FEQ : La fièvre rap s’empare de Québec
Musique

FEQ : La fièvre rap s’empare de Québec

Basses frétillantes, autotune à profusion, tressaillements, nuages de fumées et coups de chaleur ont retenu l’attention, hier soir, au FEQ, où Future, Lil Yachty, Loud et Killy se sont succédé tour à tour dans cette grande messe hip-hop. Résumé.

Future

C’est à 22h15 que Future (de son vrai nom Nayvadius DeMun Wilburn) est débarqué sur les plaines avec son flow élastique et ses compositions magnétiques, fortement autotunées. Moins de 24h après la parution d’un mixtape de neuf chansons, BEASTMODE 2, le rappeur originaire d’Atlanta s’est plutôt contenté d’aller piger dans son vaste et riche répertoire (en moyenne deux albums par année), enfilant les Blasé, Real Sisters, Trap Niggas et Jumpman d’un rythme effréné. Pour l’appuyer : une présentation visuelle soignée et quatre danseurs vêtus de blanc à ses côtés. Laconique, Future préfère faire parler ses basses lourdes et ses mélodies entraînantes, principalement lors de Low Life (sa collaboration avec The Weeknd), Fuck Up Some Commas et de son méga succès Mask Off, dont chaque festivalier connaissait la ritournelle du refrain. Un passage remarqué — quoiqu’impersonnel — à Québec pour ce rappeur prolifique, qui n’a certes pas failli à sa tâche de mettre le feu à un parterre extatique depuis 18h30.


Lil Yachty (Crédit: Renaud Philippe, Courtoisie FEQ)
Lil Yachty (Crédit: Renaud Philippe, Courtoisie FEQ)

Lil Yachty

Avec son style vestimentaire (et capillaire) déjanté et ses compositions qu’ils qualifient lui-même de «bubblegum trap», Lil Yachty fait partie de cette nouvelle génération de rappeurs délaissant les codes préétablis du rap. Et à en juger par la réception de la foule, hier soir, les fans hip-hop ont accueilli à bras ouverts cette proposition peu conventionnelle, voire caricaturale, de ce visage maintenant bien ancré dans le paysage rap américain. S’il s’en est remis un peu trop souvent à ses bandes préenregistrées ou aux back vocals de son DJ, on ne peut reprocher à Lil Yachty ses habiletés d’entertainer. Lors des bangers iSpy, NBAYOUNGBOAT ou Peek a Boo, le jeune homme de 20 ans a préféré contourner ses carences vocales en tonitruant d’innombrable «let’s go!». Il n’en fallait pas plus pour que la foule du FEQ — déjà bien réchauffée — se lance des bousculades d’occasion. «I want to see the biggest f****** moshpit this festival has ever had!», a lancé Yachty avant Minnesota (de son premier album Lil Boat) au dernier tiers, avant d’enfiler avec 66 et Sad (de XXX Tentacion, assassiné la semaine dernière) dans les derniers instants. Une performance colorée et hautement divertissante, qui manquait en finesse.


Loud (Crédit: Renaud Philippe, Courtoisie FEQ)
Loud (Crédit: Renaud Philippe, Courtoisie FEQ)

Loud

Pour citer le titre de son album, Loud connaît une année record et cette présence sur la scène Bell confirme une fois de plus son ascension au haut de l’échelle du rap québ. C’est donc devant une foule déjà comblée d’avance que le rappeur montréalais s’est présenté, micro à la main, et accompagné de son fidèle acolyte Ajust aux tables tournantes. Dès l’ouverture, Loud a donné le ton avec So Far So Good et Nouveaux riches, deux morceaux à l’énergie mordante, pour ensuite récidiver quelques instants plus tard avec Hell, What a View, morceau aux influences trap à la basse bouillonnante. Encore une fois, Simon Cliche-Trudeau a montré l’efficacité de son flow habile et de son hip-hop souple et impétueux sur Toutes les femmes savent danser et 56K (au rappel) qui a clôt ce spectacle sans anicroche, où le protagoniste était en parfaite harmonie avec son public.


Killy (Crédit: Renaud Philippe, Courtoisie FEQ)
Killy (Crédit: Renaud Philippe, Courtoisie FEQ)

Killy

La scène urbaine et rap de Toronto est en pleine effervescence depuis quelques années et on a eu la démonstration avec le rappeur canadien Killy, qui avait la mission de lancer cette soirée rap. Le jeune homme de 20 ans au trap mélodique et à l’esthétisme emo a fait irruption sur la scène des plaines d’Abraham vêtu de sa veste noire déboutonnée afin de présenter les pièces de son premier album Surrender Your Soul (2018). Pour un rappeur dont le succès s’est bâti autour de la plateforme Soundcloud, la réception de la foule a été assez surprenante (et vive), particulièrement lors des titres Killimanjaro et No Sad No Bad, où nombreux moshpits se sont formés, au grand plaisir du Torontois. Parions que ce ne sera pas le dernier rendez-vous entre Killy et le public de Québec.


// Notre suggestion pour ce soir: Ponctuation et Helena Deland à la Place de l’Assemblée nationale dès 18h30