FEQ : Amalgame de succès
Musique

FEQ : Amalgame de succès

La pop rock rafraîchissante de Phoenix et l’univers bigarré de Beck étaient à l’honneur, hier, pour la huitième soirée du Festival d’été de Québec. Une combinaison survoltée, riche en explorations, qui a peut-être souffert d’un manque d’engouement.

Après 18 ans de carrière active (lire six albums depuis 2000), difficile d’imaginer que Phoenix en était à son tout premier passage à Québec. Malgré des pièces dansantes bien rodées et une musicalité hors pair, la formation rock-pop française s’est butée à une foule trop peu réactive pour ce premier rendez-vous, visiblement incommodée par la température fraîche et venteuse de ce jeudi soir.

La troupe de Thomas Mars a néanmoins tenté de réchauffer la foule — plus ou moins remplie vers 20h — au meilleur de ses capacités, en enfilant avec une aisance et une énergie ineffables les titres pop-synthés aux accents 70’s J-Boy et Ti Amo de leur dernière offrande, du même nom, paru en 2017.

«Québec, ça va? C’est la première fois qu’on vient ici. Merci à tous de nous avoir invités dans ce lieu magnifique», a lancé le chanteur, avant d’interpréter le mégasuccès Lisztomania, dont les festivaliers ignoraient en majorité le refrain, pourtant très connu, causant un long moment de silence embarrassant.

Thomas Mars (Crédit: Renaud Philippe / Courtoisie FEQ)
Thomas Mars (Crédit: Renaud Philippe / Courtoisie FEQ)

Mars, à première vue timide, sait comment animer une foule, notamment lors de 1901 et d’une version instrumentale de Ti Amo  en clôture de spectacle, multipliant les bains de foule et promenant son interminable fil rouge au-dessus des têtes. En prime : une gorgée de bière soutirée à un festivalier et une séance de crowd surfing à travers la marée humaine. Belle tentative de séduction, mais une salle intérieure (et plus intime) aurait été préférable pour accueillir le quatuor. Espérons que ce n’est que partie remise.

Éclectique Beck

C’est à 21h45 que Beck a arpenté la scène Bell, muni de son chapeau, de sa Silvertone 1448 et entouré de sept musiciens, afin d’interpréter coup sur coup les succès impérissables Devil’s Haircut et Loser, tirées respectivement de Odelay et Mellow Gold. Les nostalgiques comblés, le retard de 15 minutes était pardonné.

Beck (Crédit: Renaud Philippe / Courtoisie FEQ)
Beck (Crédit: Renaud Philippe / Courtoisie FEQ)

Bénéficiant d’une présentation visuelle soignée et colorée, à l’image de son plus récent opus au succès mitigé Colors, l’auteur-compositeur américain a montré l’étendu de son savoir-faire musical, hier soir, présentant un habile et contagieux alliage de folk bluesy, de funk-rock et de pop alternative. Si Up All Night et Wow furetaient dans des sonorités électroniques dansantes, l’éternel adolescent de 48 ans a ensuite changé de registre — comme seul Beck sait le faire —, se permettant un segment guitare/voix avec Debra, une reprise de Raspberry Beret du légendaire Prince (note: mauvaise idée de demander à la foule de chanter les paroles d’une chanson qu’il ne connaisse pas) et une version feu de camp de la mélancolique Blue Moon de son album Morning Phase.

Beck a ensuite parcouru les derniers miles de son setlist avec les dansantes Girls et Colors, la populaire E-Pro à la finale instrumentale endiablée et Where It’s At, gardé pour le rappel et renouvelé dans un jam pour présenter l’ensemble des musiciens. Un spectacle à l’amusement et à la légèreté indéniable, certes abrégé (80 minutes), considérant la richesse du répertoire de ce géant américain.

// À voir ce soir: Milk & Bone, Cindy Lauper et Lorde dès 19h sur les Plaines d’Abraham