparation de la 36e édition – pas question, évidemment, de cesser les activités – et la tenue d’événements liés à sa grande campagne de financement – où le festival a récolté 1,5M$ en dons et 250 000$ en biens et services –, Alan Côté n’est pas tombé dans la nostalgie pour mieux avancer. «La salle n’est plus là, mais son âme est encore là et moi je suis encore là. Alors on regarde en avant. On est en mode action-réaction. Go, on y va! On va construire quelque chose de plus beau encore.»

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Le prochain Théâtre de la Vieille Forge du Festival en chanson de Petite-Vallée devrait renaître sous un nom similaire, mais il ne sera pas prêt avant 2020, indique le DG. L’événement a donc fait l’acquisition de la «Cadillac des chapiteaux», une structure d’aluminium sans poteaux qui résiste à des vents de 140km/h et qui fait 75 pieds de large par 157 pieds de long. L’expérience générale du Festival en chanson ne sera pas chamboulée. Et lorsque le théâtre sera reconstruit, ce fameux chapiteau remplacera celui qui est installé à Grande-Vallée pendant le festival. «On sera encore sur le bord de la mer, précise Alan Côté. On essaie d’avoir notre installation complète: un bar, une cuisine, deux salles de spectacle, au même endroit en bas de la côte. L’équipement de son et la cuisine serviront au Camp en chanson [un camp de vacances musical annuel] et au futur théâtre par la suite. Ce sera même plus spacieux! On garde vraiment le même modèle de festival: jamais deux spectacles en même temps, mais plusieurs shows par jour.»

Une programmation variée

Le spectacle qui vendait le plus de billets au moment de notre entretien, c’était La caravane country avec Laurence Jalbert et ses invités, le 7 juillet au Chapiteau Québecor. «On a toujours un grand spectacle country au festival, parce qu’on est dans une région qui aime ça.» Parmi les autres grands rendez-vous, il y a les spectacles de Jean-Pierre Ferland et de Marjo, tous deux à leur première visite au festival de Petite-Vallée. «J’ai toujours un attachement pour les artistes marquants de leur génération et de l’histoire de notre chanson, dit Alan. C’est donc avec une grande fierté que j’accueille ces artistes. Chacun à sa façon a révolutionné et bouleversé la chanson québécoise.»

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À l’inverse, il y a aussi, parmi la programmation de Petite-Vallée, de ces artistes qui ont vécu toutes les étapes de l’événement, comme un parrainage complet. Une autre grande fierté du festival pour Alan Côté. «La chance que j’ai, c’est de pouvoir accompagner les artistes dès le début et jusqu’à ce qu’ils deviennent les plus reconnus de leur génération. Klô Pelgag et Philippe Brach, qui sont du festival cette année, sont des exemples parfaits. Ils ont fait les Rencontres qui chantent [réunissant une douzaine d’auteurs-compositeurs-interprètes] tout jeunes, autour de 20 ans, et puis ils ont participé au festival comme chansonneurs. Puis, ils ont été programmés dans de petites salles à Petite-Vallée, ils ont fait des premières parties et maintenant ils sont les vedettes. Pour moi, ça, c’est des must. C’est la même chose pour Marie-Pierre Arthur et Louis-Jean Cormier, qui ont fait ces étapes-là et qui sont devenus porte-parole.»

Les deux passeurs cette année seront d’un événement unique, 1 fois 6, qui fait écho au mythique 1 fois 5, spectacle de la Saint-Jean de 1976 qui avait réuni Robert Charlebois, Gilles Vigneault, Claude Léveillée, Jean-Pierre Ferland et Yvon Deschamps. Cette fois-ci, la parité dans le spectacle est venue tout naturellement. Autour des deux porte-parole se rassembleront Salomé Leclerc, Ariane Moffatt, Olivier Langevin et Fred Fortin. «Louis-Jean est en sabbatique et Marie-Pierre est en année de création. On devait penser à un concept original parce qu’ils n’ont pas de nouveau show. On s’est dit qu’on pourrait avoir des invités. Ariane et Marie-Pierre avaient fait le spectacle Les louves l’an passé aux Francos et ça ressemble un peu à ça: des chansons des uns et des autres et sans doute des reprises. Ce sont des artistes d’une même génération, comme 1 fois 5 l’était. Et la beauté, c’est que ça prouve l’évolution d’une société puisqu’on a maintenant trois gars et trois filles. On n’a pas pensé à la parité, on a regardé les artistes solistes qui étaient capables d’accompagner les autres et ça s’est fait tout bonnement. Ces artistes se sont souvent accompagnés sur scène, mais pas tous ensemble.»

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L’art pour l’art

La motivation d’Alan Côté, à travers le Festival en chanson, c’est aussi de valoriser la création sans bornes. Lors d’une allocution cet hiver dans le cadre de l’événement Rideau, il a demandé aux diffuseurs et producteurs de croire en nos artistes, de les soutenir et de prendre des risques. «Il faut que tous les gens dans l’industrie de la musique aient une vision, une capacité d’évolution pour ne pas toujours brasser les mêmes eaux, réitère-t-il. Je crois beaucoup à l’audace et à l’évolution des publics. C’est pas stagnant, un public, c’est un animal à dompter. Si tu lui donnes toujours la même avoine, il mangera la même avoine, mais si tu lui en donnes d’autres, il finira par aimer autre chose. L’image des brasseries au Québec est assez éloquente en ce sens. On buvait tous de la 50, de la Molson et de la O’Keefe à l’époque, mais là y a une effervescence et c’est pas pour rien qu’on crée de nouvelles bières aux deux jours. Les gens sont curieux. C’est correct aussi de vouloir encore sa 50. Tout est OK! Mais quand on est dans une société et qu’on travaille avec des subventions, l’État doit soutenir la création, l’art pour l’art, l’évolution de l’être humain par l’intelligence et l’art.»

Du 28 juin au 7 juillet
À Petite-Vallée