Retour sur Heavy Montréal – Jour 2 avec Voïvod et Gojira
Musique

Retour sur Heavy Montréal – Jour 2 avec Voïvod et Gojira

Encore du soleil et deux découvertes en cette 2e journée de festival Heavy Montréal, 9e édition.

Power Trip était une excellente entrée en matière pour cette deuxième journée de festival. D’une part parce que la formation du Texas propose un crossover galopant et électrisant et de l’autre parce que le groupe semblait vraiment heureux d’être là. Le chanteur Riley Gale a d’ailleurs mentionné que c’était leur premier concert en deux mois et un «Hell of a comeback». On a notamment eu droit à la pièce titre de leur deuxième album Nightmare Logic, de même que Firing Squad, Crucifixation et Crossbreaker.

Découvrir un groupe en concert n’est pas toujours concluant. Trop de facteurs entrent en ligne de compte, surtout dans un contexte de festival où les sources de distractions sont nombreuses. C’est du moins à cette conclusion qu’on en était venu au cours d’une discussion avec un festivalier. Mais dimanche, les prestations d’Ultra Vomit et de Gloryhammer nous ont fait mentir.

Gojira, par Mihaela Petrescu
Gojira, par Mihaela Petrescu

Dès son entrée théâtrale sur la scène de l’Apocalypse, Ultra Vomit a conquis la foule avec son métal parodique et les interventions humoristiques du chanteur et guitariste Nicolas «Fetus» Patra. À elles seules, les paroles des chansons en disent beaucoup sur l’humour du groupe français, qui change de style musical selon les circonstances. Du gros death métal pour la pièce Les bonnes manières; du hardcore punk pour la parodie de Tagada Jones intitulée Chien géant; du death métal technique pour la parodie en l’honneur de Gojira intitulée Calojira; un mélange de heavy métal et de J-pop pour le morceau Takoyaki qui caricature Babymetal et ainsi de suite pour les chansons E-Tron, Boulangerie pâtisserie, Like to Vomit, Une souris verte, Kammthaar (parodie de Rammstein), Quand j’étais petit (Motörhead).

Durant la prestation, Nicolas «Fetus» Patra a fait remarquer qu’il s’agissait du deuxième concert d’Ultra Vomit à Montréal, le précédent ayant eu lieu aux Foufounes Électriques il y a 10 ans. De toute évidence, la visite avait eu un énorme impact sur Ultra Vomit, qui a dédié une chanson au Super Sex de la rue Ste-Catherine. La chanson dit entre autres: «Si j’avais 10$, j’irais au Super Sex pour toucher des totons et des paires de fesses.»

Le groupe a aussi rendu hommage au parc Jean-Drapeau en demandant au public de crier en levant le poing chaque fois qu’il dirait «Jean Drapeau» et s’est aussi moqué des magnifiques toilettes chimiques du site en organisant un «wall of death» sur la pièce Pipi vs caca.

S’il y a une chose dont Voïvod peu être fier, c’est la qualité de ses performances. Le groupe de Jonquière a beau avoir 35 ans au compteur, son plaisir d’être sur scène est toujours palpable, un peu comme si chaque concert était le premier. Vers la fin de la prestation, le chanteur Denis Bélanger a fait remarquer que le guitariste Daniel «Chewy» Mongrain célébrait ses 10 ans avec le groupe et que son premier concert avec la formation avait eu lieu lors de la première édition d’Heavy Montréal en 2008. De la même façon, le premier spectacle du bassiste Dominique «Rocky» Laroche s’est déroulé dans le cadre de l’édition 2014 d’Heavy Montréal. Voïvod a clôt son spectacle avec le classique Voïvod dédié à Denis «Piggy» D’Amour, décédé il y a déjà 13 ans.

Même si on n’avait jamais entendu Gloryhammer, il a été facile d’entrer dans son univers musical qui est un espèce de croisement entre le power métal d’Edguy et de Dragonforce marié à la grandiloquence de Balsagoth. Tout comme Ultra Vomit et Alestorm, Gloryhammer ne se prend pas au sérieux, un détail qui a encore plus de sens une fois qu’on sait que la formation Écossaise-Suisse a été fondée par Christopher Bowes – alias Zargothrax, Dark Sorcerer of Auchtermuchty – le chanteur d’Alestorm qu’on retrouve ici derrière les claviers.

D’entrée de jeu, le chanteur Thomas Winkler – alias Angus McFife, Crown Prince of Dundee, Heir to the Kingdom of Fife – nous informe qu’ils sont des chevaliers venus de l’espace pour interpréter des chansons à propos de marteaux («about hammers» sonne beaucoup plus héroïque!) dont Legend of the Astral Hammer. La table était alors mise pour un spectacle épique, ponctué par un interlude durant lequel un spectateur originaire de Berlin s’est rendu jusqu’à un bar en surfant dans la foule, à la demande du chanteur, afin d’aller quérir une bière pour le bassiste James Cartwright – alias Hootsman, Barbarian Warrior of Unst. Au cours de son premier concert à Montréal, Gloryhammer a également joué Questlords of Inverness, Ride to the Galactic Fortress, Victorious Eagle Warfare, The Hollywood Hootsman, Universe on Fire et The Unicorn Invasion of Dundee.

photo Mihaela Petrescu
photo Mihaela Petrescu

Pour sa troisième visite à Heavy Montréal, Gojira était la tête d’affiche de la scène de l’Apocalypse. Un choix légitime si l’on en croit la foule compacte qui s’était déplacée pour entendre la machine bien huilée qu’est la formation française, fondée en 1996 sous le nom de Godzilla. Le chanteur-guitariste Mario Duplantier s’est rarement adressé à la foule pendant la prestation, laissant toute la place au death métal technique et progressif.

Durant le concert accompagné de projections vidéos et de jets de fumée et de flammes, on a eu un droit à l’habituel solo du batteur Joe Duplantier, véritable machine qui manie les baguettes avec puissance et dextérité. C’est d’ailleurs lui qui a prononcé les derniers mots du spectacle, un «tabernacle» et un «ostie de calice» bien sentis qui n’étaient pas prévus au programme si l’on se fie à la réaction étonnée de son frère Mario.