Festival OFF : Première soirée de haut calibre
Musique

Festival OFF : Première soirée de haut calibre

On peut dire que la 15e édition du Festival OFF de Québec a démarré sur les chapeaux de roues hier soir, à la Salle Multi, avec la relecture orchestrale du répertoire de Harfang et de l’hommage à Joe’s Garage de Franz Zappa. Retour sur cette soirée d’ouverture trépidante et électrisante.

C’est vers 20h que le quintette folk de Québec Harfang est monté sur la scène de la Salle Mutli de Méduse afin de présenter les nouveaux arrangements de ses compositions originales via une section de cordes dirigée par Gabriel Desjardins (arrangeur de Philippe Brach, Gabrielle Shonk, entre autres). Comme à son habitude, la formation indie-rock a livré une performance sans faute, quasi parfaite, où les envolées instrumentales et la voix sublime de Samuel Wagner ont volé la vedette.

Harfang (Crédit: Marion Desjardins)
Harfang (Crédit: Marion Desjardins)

Il a fallu patienter jusqu’à la quatrième pièce du set, Kneel, avant de voir la section de cordes à l’œuvre. Et l’attente en a valu la peine : une symbiose était bel et bien créée entre Harfang et le Quatuor Orphée, notamment sur les pièces As You Sing ou encore Laugh Away The Sun, deux pièces aux mélodies planantes et introspectives amendées par l’orchestration étoffée de ce quatuor montréalais. À vrai dire, la musique d’Harfang — aérienne et discrète — se prêtait très bien à ce genre d’exercice de réarrangement organique. Même sur un titre plus rythmé et dynamique comme Pleasure, l’ajout de trois violons et d’un violoncelle a enrichi l’offrande initiale de brillante façon.

DF

On se dirige ensuite au Studio d’Essai pour voir le duo montréalais DF, projet du saxophoniste et séquenceur, Dustin Finer, et de Dan Freder, qui s’occupe du design visuel. Une performance d’une quarantaine de minutes sans grands éclats, qui a offert l’alliage de saxophone et d’électro minimaliste et épuré que l’on retrouve sur le premier projet du groupe, abcdf, paru en septembre dernier. Somme toute, une expérience immersive intéressante, mais qui souffrait d’un manque d’exécution (et de rythme).

DF (Crédit: Marion Desjardins)
DF (Crédit: Marion Desjardins)

Joe’s Garage

L’hommage à cet opéra-rock mythique et controversé (paru en 1979) de Frank Zappa a été sans aucun doute le clou de la soirée. Un spectacle endiablé de près de 1h30 à la mise en scène avant-gardiste, qui a montré tout le savoir-faire de onze musiciens de Québec (en majorité des Pantoumiens). En effet, reprendre une oeuvre aussi complexe que celle de Joe’s Garage s’avérait  a priori comme un défi colossal, mais l’équipe d’Isabelle Cormier et d’Alexandre Martel n’a pas failli à la tâche d’en faire un spectacle mémorable, tant sur le fond que sur la forme.

Jeunes et moins jeunes se trouvaient donc aux premières loges de cette histoire presque apocalyptique où l’on suit le parcours de Joe (Nicolas Grynzspan), un adolescent frivole jouant de la musique rock dans son garage avec ses amis et vivant dans une société dystopique (à la 1984 de d’Orwell) qui souhaite bannir la musique, et ce, à travers la voix de la Centrale Scutinizer (Jean-Michel Letendre-Veilleux), un robot-ovni qui surveille chaque individu et qui les avertit des dangers de la musique.

Joe's Garage (Crédit: Marion Desjardins)
Joe’s Garage (Crédit: Marion Desjardins)

Hormis quelques insides et blagues obscures (notamment lancées amicalement à l’endroit de Gab Paquet), l’hommage du OFF a été fidèle au récit initial de Zappa. Les ébats amoureux de Joe, ses maladies, sa descente aux enfers, le concours de wet t-shirt, l’omniprésence de la religion : tous les ingrédients s’y trouvaient. Toutefois, c’est le travail d’interprétation derrière les arrangements étoffés, les interminables et frénétiques solos de guitare de Zappa, la palette de styles explorés (hard rock, reggae, gospel, musique contemporaine) qui a rendu cette proposition unique, notamment lors des morceaux Catholic Girls, Why Does it Hurt When I Pee? ou Keep It Greesy, exécutés à la perfection.

Les festivaliers du OFF étaient comblés.

// Notre suggestion pour ce soir: VINCENT et Anatole dès 22h15 à la Salle Multi de Méduse